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Tolkien : L’homme derrière la Terre du Milieu

Tolkien : L’homme derrière la Terre du Milieu

Aujourd’hui, tout le monde connaît l’œuvre de J.R.R. Tolkien. Peter Jackson a popularisé sa trilogie “Le Seigneur des Anneaux” au cinéma, puis il a adapté son premier roman “Le Hobbit”, paru en 1937. La plateforme Prime Video tente de prolonger la magie avec sa série “Les Anneaux de Pouvoir”, dont la deuxième saison est annoncée en 2024. Tolkien et la Terre du Milieu sont plus que jamais d’actualité.

Lorsque John Ronald Reuel Tolkien s’éteint le 2 septembre 1973 à l’âge de 81 ans, cinquante millions de lecteurs, principalement anglophones, ont déjà lu “Le Hobbit” et “Le Seigneur des Anneaux”. Le monde francophone ne les découvre que récemment : le premier tome de “Le Seigneur des Anneaux” est paru quelques mois plus tôt aux éditions Christian Bourgois. L’œuvre de Tolkien est essentiellement anglaise et tout y est anglais, selon le critique littéraire du quotidien français Le Monde en 1973. Même chez les anglophones, ce “seigneur des légendes” reste méconnu. Son grand œuvre, “Le Silmarillion”, est encore inédit.

Tolkien a commencé à rédiger ce vaste ensemble de contes et légendes d’un monde imaginaire, la Terre du Milieu, en 1916. Il y invente des peuples, des langues, des cultures et une histoire s’étendant sur plusieurs millénaires.

Au début des années 1930, il imagine une histoire pour ses enfants, “Le Hobbit”. En la mettant par écrit, il l’enrichit d’éléments tirés du “Silmarillion”. Publié en 1937, “Le Hobbit” remporte un grand succès. Tolkien espère pouvoir publier le “Silmarillion”, mais son éditeur souhaite encore des histoires de hobbits.

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Tolkien se met alors à travailler sur cette suite non désirée. La Seconde Guerre mondiale survient. Il a soixante ans lorsque le premier tome de “Le Seigneur des Anneaux” est publié en 1952, une œuvre plus épique et plus sombre que “Le Hobbit”. Il recycle des éléments du “Silmarillion”, refusé par son éditeur, sous forme d’annexes, offrant ainsi un aperçu de la saga vertigineuse de la Terre du Milieu. Cette innovation devient un élément fondamental de la fantasy héroïque.

Le succès de la trilogie lui redonne espoir pour le “Silmarillion”. Cependant, le septuagénaire se perd dans les méandres de son vaste monde. Le “Silmarillion” est publié à titre posthume en 1977, achevé par son fils Christopher.

Tolkien est passionné par les langues dès son plus jeune âge. Né en Afrique du Sud en 1892, il est exposé à l’afrikaner dès l’âge de trois ans, puis il découvre que son nom de famille est d’origine allemande à cinq ans. À sept ans, il lit des noms gallois sur les wagons du chemin de fer. Son amour pour les langues le pousse à se tourner vers la philologie germanique. En 1913, alors qu’il étudie à Oxford, il découvre un vers dans une anthologie de poèmes anglo-saxons qui éveille en lui une curieuse excitation. Il se lance alors dans la rédaction d’un poème dépeignant le périple d’Eärendel. Cela donne naissance à d’autres noms et lieux, tels que Valinor, le Mont Solitaire, les Deux Arbres, Eldamar (la Patrie des Elfes)… La Terre du Milieu devient le théâtre de son imagination.

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Tolkien est également sensible au médiévalisme, un romantisme médiéval hérité de William Morris. Ayant grandi au milieu des légendes arthuriennes, il regrette la perte de la mythologie préchrétienne en Angleterre, ce qui appauvrit à ses yeux la culture anglaise. Il décide alors de construire un ensemble de légendes liées entre elles, allant des vastes cosmologies aux contes de fées romantiques, qu’il pourrait dédier à son pays. La vie paisible des hobbits reflète celle de l’Angleterre rurale où Tolkien a grandi. L’héroïsme d’Aragorn est celui des chevaliers de la Table Ronde. L’architecture des cités de Gondor est inspirée de l’époque des cathédrales. L’artisanat raffiné des Elfes est influencé par le mouvement Arts&Crafts, empreint de nostalgie médiévale.

Tolkien était à la fois un universitaire polyglotte et un auteur culte. Selon son biographe Humphrey Carpenter, “il n’y avait pas deux Tolkien, un universitaire et un écrivain. Les deux aspects se confondaient”. Il était un “mandarin excentrique d’Oxford”, comme le décrit George Steiner dans son hommage posthume. Aux yeux de Tolkien, son univers n’était pas un mensonge, mais plutôt une manière de noter ce qui était déjà là, d’inventer quelque chose qui existait déjà dans son esprit. Il était profondément religieux, et sa mythologie, loin de contredire le christianisme, le complétait. Sa foi catholique a grandement influencé son œuvre. Selon lui, le mythe et le conte de fées doivent contenir des éléments de vérité morale et religieuse, bien que cela ne soit pas explicitement dit. Il voulait créer un contre-mythe ésotérique et mystérieux. La Chute, la Mortalité et la Machine sont des thèmes récurrents dans son œuvre, symbolisés notamment par l’Anneau.

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Ainsi, l’œuvre de Tolkien est bien plus que de simples histoires fantaisistes. Elle est profondément ancrée dans la langue, la culture, la religion et les convictions de son créateur.
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