Titre : “La Poste distribue vos colis… et vous vend des assurances maladie : une polémique éclate”

Ça vous est peut-être déjà arrivé. Vous souhaitez envoyer une lettre ou déposer un colis dans une succursale de La Poste et, là, l’employé au guichet postal vous propose de souscrire à une assurance maladie. Sympany, Assura ou AXA, plus précisément. Car, oui, le service postal détenu par la Confédération collabore avec des assureurs privés, même si la vente d’assurances maladie dans les différents points commerciaux ne se pratique que depuis 2022. Les postiers ne concluent pas un contrat à proprement parler avec le client, mais le réfèrent aux assureurs partenaires. Une démarche qui soulève son lot de questions morales et éthiques. Selon le quotidien «Aargauer Zeitung», les défenseurs des consommateurs alémaniques accusent l’entreprise de faire du «harcèlement» commercial.

Contactée, La Poste affirme que la démarche n’est qu’à un stade embryonnaire, bien qu’elle existe aussi déjà en Suisse romande. Les employés postaux proposent ainsi ce service aux clients susceptibles d’être intéressés par l’offre, notamment ceux qui annoncent un déménagement, un mariage ou un long départ à l’étranger. «Les collaborateurs n’abordent pas automatiquement la question des assurances maladie», explique Stefan Dauner.

Cela dit, la pratique dérange tout de même la Fédération romande des consommateurs (FRC). «Nous sommes très éloignés d’un conseil neutre et indépendant qu’on est en droit d’attendre d’une entreprise publique comme La Poste», estime Jean Tschopp, juriste à la FRC. L’association souligne ainsi un manque de transparence au sein de La Poste. Et de poursuivre: «Il s’agit d’une approche commerciale déployée sur la base de partenariats successifs. Elle se limite à faire la promotion de certaines assurances sans qu’on sache sur la base de quels critères.»

Seulement, difficile de trancher lorsqu’un client est «intéressé». Deux cas problématiques ont été répertoriés dans la région de Berne et à Zurich, selon le quotidien alémanique. Les clients concernés n’avaient vraisemblablement pas fait mention d’un événement particulier de leur vie. Dans le cas zurichois, l’employé postal a déduit que le client serait potentiellement partant car il souhaitait envoyer une lettre recommandée à une caisse maladie. Bien que La Poste reconnaisse que la pratique ait pu gêner le client, elle n’y voit aucun problème, puisque aucune règle du secret postal n’a été violée.