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Six mois de guerre: – Les Russes préfèrent ne pas y penser

Six mois de guerre: – Les Russes préfèrent ne pas y penser

tAu grand marché d’Izmailova à Moscou, on vend des tasses et des T-shirts décorés d’images et de textes sur les soldats russes en Ukraine. Mais ceux-ci datent de 2014, lorsque la Russie a annexé la péninsule de Crimée.

MARCHÉ : Un enfant a consommé un canon décoratif décoré au marché d’Izmailova à Moscou. Photo : AP/NTB

Il n’y a rien à trouver ici sur “l’opération militaire spéciale” qui se déroule depuis six mois.

Des portes encore fermées

Dans l’ensemble, il y a peu de signes visibles dans le paysage urbain de Moscou indiquant que le pays est en guerre. La lettre “Z”, devenue symbole de soutien à l’invasion, est à peine visible, selon l’agence de presse AP.

Dans certains endroits, il y a des affiches avec des photos de soldats, qui disent, entre autres, “Honneur aux héros de la Russie”. Mais cela ne dit rien sur l’endroit où se trouvent les soldats ni sur ce qu’ils ont fait.

Mais il y a un signe de conflit qui est assez visible. Locaux de magasin assombris avec des portes fermées. Les entreprises occidentales se sont retirées.

– Au début, nous étions très déçus, dit Yegor Driganov, qui se promène le long de la rivière dans le quartier financier de la ville de Moscou. Mais il ajoute ensuite que des boutiques et des cafés russes semblent occuper les locaux abandonnés.

Mais tous les Russes ne sont pas convaincus qu’ils recevront des réparations russes pour les biens occidentaux qui ont disparu à la suite des sanctions contre le pays.

“Modèle d’été”

Seuls 41 % des Russes pensent que l’industrie russe peut entièrement remplacer les produits électroniques, et seulement un tiers pensent que la production automobile du pays peut endiguer le gel des importations.

Mais un bon nombre, 81 %, pensent que la Russie pourra remplacer les denrées alimentaires étrangères par sa propre production.

L’enquête a été réalisée par le seul institut de sondage indépendant de Russie, le Centre Levada.

– La Russie se dirige à toute vitesse vers une impasse, mais les citoyens préfèrent largement ne pas y penser et vivre leur vie, déclare Nikolaij Petrov, chercheur principal au programme Russie et Eurasie de Chatham House à AP.

KREMLIN : Derrière les murs du Kremlin, la guerre en Ukraine est contrôlée, mais à l'extérieur, la vie continue normalement pour de nombreux Moscovites.  Photo : Alexandre Zemlianitchenko/AP

KREMLIN : Derrière les murs du Kremlin, la guerre en Ukraine est contrôlée, mais à l’extérieur, la vie continue normalement pour de nombreux Moscovites. Photo : Alexandre Zemlianitchenko/AP

Il pense que les Moscovites sont aussi peut-être dans une sorte de mode estival, où ils ne suivent pas tellement ce qui se passe dans le monde, mais se concentrent sur leur propre réalité, avec la vie de famille et de vacances.

– A Moscou, la vie est vécue normalement, car les gens essaient de préserver le sentiment de normalité et un relatif confort mental, explique Petrov.

Les guerres de propagande

Mais si les Russes allument la télévision, il est clair que les soldats du pays sont en Ukraine. Les chaînes de télévision d’État consacrent beaucoup de temps d’antenne à “l’opération” en Ukraine.

Ici, les téléspectateurs entendent parler des forces militaires russes très efficaces, équipées des meilleures armes, dans la lutte contre les nazis en Ukraine.

La majorité des citoyens russes s’informent des chaînes de télévision d’État. Mais beaucoup ne font pas confiance à ce qu’on leur dit.

Une enquête récente de l’Institut Levada montre que 65 % des Russes ne croient pas tout ou partie de ce qu’ils voient dans les médias d’État sur ce qui se passe en Ukraine.

SOUTIEN : Avec la lettre “Z” sur les t-shirts d’elle et de son fils, cette femme montre clairement son soutien à l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Photo : Dmitri Lovetsky/AP

Dans le même temps, les chiffres de Levada montrent que 75 % des Russes soutiennent « l’opération militaire ».

– Mais certains sceptiques ont probablement exprimé leur soutien de peur que d’autres réponses n’aient des conséquences pour eux, explique le directeur de Levada, Denis Volkov.

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