Les coups de cutter auraient pu être mortels. Syed B., 24 ans, a été condamné ce vendredi 20 octobre à quatre ans de prison avec mandat de dépôt pour violences aggravées, par le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise). Il lui est également interdit de posséder une arme pendant cinq ans et d’entrer en contact avec sa victime pendant trois ans. C’est quasiment ce qu’avait requis le ministère public en considérant que la peine maximale encourue est de dix ans de prison et que le prévenu était jusqu’ici inconnu de la justice.
Les faits remontent au 13 février 2022. Ce jour-là, vers 15h30, les policiers se trouvent avenue du 8-Mai 1945 à Sarcelles quand ils aperçoivent un homme allongé sur les voies du tramway qui perd du sang. La victime a pris des coups de pied, de poing, de cutter, de la part de cinq hommes. Les plaies sont nombreuses – à la tête, à l’abdomen, au dos, à la main – lui vaudront 45 jours d’incapacité totale de travail. Deux des complices présumés de Syed B. – mineurs – seront jugés par un tribunal pour enfants.
Syed B. avait été agressé un an plus tôt par la victime
Le prévenu reconnaît avoir donné les coups de cutter. « À la tête et sur la main », précise-t-il, interrogé par la présidente. Et qui a porté les autres coups ? « Je ne me souviens plus. C’est arrivé très vite », assure-t-il. La victime, Ijaz H., a indiqué qu’elle s’était fait attaquer par-derrière, ce que confirment deux témoins. Syed B. conteste. « Je suis parti le voir. Nous avons discuté, il m’a pris par le cou, il m’a mis une gifle, ça m’a énervé », explique-t-il. Il serait allé le voir pour parler de leur rencontre la veille. « Je voulais lui dire de ne pas s’en prendre à ma famille », relate-t-il.
La victime et le prévenu se connaissent de longue date. Le 12 février 2021, les rôles étaient inversés et c’est Ijaz H. qui avait agressé Syed B. dans des circonstances analogues, ce dernier recevant des coups de cutter. « Il m’a vu à gare du Nord. Il m’a suivi, il a pris le même train, il est descendu au même arrêt, à la sortie de la gare il a commencé à me frapper. Il y avait trois ou quatre autres personnes avec lui », se souvient-il. Pour ces faits, Ihaz H. a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt.
Vieille rivalité
Les origines de cette rivalité remontent aux années 2000 et se situent au Pakistan où vivait Syed B. jusqu’à sa majorité. Son oncle qui est imam avait organisé la traditionnelle procession du mois de Muharram, une tradition pour les musulmans chiites. Le passage du cortège avait occasionné des violences auxquelles aurait été mêlée la famille d’Ijaz H, qui est sunnite. Une personne y avait perdu la vie.
Pour la magistrate du parquet, Cécile Trepreau, il s’agit visiblement d’une vendetta. « Le problème d’une vendetta, c’est que ça ne s’arrête jamais. Les morts s’entassent et le cycle de la violence continue, souligne-t-elle. C’est bien pour lutter contre cela que les sociétés se sont dotées d’institutions judiciaires. »
« Le seul point qui fait débat, c’est la préméditation »
La procureure a bien noté que le prévenu reconnaissait deux des circonstances aggravantes : le fait d’avoir commis ces violences en réunion et le fait d’avoir utilisé un cutter. « Le seul point qui fait débat, c’est la préméditation », résume-t-elle. Elle estime que c’est bien un guet-apens qui a été organisé. Elle s’appuie sur le contentieux qui existait entre les deux hommes. Syed B. savait où trouver sa victime puisque celui-ci vient quotidiennement pointer au commissariat de Sarcelles.
En défense, Me Azia Taj assure au contraire que la rencontre était fortuite. Elle souligne que l’endroit est couvert par les caméras de vidéosurveillance. S’il y avait eu préméditation, elle estime que son client aurait agi plus discrètement. « Il se serait dissimulé le visage », estime-t-elle. Elle ajoute que la victime était certainement en colère après avoir passé un an en prison. C’est ce qui aurait déclenché les violences. « Après, il a ce réflexe de sortir le cutter. Il l’a sur lui parce qu’il l’utilise au travail », explique-t-elle. Le tribunal n’a pas été convaincu par ces arguments et a retenu la préméditation et prononcé cette lourde peine de quatre ans de prison.
2023-10-21 12:21:00
1697890348
#Sarcelles #prison #ferme #après #violente #vendetta #entre #Pakistanais