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Un simulateur pour appréhender les difficultés liées à l’âge à Draguignan

Un simulateur pour appréhender les difficultés liées à l’âge à Draguignan

J’ai 23 ans, une santé d’enfer… et j’ai décidé de me glisser dans la peau d’une personne âgée.

La résidence dracénoise Domitys propose, deux fois par an, des formations pour appréhender les difficultés physiques liées à l’âge. J’ai participé à un atelier, organisé le 30 novembre dernier, en compagnie de trois professionnelles du secteur.

Dans l’ascenseur, Lydia Rochet, notre formatrice, nous explique brièvement le déroulement de l’exercice: “Vous allez porter un simulateur de vieillissement et effectuer des gestes du quotidien.”

Je sens déjà ma colonne vertébrale se voûter, mon audition baisser, mes jambes me faire souffrir, mon champ de vision se rétrécir, mes cheveux blonds se couvrir de neige… Dites-moi que ce n’est pas irréversible!

Comment va-t-on procéder? Lydia se contente de sourire avec ce qui semble être une pointe de sadisme. Elle nous guide vers l’appartement 237 sans mot dire.

Le tour du propriétaire est rapide. Une chambre, une grande salle de bains, un balcon et une cuisine ouverte sur le salon.

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Lunettes, minerve, casque, mitaines…

Le logement est meublé. Il y a même une valise. Lydia fouille à l’intérieur et en sort un équipement de guerre. “C’est cela, le simulateur! Qui veut commencer?” Je laisse cet honneur à Nathalie et Isabelle. Les auxiliaires de vie pour l’Entraide sociale du Var et pour l’Adom (entreprise prestataire de santé à domicile, Ndlr), s’équipent, l’une après l’autre: lunettes qui imitent le jaunissement du cristallin et la réduction du champ visuel, casque antibruit, bracelets aux poignets, aux chevilles, ainsi qu’un gilet permettant de simuler la rigidité. Mais aussi une minerve, pour réduire la mobilité, et des mitaines de cuir, qui contraignent la dextérité.

Elles s’assoient sur le canapé bleu canard et augmentent petit à petit le volume sonore de la télévision. Nathalie hausse le ton: “Ça y est, j’entends le film! C’est à combien?” À trente. Onze de moins pour Isabelle. Elles continuent l’exercice en mimant difficilement la préparation du thé, la nuit de sommeil, le tour au petit coin…

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Je m’écrase sur le sol gelé

Puis, mon tour arrive. Lydia Rochet m’aide à enfiler les vingt kilos d’équipement et m’abandonne lâchement, tandis que je passe un manteau qui en rajoute au moins cinq. Elle m’interpelle, goguenarde: “Bon courage!”

Direction le canapé. Froutch. Je m’affale dans la mousse, incapable de maîtriser ma silhouette alourdie. Mes camarades éclatent de rire.

Alors que je cherche à capter le bruit de la télévision, elles ricanent en constatant que je n’entends rien jusqu’à ce que le volume atteigne trente et un.

Alexandra pousse le vice jusqu’à agiter un torchon blanc sous mon nez, avant de le laisser choir dans un sourire moqueur: “Allez, ramasse-le!” Je joue le jeu et m’accroupis, non sans difficulté. Au moment de me relever, mes fesses s’écrasent sur le carrelage gelé. Je me remets enfin debout après deux ou trois tentatives.

Épuisée après dix minutes

Un peu de repos s’impose. Mon cœur bat la chamade une fois allongée sur le matelas. Je laisse mon pied percuter lourdement le sommier. Bang. Oups…

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Je me redresse, péniblement, et trotte vers la salle de bains. Direction la douche! J’attrape le pommeau avec mes deux mains et lève les bras. Impossible de tenir la position. Ça fait mal! Je relâche l’effort après cinq secondes. Mais fais tout de même mine de me savonner. Une voix ironise dans mes oreilles: “Tu veux que j’ouvre l’eau?” Hors de question!

Je ressors illico et file dans les escaliers. “Les personnes âgées ne prennent pas uniquement l’ascenseur”remarque Lydia Rochet. Je descends quelques marches, manque d’en louper une et fais machine arrière, cramponnée à la main courante.

Dix minutes seulement se sont écoulées, mais je suis totalement épuisée. Pas de doute: je ne verrai plus jamais mes grands-parents de la même manière.

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