Pendant plus de 24 heures, les médias occidentaux ont été pris dans l’engouement : ils ont cru qu’Evgueni Prigogine, le chef du groupe Wagner, allait renverser Vladimir Poutine. Car cet homme avait déployé ses chars et semblait déterminé à les faire défiler dans les rues de Moscou.
La rumeur prétendait que Poutine était en panique et sur le point de quitter le Kremlin. La rumeur prétendait que le pouvoir tremblait devant ces mercenaires cruels.
Mercenaires
Les ennemis de Poutine se réjouissaient : ils pensaient que le tyran allait tomber. Ils ne se souciaient pas de savoir si son éventuel successeur serait encore pire que lui, ce qui semblait pourtant être le cas.
Puis soudainement, l’histoire a pris un virage, tout comme les chars et les troupes de Wagner. Ces derniers sont retournés dans leur caserne.
Apparemment, le chef mercenaire a réalisé que sa tentative de coup d’État ne fonctionnerait pas. Il s’est réfugié en Biélorussie. Poutine sort affaibli de cette épreuve, mais toujours au pouvoir.
Que retenir de cette séquence ?
D’abord et avant tout, que nous devons être méfiants envers tout excès médiatique lorsque nous abordons la vie politique d’un peuple dont nous ne comprenons pas la psychologie et dont la culture nous est fondamentalement étrangère.
Ensuite, que les “experts” sont bien souvent capables de dire une chose le matin et son contraire l’après-midi, avec le même ton de certitude.
Nuances
Tout comme la guerre et même la politique sont moins enclines à la vérité qu’à la propagande. Nous avons tendance à croire ce que nous voulons croire, sans tenir compte des faits.
Mais nous n’avons rien à gagner à enfermer le monde dans des catégories idéologiques qui nous rassurent plus qu’elles ne nous éclairent.
Entre le bien absolu et le mal radical, il existe des centaines de nuances du moins pire, du pire, et de l’encore pire. Malheureusement, les médias oublient souvent de faire ces nuances nécessaires.