MONTRÉAL – Les médecins doivent souvent travailler dur pour convaincre leurs patients de recommencer à bouger après un accident vasculaire cérébral, ce qui est crucial pour leur rétablissement. La tâche était peut-être un peu plus facile dans les anciens locaux de l’hôpital Notre-Dame, où les patients cohabitaient à trois ou quatre par chambre et n’avaient pas accès à une salle de bain individuelle. “C’était probablement une stimulation pour les gens de vouloir sortir de leur chambre, d’aller ailleurs, d’aller à la cafétéria”, a déclaré le Dr Olivier Jacquin, un neurologue spécialiste des AVC au CHUM. Mais lorsque le service de neurologie a emménagé dans ses nouveaux locaux du CHUM il y a quelques années, un changement de comportement flagrant observé par tous s’est produit: “Les patients ne sortent plus de leur chambre, a-t-il déclaré. Ils sont beaucoup plus à l’aise que dans nos anciens locaux. Au CHUM, ce sont de grandes chambres individuelles vitrées avec vue sur le centre-ville”. Les spécialistes n’avaient pas calculé l’impact que cela pourrait avoir sur la durée des hospitalisations et sur la réadaptation des patients, a-t-il admis.
C’est notamment pour remédier à cette situation inattendue qu’a vu le jour le Parcours locomotive, une série de points verts fixés au sol pour guider les patients vers des affiches – parfois humoristiques – qui permettent de mieux connaître l’AVC et ses défis, proposent des exercices adaptés aux capacités des patients et mettent en avant des astuces pour mieux vivre avec l’AVC et le prévenir.
La responsable du projet, la Dre Céline Odier, originaire de Suisse, s’est inspirée des parcours en nature qu’elle propose à ses patients pour développer le Parcours locomotive avec la physiothérapeute Marie-Andrée Desjardins, la chercheuse Line Beaudet, l’infirmière clinicienne Judlène Joltéus et quelques patients partenaires.
Le Parcours locomotive, composé de quatre sections traitant de la prévention, de l’AVC et de son traitement, de la réadaptation et des répercussions possibles de la maladie, permet aux patients de sortir de leur chambre, de bouger et d’interagir avec d’autres personnes, ce qui est crucial pour leur réadaptation.
Certains exercices proposés aux patients sont illustrés de caricatures dessinées par l’animateur bien connu Jean-Pierre Coallier. D’autres affiches traitent de la sexualité après l’AVC, ou encore des troubles de l’humeur ou cognitifs qui peuvent accompagner la maladie. Le parcours est donc intéressant non seulement pour les patients, mais aussi pour les familles qui se retrouvent parfois face à cette tragédie.
Le Parcours locomotive a été suspendu temporairement en raison de la pandémie de COVID-19, mais il a été relancé plus activement depuis quelques mois et est en train d’atteindre sa vitesse de croisière. Le projet suscite même la curiosité d’autres services du CHUM ainsi que des établissements de santé.
L’objectif est de donner aux patients la motivation de devenir actifs dans leur cheminement et de ne pas rester passifs en attendant des thérapies. “Ils doivent eux-mêmes aller chercher ce qui leur convient, ce qui les nourrit pour les faire cheminer plus loin dans leur réadaptation après l’AVC”, a déclaré la Dre Odier.
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