Dans le domaine de la médecine, le patient est censé être au centre des préoccupations des professionnels de la santé. Pourtant, selon Thierry Carrel, professeur de chirurgie cardiovasculaire et de transplantation à l’Université de Zurich, la tendance actuelle est plutôt de considérer les patients comme des objets. Dans cette interview, nous allons explorer ses opinions sur les raisons de cette tendance, ses conséquences et les solutions possibles pour améliorer la prise en charge des patients.
Le système de santé suisse est souvent cité comme l’un des meilleurs au monde. Cependant, les attentes envers le système sont démesurées, selon Thierry Carrel, chirurgien cardiaque qui travaille depuis plus de trente-cinq ans dans ce domaine.
Les patients suisses ont accès à des soins de qualité grâce à des professionnels de la santé hautement qualifiés, des équipements de pointe et une infrastructure de santé bien développée. Pourtant, selon Thierry Carrel, il y a une consommation excessive de soins en Suisse. Les patients ont tendance à consulter leur médecin pour la moindre douleur ou maladie parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas à payer directement pour ces soins.
La situation actuelle contraste avec celle d’il y a vingt ans. À l’époque, les moyens technologiques étaient limités et les patients étaient plus conscients de leur responsabilité financière en matière de soins médicaux. Les patients ne consultent plus seulement pour les besoins immédiats, mais ils veulent également des tests, des examens et des traitements plus approfondis.
La surconsommation de soins de santé est un problème important en Suisse, en particulier en ce qui concerne les soins médicaux coûteux, tels que la chirurgie cardiaque. Cette surconsommation est l’un des facteurs qui ont conduit à une augmentation des coûts de la santé.
Cependant, il y a une autre facette à la situation actuelle. Les jeunes médecins quittent souvent la profession après seulement quelques années. Cela peut avoir des conséquences néfastes sur la qualité des soins dispensés aux patients et sur l’ensemble du système de santé.
Pour comprendre cette situation, il est important de souligner les difficultés auxquelles les jeunes médecins sont confrontés. Les jeunes médecins doivent suivre des programmes de formation et d’études de longue durée, souvent accompagnés d’une charge financière importante. Ensuite, ils sont confrontés à une lourde charge de travail, de longues heures et une pression professionnelle élevée.
De plus, les jeunes médecins sont souvent confrontés à une situation où ils doivent être autonomes rapidement, sans avoir beaucoup d’expérience. Ceci est dû au fait que l’approche moderne de la formation médicale est axée sur la pratique clinique plutôt que sur la théorie.
La situation actuelle souligne l’importance de soutenir les jeunes médecins, tant sur le plan financier que professionnel. L’État pourrait offrir des subventions pour aider les jeunes médecins à payer les coûts de formation et à trouver des occasions de formation continue. Les hôpitaux et les cliniques pourraient, quant à eux, offrir des programmes de mentorat pour aider les jeunes médecins à acquérir de l’expérience pratique et à se sentir soutenus dans leur travail.
Enfin, il est essentiel de créer un environnement de travail qui favorise la santé mentale des jeunes médecins, qui limite les heures de travail et qui offre une aide en cas de besoin. En fin de compte, l’objectif est de maintenir une main-d’œuvre de qualité dans le secteur de la santé pour continuer à fournir des soins de qualité à la population suisse.
