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Thionville. Le légendaire Manolo s’en est allé

Thionville. Le légendaire Manolo s’en est allé

Personne ne l’avait oublié. Qu’on se le dise. Très régulièrement, sur les terrasses des cafés thionvillois, on s’enquerrait de Manolo. Oui de lui, l’homme à la gratte marron affublée de deux-trois-quatre cordes, c’était selon. Toujours prompt à jouer un air festif. Pour son public. Chez lui, point de riffs même naissants au bout de ses doigts. Juste des caresses, des allers-retours sur son instrument mêlés à des paroles certes approximatives. Qu’importe, son succès était ailleurs.

L’homme avait disparu des radars. Les spéculations à son propos allaient bon train, gare aux rumeurs… En vrai, c’est que, dans l’intimité, le plus gipsy des chanteurs de rue combattait la maladie. Privé de scène, il s’était retiré de la cité où il officiait depuis des années, entouré des siens. Loin des projecteurs. De la moiteur des étés mosellans.

Ce 22 juillet 2022, la nouvelle est tombée. Le septuagénaire a rendu son dernier souffle, à Thionville. Terre qu’il a charmée, avec son tempérament, son goût pour la chanson populaire, ses lancers de guitare improbables. Spectacles acrobatiques au terme desquels il demandait toujours une « ch’tite » pièce. Pour sa prestation. La rémunération au chapeau comme on dit. Un sacré numéro le Manolo.

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« Il faut fait beau, il fait chaud ! »

À l’annonce de son décès, à l’âge de 73 ans, le natif de Puget-Thénier (Alpes-Martimes), Georges Démétrio à la ville, a déclenché une vague d’émotion, largement relayée sur les réseaux sociaux et dans les conversations à l’heure du petit noir ou de la mousse du midi. Des inconnus, des nostalgiques de l’époque où ils lâchaient à ce petit bonhomme barbu au costume XXL quelques menues monnaies en échange d’un « Il fait beau, il fait chaud ! » personnalisé, d’une reprise très singulière de Dalida, ou de morceaux choisis dans un italien ou un espagnol pas toujours raccord avec la version originale. « La Bamba », « Y Viva España », « Lasciatemi Cantare », « Gigi l’amoroso »… autant de titres qui terminaient invariablement par un punchy « Olé ! ».

Il était comme ça Manolo ! Aujourd’hui, le voilà aux portes de la postérité. De là-haut, là où les musicos ont passé la guitare à gauche, il continuera à traverser le temps. Les générations qu’il a su toucher ne manqueront pas de rappeler qu’un jour, à Thionville, un joyeux luron avait eu le don de leur faire décocher un sourire.

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