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Trois pionniers montréalais remportent des honneurs bien mérités

Trois pionniers montréalais remportent des honneurs bien mérités

2023-08-30 19:21:05

Plus tôt cette semaine, lors d’une belle cérémonie aux Archives nationales de Montréal, Postes Canada a émis trois nouveaux timbres honorant trois féministes québécoises qui ont passé leur vie à lutter pour l’égalité des sexes, la justice sociale et les droits des travailleurs. En tant que fan des trois, j’ai été ravi d’être en présence des membres de leur famille et de leurs amis, parmi les premiers à voir les nouveaux timbres et à écouter les discours émouvants honorant leur héritage.

Léa Roback, Madeleine Parent et Simonne Monet-Chartrand, nées à Montréal, sont nées à une époque où non seulement les femmes se voyaient refuser le droit de vote, mais où l’on ne s’attendait pas à ce qu’elles aspirent à autre chose que d’être épouses et mères. Tous trois ont défié un establishment qui s’est battu avec acharnement pour maintenir le statu quo. Leur militantisme, qui s’est poursuivi jusqu’à un âge avancé et mérite à juste titre une reconnaissance nationale, est resté progressiste et inclusif.

Madeleine Parent

Entouré par l’histoire du travail féministe

Le quartier Sud-Ouest de Montréal, où je vis, a de fortes racines ouvrières. Même si le canal de Lachine est désormais parsemé de condos coûteux (parfois inabordables), il reste un quartier façonné par l’industrialisation et le travail de ceux qui avaient peu. Parfois, j’ai l’impression de ressentir encore la présence des milliers de personnes qui travaillaient dans les usines et les usines textiles d’ici.

Et pendant que les femmes de la classe ouvrière travaillaient dans les usines en tant que main-d’œuvre bon marché, docile et remplaçable, ces trois formidables combattantes élevaient la voix pour ceux qui avaient peur de parler. Ils ont fait campagne, piqueté et fait grève pour de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Les panneaux indiquant qu’ils parcouraient autrefois ces rues sont encore visibles dans mon quartier.

À quelques pâtés de maisons de chez moi, à Saint-Henri, se trouve l’édifice RCA Victor. En 1941, Léa Roback organise ses 4 000 syndiqués et les aide à obtenir leur première convention collective. Il y a une rue qui porte le nom de Léa au bord du canal Lachine et un parc voisin dans le même quartier porte le nom de Madeleine Parent. Puisqu’il est encore si rare de voir des espaces publics (rues, stations de métro, statues ou édifices) honorer des femmes et leurs réalisations, il est gratifiant de voir leurs noms dans mon arrondissement.

Leur activisme infatigable mérite notre approbation

Même si leurs noms ne sont pas inconnus des Québécois, je ne sais pas combien de personnes savent à quel point ils étaient déterminés et provocateurs, comment ils se sont attaqués à la fois à l’élite politique, au clergé et aux normes sociétales et à quel point ils étaient incroyablement en avance sur leur temps. étaient.

Pour bien apprécier leur militantisme et celui d’autres féministes comme Éva Circé-Côté, Thérèse Casgrain, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean et Marie-Claire Kirkland, il faut comprendre les conditions dans lesquelles elles se sont battues. Le Québec était alors très religieux. Le clergé et les politiciens pensaient que les femmes avaient leur place à la maison, qu’elles avaient des enfants et qu’elles ne s’impliquaient pas en politique.

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Alors que le Manitoba est devenu la première province à accorder le droit de vote aux femmes en 1916, suivi progressivement par toutes les autres provinces du Canada, il faudra plus de deux décennies pour que le Québec emboîte le pas. Résolument conservatrice, elle fut la dernière province à accorder le droit de vote aux femmes en 1940, soit 24 années entières plus tard. Il faudra encore 21 ans (1961) avant que Kirkland-Casgrain devienne la première femme à devenir députée à l’Assemblée nationale.

