Sarcelles : la révolution se prépare pour le vieux centre commercial des Flanades, futur centre-ville piéton

Il devrait connaître dans les prochains mois une véritable métamorphose pour devenir à l’horizon 2027 le centre-ville piéton de Sarcelles. Dans le même temps, les places, voiries et copropriétés qui le jouxtent vont, elles, subir un lifting en profondeur. Un budget de plus de 50 millions d’euros va être consacré à réanimer le cœur des Flanades.

« La transformation majeure est la reprise du centre commercial, qui va être ouvert et découvert, explique le maire, Patrick Haddad (PS). Son propriétaire, La compagnie des immeubles parisiens, dont Xavier Niel est l’actionnaire majoritaire, va investir 35 millions d’euros pour décoffrer les galeries, faire des allées piétonnes, redonner de la vie, ouvrir ce centre. » Premier signe de ce nouvel élan, l’arrivée en septembre d’un magasin G 20, à l’emplacement du supermarché Coccinelle. Sa superficie sera moins importante que l’ancien commerce. En revanche, il donnera sur l’avenue Auguste-Perret et sera accessible depuis celle-ci. Au-dessus, une maker school, dédiée aux nouvelles technologies, devrait prendre place.

« Désenclaver le quartier »

Dans la foulée, les verrières tenues par des arcades métalliques vertes, qui abritent les galeries marchandes, seront enlevées. Ces aménagements vont désenclaver le quartier. « Aujourd’hui, à 20 heures, une fois les rideaux baissés, la ville est coupée en deux », indique le maire. D’autre part, cela permettra de réduire de façon conséquente les charges : les frais d’électricité, de chauffage ou encore de sécurité.

Reste toutefois une interrogation : l’avenir des commerçants en place. « Je ne sais pas s’ils vont me déplacer ou m’indemniser », confie Sidney, le patron d’un magasin de prêt-à-porter pour hommes, présent depuis plus de vingt ans dans ce centre. Depuis le départ d’Auchan des Flanades, son chiffre d’affaires a dégringolé de 75 %. « Il n’y a pas de locomotive, ni de parfumerie, de chocolaterie, ni de fleuriste. Pour moi, en l’état ce n’est pas un centre commercial. J’habite Sarcelles et moi-même je n’y viendrais pas, d’autant plus depuis la création de My Place », poursuit Sidney qui peut néanmoins compter sur une clientèle fidèle.

« Ça reste un centre commercial à l’ancienne avec des commerçants indépendants », abonde une de ses voisines, qui pointe toutefois ses nombreux atouts : « il est hypercentral, à proximité de la mairie, de l’hôpital, du tram, de la gare. Il y a aussi la médiathèque à proximité. » Des atouts que la ville entend valoriser dans la nouvelle configuration du cœur de ville.

La surface commerciale (160 cellules) sera réduite au profit d’un espace mixte mêlant pôle universitaire avec un pôle tourné vers le numérique à partir de l’IUT existant, et culturelle avec une Fabrique des cultures urbaines. Des locaux vacants accueilleront des salles de cours et amphithéâtres.

Une nouvelle place de France plus verte

Pour accompagner cette transformation, les pourtours des Flanades, soit 21 000 m2 seront rénovés, à savoir les avenues Auguste-Perret, Poincaré, Branly, Paul-Valéry. La place de Navarre a déjà commencé sa mue. Celle de la place de France suivra. Elle sera réaménagée, verdie, la fontaine Phénix remise en route. Des restaurants devraient y trouver place. Des travaux estimés à près de 20 millions d’euros qui seront financés par l’Anru, la communauté d’agglomération Roissy Pays de France et la ville, avec l’objectif de faire de la place de France, une sorte de place du village.

Pour animer l’endroit, des lieux culturels, notamment un espace d’exposition verront le jour. Une librairie devrait également s’implanter au rez-de-chaussée d’un immeuble intergénérationnel, qui sera édifié à l’angle des avenues Branly et Perret.

Un projet qui laisse sceptique certains comme cet agent immobilier qui considère que cette métamorphose doit également s’accompagner d’une politique en matière de peuplement. « Aujourd’hui, la classe moyenne disparaît à Sarcelles. La population se paupérise. Si on ne parvient pas à la faire revenir, cette réhabilitation aura autant d’effet qu’un lifting sur une personne de 80 ans… »

La ville, consciente de ce phénomène, entend dans le même temps travailler sur les copropriétés. Des études vont d’ailleurs être menées sur les quatre tours vieillissantes afin de déterminer si les plans de sauvegarde des copropriétés seront suffisants pour les remettre à flot ou si « un recyclage » s’avère nécessaire. C’est ce qui est déjà prévu pour l’une d’entre elles. La tour Guyenne, qui compte 67 logements dont seulement 6 propriétaires occupants, devrait être transformée en logements locatifs.