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« Transitions » explore le processus d’acceptation par une mère du sexe de son enfant

En ouverture du récit visuel d’Élodie Durand, Transitions : le parcours d’une mère, une mère d’une quarantaine d’années est assise avec son jeune de 19 ans dans le cabinet d’un thérapeute. Le thérapeute explique comment les Français sont généralement classés dans des catégories trop simplistes, garçon ou fille, dès la naissance. “Mais en réalité, poursuit-elle, les possibilités sont multiples”.

La mère réservée qui ne s’engage qu’à contrecœur dans cette conversation aux côtés de son adolescente plutôt silencieuse est Anne Marbot, une biologiste universitaire française qui, jusqu’à présent, comme elle l’admettra plus tard, se considérait généralement comme ouverte d’esprit. L’adolescente d’Anne, qui a été désignée comme une fille à la naissance et qui a vécu sa vie jusqu’à récemment sous le nom de « Lucie », s’est révélée à elle comme un garçon quelques mois plus tôt. Cette séance, avec le thérapeute de son enfant, a pour but d’aider Anne à devenir une meilleure alliée de son fils car, jusqu’à présent, la mère n’a pas bien accueilli l’annonce. Au lieu de cela, en refusant de l’accepter, elle a creusé un profond fossé entre eux.

“Je n’avais pas de modèle”, admettra-t-elle plus tard. “Je n’étais pas préparé.”

Initialement publié en français en 2021 sous le titre Journal d’Anne Marbot, Transitions est un ajout bienvenu au nombre croissant de romans graphiques et de bandes dessinées explorant les identités transgenres et Genderqueer. Ceux-ci incluent peut-être le plus célèbre des mémoires graphiques de Maia Kobabe Genre queer – qui a fait face à des défis dans tout le pays – aux côtés d’œuvres comme celle de L. Nichols Troupeaux et le roman fictif de Sabrina Symington Première année. Une caractéristique distinctive de Transitions par rapport à ces autres œuvres est que l’histoire est centrée sur ce que la mère d’Alex appelle son propre type de transition, allant des nuances de déni et de rejet au soutien et à l’acceptation sans réserve de son enfant. Comme le dit le thérapeute à Marbot, qui est en proie à l’anxiété, au chagrin et à une foule d’autres émotions pendant les mois qui ont suivi l’annonce d’Alex : « Vous craignez qu’Alex soit marginalisé, mais la première marginalisation est le rejet de la famille. “.

Transitions est façonné par l’histoire réelle d’Anne et d’Alex (tous les noms ont été romancés), racontée à l’artiste et illustrateur français Durand. En plus d’illustrer de nombreux livres pour enfants, Durand a également récemment publié un mémoire graphique, Parenthèse, dans lequel elle dessine et écrit sur ses propres expériences liées à une tumeur au cerveau et ses divers effets sur sa vie quotidienne et sa perception de soi. Ici dans Transitions, une sorte de biographie, elle anime les échanges entre les différents membres de la famille, des personnes avec lesquelles elle a passé trois ans à apprendre et à écouter, à travers ses mises en page et illustrations réfléchies et kaléidoscopiques. De grandes parties de la narration, reconnaissables à leur texte dactylographié, proviennent directement du propre journal de Marbot, qu’elle a commencé à tenir près d’un an après que son fils lui a dit qu’il était un homme. Mélangeant des bandes dessinées contenant beaucoup de texte avec des pages de dessins évocateurs et sans paroles, la plupart des Transitions est dessiné en noir, blanc et en niveaux de gris, tandis que des touches de couleurs vives – y compris un rose vif éclatant – se faufilent, retraçant les nombreux hauts et bas émotionnels de la mère protagoniste.

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La fin du livre comprend six pages de texte illustré tiré textuellement d’un e-mail finalement envoyé par Alex à sa mère près de trois ans après ce rendez-vous avec le thérapeute. De cette façon, les lecteurs peuvent entendre le point de vue direct d’Alex après avoir vécu la majeure partie de l’histoire principalement à travers les yeux de sa mère. Alex est sans ménagement, quoique profondément aimant et compatissant, dans son évaluation du parcours de sa mère. Il raconte comment il a dû faire face aux doutes et aux préjugés de sa famille en plus des siens et de ceux du reste du monde, des fardeaux supplémentaires au moment où il en avait le plus besoin. “Au-delà de l’immense liberté qu’il y a à être soi”, écrit-il enfin à propos de sa transition, “j’ai appris à m’écouter. J’ai appris ce que je voulais.”

Une page de Transitions : le parcours d’une mère.

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Une page de Transitions : le parcours d’une mère.

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Transitions est une lecture émouvante et exigeante, notamment parce qu’elle retrace franchement une disjonction entre un parent par ailleurs aimant et sa réponse à une situation inattendue dans laquelle ses propres intolérances entravent sa relation avec son enfant. Ce n’est que lorsqu’Alex tend la main à ses parents en pleine nuit, sous le choc de la tentative de suicide d’un ami, que Marbot est enfin suffisamment secouée pour reconnaître les dégâts qu’elle a infligés à son fils. En tant que biologiste, il s’avère qu’elle est en fait prête à voir les erreurs et les limites d’un système dans lequel le genre est divisé en catégories trop simplistes. Lorsqu’elle commence enfin à dépasser ses propres a priori, cette formation scientifique devient un atout. “Notre conception scientifique classique de l’homme et de la femme n’est pas du tout pertinente”, reconnaît-elle, et dans des pages de diagrammes créatifs et d’autres formes de cartographie visuelle, une version différente et plus complexe du monde est présentée à elle et aux lecteurs. . Elle ramène même son changement de vision sur le lieu de travail, suggérant un cours de philosophie des sciences pour son établissement.

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“J’ai l’impression d’avoir acquis une nouvelle identité qui me plaît”, déclare Marbot à la fin du livre, après avoir choisi un engagement profond et renouvelé envers son fils, marqué à la fois par son éducation et par l’affirmation de son enfant par des actions concrètes et comportements.

C’est une fin satisfaisante pour une histoire qui, dans la vraie vie, se termine souvent par un chagrin. De nombreux parents et autres membres de la famille hésitent encore à soutenir les enfants et adolescents transgenres, même si ce soutien est crucial pour leur bien-être. Le livre de Durand est un rappel bienvenu que prendre les enfants et les jeunes au sérieux est la plus grande responsabilité de tout parent ou tuteur.

Tahneer Oksman est un écrivain, enseignant et chercheur spécialisé dans les mémoires ainsi que dans les romans graphiques et les bandes dessinées. Elle vit à Brooklyn, New York.

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