Lorsqu’elle est arrivée à Québec pour prendre son poste, il n’y avait pas de toilettes pour femmes à l’Assemblée nationale. Elle ne pouvait même pas signer son propre bail pour un appartement ; son mari a dû signer pour elle. Il s’écoulera encore 15 ans avant que plus d’une femme ne soit élue à l’Assemblée nationale, et encore 36 ans avant que le Québec ait sa première (et jusqu’à présent, la seule) femme premier ministre. Et juste une petite leçon d’intersectionnalité, les femmes des Premières Nations n’ont obtenu le droit de vote qu’en… 1960. Le progrès est une bête lente et tout le monde n’en profite pas de la même manière.

Dévoué et déterminé

Madeleine Parent avait à peine 24 ans lorsque, après avoir rencontré Léa Roback, elle s’implique profondément dans l’industrie textile en tant que syndicaliste, dans les quartiers Saint-Henri et Hochelaga de la ville. Elle a joué un rôle déterminant dans la grève de l’entreprise Montreal Cottons en 1946, qui a duré 100 jours, et elle a dirigé le mouvement syndical dans les usines Dominion Textile de Valleyfield et de Montréal.

Le premier ministre Maurice Duplessis a non seulement répondu par la violence contre les piqueteurs, déclarant les grèves illégales et envoyant la police lancer des gaz lacrymogènes sur les foules composées de femmes et d’enfants, mais il a également diabolisé Parent. Il la fit arrêter cinq fois et même l’accuser de sédition. Elle est restée intrépide et ces grèves ont contribué à forcer les propriétaires réticents à offrir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail dans certaines des toutes premières conventions collectives du Québec.

Quelques années plus tôt, en 1937, à titre d’organisatrice syndicale pour le Syndicat international des travailleurs du vêtement féminin, Léa Roback a convaincu les femmes de quitter leur travail et a mené une grève de trois semaines de 5 000 travailleuses à Montréal, améliorant considérablement leurs conditions de travail. Roback a également fait campagne aux côtés de Thérèse Casgrain pour le vote et s’est battu pour l’accès à la contraception, au logement social et à l’éducation gratuite.

Simonne Monet-Chartrand

Simmone Monet-Chartrand a commencé à lutter pour le droit de vote des femmes au Québec dans les années 1930 et fera également sa marque en tant que militante syndicale, écrivaine féministe et pacifiste qui a cofondé la Fédération des femmes du Québec. Monet-Chartrand était profondément religieux, mais sa foi n’a jamais interféré avec son féminisme.

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Une politique progressiste jusqu’au bout

Leur militantisme n’a pas faibli à mesure qu’ils vieillissaient. Il existe de nombreuses images d’eux sur la ligne de piquetage, coiffés de cheveux argentés, pancartes de protestation à la main, alors qu’ils sont âgés, luttant pour des causes profondément progressistes. Le timbre de Postes Canada de Roback capture son cri, plus féroce que jamais au cours de ses années d’or.

Roback continue de manifester pour la paix et les causes environnementales, se bat aux côtés des groupes de femmes pour l’accès à l’avortement et défend les droits des femmes immigrantes et autochtones. Elle a également fait campagne contre la guerre du Vietnam et contre l’apartheid en Afrique du Sud jusqu’à un âge avancé.

Parent a également défendu les droits des femmes immigrantes et autochtones, en luttant contre la Loi sur les Indiens et pour l’égalité salariale. Antiraciste et anticapitaliste, Monet-Chartrand a continué à être une voix forte pour tous les efforts anti-guerre et, en tant que cofondatrice du Mouvement pour le désarmement nucléaire, elle a lutté pour la non-violence.

Ces trois femmes seraient probablement qualifiées aujourd’hui de « trop réveillées » par ceux qui considèrent les efforts en faveur de la justice sociale et de l’égalité comme trop radicaux. Leur militantisme perdure à travers les différentes fondations et centres qui portent leur nom et viennent en aide aux femmes dans le besoin.

Le meilleur de Montréal

Ces trois femmes sont le produit non seulement de leurs points de vue progressistes et de leur éducation libérale, mais, j’en suis convaincu, de la capacité de Montréal à permettre à ses résidents d’horizons différents de s’inspirer les uns des autres. Ces trois-là ne se sont pas limités à lutter pour leurs propres communautés ou groupes linguistiques immédiats, mais se sont battus pour tout le monde, « apprenant », comme le dit Roback, « ​​à être humains ».

