2017-06-07 18:28:00
“La façon dont vous pensez qu’il est,
Ça ne peut pas du tout être comme ça”
A nos chers et inoubliables
Don Bernardino Ortiz Angle (qepd),
dernier gardien de ce temple singulier
En essayant de donner une explication à ce que nous voyons, nous avons remarqué une légende médiévale redoutable et pertinente, celle de la mort de Saint Oran ou Odrán :
La légende entourant la mort de ce saint est qu’il consentit à être enterré vivant sous une chapelle que Columba essayait de construire sur Iona. Une voix avait dit à Columba que les murs de la chapelle ne tiendraient pas tant qu’un homme vivant ne serait pas enterré sous la fondation, et en effet, chaque matin, les constructeurs arrivaient sur le site pour trouver tout le travail de la veille défait.
Quelque temps plus tard, Columba a voulu revoir Oran une fois de plus et ils ont ouvert le trou en constatant qu’il était toujours en vie. Oran essaya de sortir de sa tombe en décrivant l’autre vie qu’il avait vue et en prononçant à son compagnon étonné quelques mots résolus : “Il n’y a pas d’enfer comme vous le pensez ni de paradis dont les gens parlent” et ensuite, se penchant vers Columba, il lui chuchota : “La façon dont vous pensez que c’est, ça ne peut pas du tout être comme ça”
Alarmé par ces paroles blasphématoires qui remettaient en cause tout ce en quoi ils croyaient, Colomba s’empressa de sceller la bouche d’Oran avec de la terre et la recouvrit à nouveau pour sauver l’âme de son ami, le monde et ses péchés.
Sur le clocher de Saint Oran se trouve une inscription qui rappelle cette ancienne légende et à chaque fois que la cloche sonne, c’est comme si la sagesse intemporelle du saint résonnait :
“La façon dont vous pensez que c’est, ça ne peut pas du tout être comme ça”
Cette légende nous renvoie à l’atroce, mais non moins vrai, rite de fondation. Rituel pratiqué depuis la nuit des temps consistant à sacrifier un être vivant et à l’enterrer sous la fondation pour plaire aux esprits terrestres.
Déjà dans les anciens récits de la mythologie teutonique, il existe des preuves de rituels sacrificiels qui incluaient des animaux ou des personnes vivantes pour la protection des bâtiments, peut-être comme un souvenir ancestral du rite de protection biblique consistant à enduire de sang les deux montants et le linteau de la maison. (Exemples 12, 7) (4).
Lorsqu’une personne était sacrifiée, elle pouvait être prise en sandwich entre les murs de fondation ou écrasée sous la pierre angulaire de la structure.
George Henderson raconte la légende arthurienne de la construction de Dinas Emris, où à Il a été conseillé au constructeur de trouver et de sacrifier un enfant orphelin “pour s’assurer que les murs de la forteresse ne s’effondreraient pas”, une légende qui présente des parallèles étroits avec celle précédemment exposée de Saint Odran. (5)
Et un autre exemple terrible de ce rituel de fondation se trouve en Grande-Bretagne, lors de la reconstruction de l’église Holsworthy dans le comté de Devons en 1885, un squelette a été retrouvé dans l’angle de l’édifice, avec une base de mortier scellant la bouche, une forme de silence le des cris ou des malédictions possibles qui seraient lancées par le malheureux sandwich.
Selon la célèbre ballade folklorique grecque qui raconte le pont de pierre construit au Moyen Âge et qui traverse la rivière Arachtlos à proximité de la ville d’Arta, il a été construit par 1 300 ouvriers, 60 apprentis et 45 artisans qui ont lutté pour éviter, tous les jours, que pendant la nuit il s’est effondré. Enfin, un oiseau à voix humaine a informé le maître d’œuvre que pour empêcher le pont de s’effondrer, il devait sacrifier sa femme, après quoi les fondations du pont ont été reconstruites et il est toujours en place. (6) (7)
Géographiquement plus proche de nous, il y a encore, aujourd’hui, la célébration d’un rituel où la mort d’une personne acquiert une autre dimension. Nous faisons référence au pèlerinage de la mort ou procession des cercueils que la ville galicienne de Santa Marta de Ribarteme célèbre chaque 29 juillet, où les offrandes, également appelées ex-votos, sont placées dans les cercueils lors de la procession en accomplissement d’une promesse qu’ils l’ont peut-être fait pour eux-mêmes ou pour un proche, après avoir vaincu une maladie grave ou avoir été au seuil de la mort.
Sur la base de toutes ces données et en analysant en détail ce chapiteau de l’abside de San Lorenzo de Vallejo de Mena, nous pensons qu’il est très possible que ladite scène corresponde à une cérémonie de fondation. Laissant entendre, ainsi, qu’un rituel de ces caractéristiques pouvait être réalisé dans ce temple.
Avec la curiosité supplémentaire que c’était, précisément, ce coin sous le chapiteau l’endroit qui a ensuite été choisi pour encastrer la chapelle mortuaire et placer le sarcophage qui abrite la dépouille mortelle du chevalier Fernando de Vivanco de l’Ordre de San Juan de Jérusalem. Savaient-ils alors quelque chose que nous ne savons pas maintenant ?
Sachant que cette cérémonie s’est transformée au fil du temps, en pose de la première pierre ou première pierre pour le démarrage de la construction, nous voulons accorder à ce chapiteau la catégorie de basique et fondamental.
santé et romance
(1) Architecture et sculpture romanes de la Vallée de Mena. P. Rodríguez-Escudero, 1987.
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