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tout ce que vous ne savez pas sur le film de John Landis – Corriere.it

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2023-06-08 09:45:26

De Philippe Mazzarella

Dan Aykroyd et Eddie Murphy jouent dans le classique “Christmas”

Nous savons, c’est encore difficile à croire. Mais “Un fauteuil pour deux/Trading Places” de John Landis, le film qui plus que tout autre en Italie est devenu un classique de “Noël” (grâce à la programmation d’Italia 1 qui, depuis 1997, en a fait une présence régulière dans tous les Christmas Eve, sauf en 2005), a fait ses débuts dans les salles américaines à la toute fin du printemps 1983, le 8 juin. Et même sa distribution (tardive) ici a eu lieu à la mi-janvier 1984, après la fin des vacances depuis longtemps. Jouer en faveur de cette particularité télévisuelle est sans aucun doute le cadre de l’histoire, narrativement compressée entre Noël et le Nouvel An, mais dans une Philadelphie cyniquement presque dépourvue de toute fioriture liée à l’Avent.

Ici, deux vies se croisent inextricablement : la richissime de l’agent de change Louis Winthorpe III (Dan Aykroyd), fiancée à la belle et vide de sens Penelope (Kristin Holby) et « soignée » par le très humain majordome Coleman (Denholm Elliott), et celle faite d’épreuves et de mesquineries les escroqueries du sans-abri Billy Ray Valentine (Eddie Murphy) qui prépare le déjeuner et le dîner en mendiant et en se faisant passer pour un vétéran de la guerre du Vietnam. Lorsque la veille de Noël, les deux entrent en contact par hasard en raison d’une agression présumée de Billy Ray sur Louis, même les employeurs très avares du second, les frères Mortimer (Don Ameche) et Randolph Duke (Ralph Bellamy), sont témoins de la scène : et ils lancer une discussion « philosophique » qui les amène à faire un choix bizarre.

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Puisque le premier soutient que la prédisposition au succès ou au crime est génétique alors que le second affirme que c’est le milieu social qui détermine une disposition positive ou négative, les deux décident en fait – contre la mise d’un seul dollar symbolique et avec la complicité du fonctionnaire corrompu Clarence Beeks ( Paul Gleason) et le réticent Coleman – à faire basculer temporairement la vie de Louis et Valentine. Billy Ray, projeté dans la haute société, découvre ainsi qu’il est à moitié un génie de la finance, tandis qu’un Louis discrédité tombe dans l’abjection et un désir de vengeance contre l’usurpateur. Au cours de sa descente aux enfers, après avoir été abandonné par des amis et sa petite amie, Winthorpe trouve l’aide inattendue de la prostituée Ophelia (Jamie Lee Curtis), initialement engagée pour l’encadrer.

Mais après ses actes répréhensibles aura fait gagner le pari à Randolph, Louis s’associera in extremis avec Billy Ray pour retourner la blague contre leurs cupides “marionnettistes”. Ouvert par l’ouverture des “Mariages de Figaro” de Mozart, “Un fauteuil pour deux” représente pour John Landis une “prise” inattendue sur les formes du cinéma hollywoodien classique que ses précédents (les films qualifiant superficiellement de “déments” “Animal House” , 1978, et “The Blues Brothers”, 1980 ; et surtout le chef d’oeuvre de la comédie/horreur “An American Werewolf in London”, 1981) ne laissait pas prévoir. Mais si le scénario de Timothy Harris et Herschel Weingrod vole l’inspiration du sujet sans le déclarer à « The Stranger / The Million Pound Note » (1952) de Ronald Neame (d’après le court roman de Mark Twain « The Million Pound Note » ) se penche clairement sur la structure hollywoodienne des « hautes comédies » sociales à la Preston Sturges, Frank Capra et Charles Walters, tous les aperçus « bas » et – inévitablement – « subversifs » sont très personnellement de Landis, un cinéaste dont le dérisoire et l’inspiration politique reste encore un sujet de conversation pour quelques-uns.

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En effet, avec “Un fauteuil pour deux” il monte sur scène entre les lignes un réquisitoire irrévérencieux contre la manifestation la plus intime et la plus mesquine du capitalisme et son caractère éphémère et tragi-comique : sous une forme apparemment normative mais profondément anarchique, comme dans tous les films les plus réussis de Landis, qui joue avec la construction des stéréotypes (et de l’imaginaire) pour les désosser progressivement dans une émeute de politiquement incorrect presque impensable aujourd’hui. Recourant toujours à une mécanique « burlesque » figée qui semble presque vouloir remettre en cause le fonctionnement même de la comédie et, le cas échéant, à l’autocitation (toute la fameuse parenthèse hilarante avec le faux gorille descend en quelque sorte automatiquement de son 1973 inavoué début, “Slok/Schlock”) et (presque toujours quand la scène est dominée par l’extraordinaire et plantureuse -voir, ahem, croire- Jamie Lee Curtis) à un abaissement de degré (même de l’image elle-même) dans les territoires de le “sleazy” quand même pas l’exploitation la plus typique de la décennie précédente.

En termes de forme, Landis, merveilleusement servie par l’alchimie “impossible” entre le vieil associé Aykroyd et celui alors naissant – et déjà “au-delà” – Murphy (alors que tout avait été initialement pensé pour le couple Gene Wilder/Richard Pryor avant que l’état de santé de ce dernier ne mette en péril la project), oscille perpétuellement et délibérément dans des limbes presque intemporels et stylistiquement vacillants qui renforcent sa dimension fabula (avec plus d’une référence également aux œuvres de Carl Barks : les Dukes sont Scrooges/Scrooges soulignés de touches typiquement caricaturales) liant le cinéma américain de l’âge d’or (avec deux gigantesques garants que sont Ameche et Bellamy, âgés, farouches et très amusés : que Landis reviendra affectueusement cinq ans plus tard dans le même rôle – mais en mendiants – avec une apparition dans “Le prince cherche femme/ Coming to America ») et celui contemporain et post-New Hollywood qui marquera la décennie des années 80.

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Du côté du contenu, cependant, il augmente la dose de cynisme déjà exhibée auparavant dans son cinéma et la met au service d’une posture idéologique très claire déjà à partir du titre original (qui au départ était, non moins explicitement, “Black and White”). Si “trading places” signifie en fait “lieux d’échange”, au sens superficiellement “économique” du terme, même chaque rouage, chaque suite du récit reflète politiquement et avec amertume la vision d’un monde dans lequel chaque action est la fille d’un échange stratégique ou d’un contrat. Dessinant de manière caustique une Amérique déjà imprégnée de reaganisme (et ce n’est pas un hasard si le décor est Philadelphie, Pennsylvanie, la ville où la Déclaration d’indépendance de 1776 et la Constitution, en 1788, ont été conçues) où toutes les options alternatives à la négociation ou au compromis était interdit ou simplement pas envisagé. Une vision si paradoxalement non seulement “anti-Noël” mais aussi “anti-système” que la faveur avec laquelle elle a été accueillie pendant près de trente ans comme un événement pour célébrer les fêtes dans la (présumée) joie reste encore presque un mystère. Mais qu’il en soit ainsi.

8 juin 2023 (changement 8 juin 2023 | 08:44)



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