Parent était un Québécois francophone qui a pris la décision, à l’époque non conventionnelle, de fréquenter l’Université McGill. C’est là qu’elle est devenue militante pour la première fois. Monet-Chartrand était un Québécois francophone qui a fréquenté l’Université de Montréal, mais a ensuite fréquenté l’Université Concordia, cofondant son Institut Simone de Beauvoir. Roback était un Montréalais juif d’origine polonaise parlant anglais, yiddish et allemand qui a grandi à Beauport et parlait français. La capacité qu’avaient les trois femmes de transcender leurs propres communautés et de lutter pour les droits des tous les travailleurs en ont fait de telles puissances.

La maîtrise du français, de l’anglais et du yiddish de Roback a contribué à faire d’elle l’une des organisatrices syndicales les plus efficaces de l’époque. Sa capacité à parler aux ouvriers d’usine juifs, français et anglais dans leurs propres langues lui a permis de combler et de surmonter les divisions linguistiques et ethniques entre eux et de gagner leur confiance. Elle a donc réussi à convaincre les travailleurs qui ne se mêlaient pas (et je suis sûr que leurs patrons aimaient cela) de comprendre que leurs intérêts étaient les mêmes, pour finalement les syndiquer contre les intérêts capitalistes d’employeurs qui s’en fichaient. quelle langue parlaient leurs travailleurs, à condition qu’ils puissent tous les exploiter de manière égale.

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« Les sœurs le font pour elles-mêmes » – et pour tout le monde aussi

Les trois femmes sont nées dans un milieu assez privilégié et ont bénéficié d’études supérieures auxquelles beaucoup n’avaient pas accès à l’époque. Ils ont utilisé ce privilège pour se battre pour ceux qui n’avaient pas autant de chance, élevant ainsi leur statut et leur qualité de vie. Ils croyaient ardemment que le progrès social était le fruit d’efforts collectifs et, en fin de compte, ont défendu les plus vulnérables.

En luttant pour les plus démunis, ils ont laissé une marque indélébile sur les mouvements ouvriers québécois et canadien. Leur collaboration, leur solidarité et leurs valeurs inclusives ont créé une meilleure ville, un meilleur Québec et un meilleur Canada. Ils représentent honnêtement le meilleur de Montréal, s’unissant pour lutter pour un monde plus juste. Puissions-nous tous continuer à être inspirés par les convictions de ces pionnières féministes et par la vie pleine de compassion et de principes qu’elles ont menée.

Si vous voulez en savoir plus…

Léa Roback

Léa d’Ariela Freedman est un merveilleux livre, publié chez l’éditeur québécois Linda Leith Publishing, que je recommande vivement. Il raconte l’histoire de l’éducation de Roback à Beauport et de sa lutte contre l’injustice sous la forme d’un roman romancé facile à lire.

Mélanie Leavitt (qui est également apparentée à Roback) donne d’incroyables visites à pied (bilingues) dans le Mile End : « Les pionnières du piquet de grève : Léa Roback, Madeleine Parent et l’histoire des femmes dans le mouvement syndical ». Bien que Leavitt ait tendance à passer inaperçue, ses promenades (et conférences) sont extrêmement informatives et engageantes. Si vous souhaitez savoir quand aura lieu la prochaine marche, vous pouvez la joindre à Mémoire du Mile End/Mile End Memories ([email protected]).

Un autre excellent livre pour ceux qui souhaitent lire sur les femmes de l’industrie textile cotonnière du Québec, leurs conditions de travail épouvantables et le mouvement syndical, est À travers le moulin par Gail Cuthbert Brandt, une historienne ontarienne passionnée par le Canada français et une québécoisophile sans vergogne. Le livre est publié par la société québécoise Baraka Books. Bien documentée et documentée par des entretiens oraux, l’auteur explore la dynamique complexe du genre, de l’origine ethnique et de la classe sociale et constitue une lecture merveilleuse pour quiconque s’intéresse à l’histoire féministe du travail. ■


Lisez d’autres chroniques éditoriales hebdomadaires de Toula Drimonis.

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