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Tikehau Capital : La fusée de la finance française vise plus haut

Tikehau Capital : La fusée de la finance française vise plus haut

“Tikehau est la plus belle aventure entrepreneuriale de la finance parisienne”, écrit le quotidien français Les Échos en juin 2022, dans un long article consacré à cette “success story” française peu banale. “Tikehau, fusée de la finance française, vise plus haut”, pouvait-on lire dans l’édition de L’Express sortie le jour de notre visite. Ces commentaires élogieux sonnent comme une reconnaissance, et aussi une revanche, pour Antoine Flamarion et son associé Mathieu Chabran. Longtemps, le duo a été regardé avec une certaine condescendance au sein du sérail, feutré et cloisonné, de la haute finance parisienne. “On nous prenait pour deux gamins en culottes courtes”, s’amuse Antoine Flamarion, dont le franc-parler détonne dans un secteur financier policé. Mais les temps ont bien changé. Lors de la récente visite du roi Charles III, il fut le seul financier français à être convié à Versailles pour participer, en compagnie de 150 quelques heureux, au dîner donné par le président Macron en l’honneur du couple royal britannique. “Tikehau Capital a déjà investi un demi-milliard d’euros en Belgique”. “Une aventure entrepreneuriale” La rencontre entre Antoine Flamarion et Mathieu Chabran remonte à la fin des années 1990. Alors jeune banquier chez Merril Lynch, Antoine recrute le jeune Mathieu comme stagiaire. C’est la naissance d’une amitié indéfectible entre le Parisien et le Cavaillonnais. Après un détour par Goldman Sachs, Antoine Flamarion, fils d’un entrepreneur dans l’immobilier, veut créer sa propre société de gestion d’actifs. Il convainc Mathieu Chabran de le rejoindre dans l’aventure. “Nous voulons devenir le Blackstone européen (NdlR : Blackstone est le plus grand gestionnaire d’actifs alternatifs au monde avec 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion)”, expliquent-ils à leur entourage. “Tikehau est une aventure entrepreneuriale. En Europe, il n’y en a pas beaucoup dans l’industrie financière”, insiste Antoine Flamarion avant même de pouvoir lui soumettre une première question. Le projet Tikehau Capital – dont le nom est une référence à un atoll de Polynésie française – a été lancé en mode start-up. “Nous avons investi 400 000 euros et on s’est installé dans l’appartement que j’occupais rue Royale, à Paris”. Près de vingt ans plus tard, la “fusée” Tikehau gère 42 milliards d’euros d’actifs alternatifs, emploie près de 750 personnes et a ouvert 15 bureaux à l’étranger. La rencontre avec “Monsieur Frère” Parmi les bonnes fées à s’être penché, très tôt, sur le berceau de Tikehau Capital, on trouve un certain Albert Frère. “Monsieur Frère”, prend soin de dire Antoine Flamarion. “Nous l’avons rencontré en 2006 à Loverval (banlieue de Charleroi, NdlR), raconte le co-fondateur de Tikehau. Nous avions déjà préparé le terrain avec Gilles Samyn, qui dirigeait la holding CNP, mais monsieur Frère voulait voir les deux “artistes”, Chabran et Flamarion, avant de s’engager”. Manifestement convaincu, Albert Frère s’engagera à hauteur de 110 millions d’euros. Un montant considérable pour deux jeunes trentenaires qui avaient encore tout à prouver. “Nous devons beaucoup à monsieur Frère et à la CNP. En France, c’était non seulement un homme connu, mais aussi reconnu”. Deux familles d’AB InBev injectent 400 millions dans la société de gestion Tikehau La Belgique de Tikehau ne se résume toutefois pas à feu Albert Frère. “On a rapidement travaillé avec des investisseurs belges”, explique M. Flamarion. Il cite, notamment, les noms de Christian Dumolin (holding Koramic), de la famille du Monceau, de Luc Bertrand (Ackermans&van Haaren). Début de cette année, c’est un autre poids lourd belge qui a rejoint Tikehau Capital : la SFI, filiale de Patrinvest, société derrière laquelle on trouve les familles Van Damme et van der Straten Ponthoz. Ces dernières, qui figurent parmi les familles belges fondatrices du géant brassicole AB InBev, ont investi la coquette somme de 400 millions d’euros dans la holding Tikehau Capital Advisors (TCA), devenant, par la même occasion, actionnaire à 9,3 % de la société cotée Tikehau Capital. Gestionnaire, mais aussi investisseur Si les deux fondateurs de Tikehau Capital se distinguent par un style et une audace plus proches de la City et de Wall Street que du sérail financier parisien, ils n’ont rien de têtes brûlées. Ils seraient même plutôt à ranger parmi les prêteurs-investisseurs scrupuleux et prudents. “Depuis nos débuts, souligne Antoine Flamarion, on a eu l’ambition de construire une plateforme globale pour collecter l’épargne et investir un peu partout dans le monde et dans des secteurs diversifiés. Nous avons aussi toujours investi dans plusieurs classes d’actifs : private equity, immobilier, dette privée, … Enfin, dans chaque pays où Tikehau Capital est présent, nous essayons de construire une marque localement. C’est pour cela que nous aimons bien nous associer aux grandes familles car elles sont de très bons vecteurs dans les écosystèmes locaux”. “Notre conviction est que la meilleure manière de contrôler les risques, c’est de mettre son propre argent dans les projets et les fonds que nous créons.” Le succès de Tikehau Capital s’explique aussi par le “business model” adopté. À la différence de la plupart des gestionnaires d’actifs traditionnels, Tikehau Capital agit non seulement en tant que gestionnaire de fonds récoltés auprès de ses clients (grandes familles, institutionnels…), mais aussi comme co-investisseur. “Notre conviction est que la meilleure manière de contrôler les risques, c’est de mettre son propre argent dans les projets et les fonds que nous créons”. Une attitude rendue possible par les importants fonds propres que Tikehau Capital s’est constitué (de l’ordre de 3 milliards d’euros). On soulignera encore la volonté de se positionner dans des domaines que Tikehau Capital juge très prometteurs. La société française a, par exemple, investi dans la transition énergétique et la décarbonation dès 2014. “Nous allons lancer un deuxième fonds de décarbonation avec TotalEnergies et d’autres co-investisseurs. Nous espérons lever plus de 3 milliards d’euros (contre 1,1 milliard pour le premier fonds, NdlR)”. L’agriculture régénératrice et la cybersécurité sont deux autres thématiques où Tikehau Capital est très actif. L’avenir ? “Nous allons continuer à bâtir un leader mondial de la gestion d’actifs alternatifs, avec des racines solides en Europe”, répond Antoine Flamarion. Tikehau Capital prévoit d’atteindre 65 milliards d’euros d’actifs en 2026 (contre 42 milliards aujourd’hui). “Mais nous visons beaucoup plus. Dans dix ans, nous serons beaucoup plus gros, plus diversifiés, plus performants et toujours innovants”.
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