S’il est un argument qui est fréquemment invoqué dans le cadre des débats politiques, c’est celui de l’autonomie communale. Il faut dire que nous sommes attachés à la souveraineté de nos villes et villages, au fédéralisme qui permet au génie local de s’exprimer autant que faire se peut…
Et pourtant… pourtant son soutien est parfois à géométrie variable, comme en témoignent deux dossiers traités récemment à l’échelle parlementaire.
Le premier est relatif à une proposition à première vue anodine, celle de demander aux communes d’afficher les avis officiels et autres mises à l’enquête sur leurs sites internet, en plus de leur traditionnel placement sur les piliers publics. À l’heure du tout-numérique, cela semble aller un peu de soi, dans une optique de transparence et de transmission large et facile des informations. Cela est pourtant ardemment combattu par certains élus, qui estiment que c’est une intrusion dans le sacro-saint principe d’autonomie communale. Si une commune ne souhaite pas publier quelque chose sur internet, c’est son droit.
Soit, mais les choses perdent quelque peu de leur logique lorsque ces mêmes élus s’attaquent frontalement à la volonté de certaines communes de développer les zones 30 km/h sur leur territoire. Soudain, l’autonomie communale disparaît, et il urge de voir le Canton ou la Confédération remettre à l’ordre ces villes et villages «rebelles ». Cela a commencé au Parlement Fédéral, avec une motion d’un élu PLR visant à limiter l’extension des zones 30 dans les communes, avant de rebondir tout récemment au Grand Conseil.
Cette interprétation variable de ce que les communes sont en droit ou non de décider toutes seules pourrait faire sourire, si elle n’était pas lourde de conséquences.
Sécurité renforcée
Les zones 30 permettent en effet de renforcer la sécurité de l’ensemble des usagers de la route, avec un nombre d’accidents statistiquement moins nombreux et surtout moins graves. À 50 km/h, le risque de mortalité en cas de choc pour un piéton est de 60%, alors qu’à 30 km/h, il n’est que de 15%… Elles réduisent également sensiblement le bruit, avec des effets extrêmement profitables pour ceux qui habitent en bordure d’axes routiers à fort trafic. En baissant la vitesse de 50 km/h à 30 km/h, les émissions sonores peuvent être réduites de 2 à 4,5 décibels, ce qui correspond à une diminution de moitié du trafic, gage de tranquillité et de sommeil plus paisible pour les riverains.
Espérons donc que les communes puissent continuer encore longtemps à faire preuve d’autonomie en matière de limitations de vitesse sur leur territoire, et que celles qui le souhaitent aient la possibilité de renforcer les zones 30, dans l’intérêt de leurs habitants, comme du fédéralisme que nous chérissons tant.
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Une attaque contre l’autonomie communale
Pour l’élu, il est essentiel que les communes puissent garder leurs prérogatives en matière de limitation de vitesse sur leur territoire.
Alberto Mocchi – Syndic de Daillens et député