L’immense structure à haubans ne va pas disparaître du paysage de l’Est parisien, elle va même être agrandie. Voilà un des apprentissages de la récente visite du centre de traitement des déchets situé à la frontière de Romainville et Bobigny, sujet d’un grand projet de transformation dont le calendrier se précise.
Le Syctom, syndicat mixte de traitement des ordures ménagères, organisait ce samedi une journée portes ouvertes afin de détailler les contours du futur centre de tri. Le site traite les ordures ménagères résiduelles (OMR) de 22 communes de Seine-Saint-Denis, du XIXe arrondissement et d’une partie du XXe arrondissement de Paris, ainsi que le produit des collectes sélectives de 12 communes du 93, deux du 94 et de tout l’est parisien. Cela représente respectivement 300 000 tonnes d’OMR et 57 000 tonnes de déchets recyclables.
Plusieurs défis attendent le Syctom et les collectivités dans les années qui viennent, notamment celui de diminuer la part des OMR au profit des déchets recyclables et de collecter et traiter les déchets alimentaires, ce qui vient d’ailleurs de commencer à Romainville.
Dans le futur, « le bâtiment à haubans sera prolongé et, en dessous, se déroulera l’activité de transfert des déchets alimentaires », détaille Pierre Hirtzberger, le directeur général des services techniques du Syctom qui mène la visite. L’autre « fonctionnalité qui s’ajoutera » sera celle du réemploi, avec la création d’un « pôle d’excellence de l’économie circulaire ». La partie déchetterie se trouvera sur le territoire de Romainville et le pôle d’excellence du côté Bobigny. « Nous voulons en faire un lieu vivant », annonce Yvon Lejeune, conseiller municipal de Romainville, qui découvre les avancées du dossier.
« Un projet entre terre et eau »
« L’idée est d’avoir un espace pédagogique ouvert aux publics scolaires, confirme Alexandre Franc, architecte associé chez Groupe 6 Architectes, qui a remporté l’opération. Il y aura des vues plongeantes sur les ateliers, pour comprendre le recyclage, pour comprendre toute la chaîne. » Il évoque « un projet entre terre et eau » avec le port sur le canal de l’Ourcq, indispensable pour « décarboner les transports ».
La première étape visera à transporter 120 000 tonnes d’OMR vers le port d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). « À terme, on espère que tout partira par voie d’eau, explique Pierre Hirtzberger. Ça ne dépend pas d’ici mais des capacités d’accueil ailleurs. Nos trois incinérateurs sont situés près de la Seine mais il n’y a pas encore forcément de port, pas forcément de voirie. »
Romainville, ce samedi. Quelque 57 000 tonnes de déchets recyclables sont traités chaque année dans le centre de tri du Syctom. LP/E.M.
Les déchets recyclables devraient eux aussi circuler par voie d’eau. « En fonction des matières, il y aura des regroupements de conteneurs sur le port de Gennevilliers (NDLR : là aussi dans les Hauts-de-Seine) puis cela partira, en fonction de nos contrats avec les recycleurs », détaille encore le directeur général des services techniques du Syctom, qui rappelle l’objectif : passer du traitement annuel de 57 000 tonnes de déchets recyclables à 63 000 tonnes.
Les permis de construire de l’ensemble du projet doivent être déposés à l’automne. Suivra, début 2024, une période d’enquête publique. Un précédent projet avait suscité, il y a quelques années, une vive opposition : il prévoyait la construction d’une chaufferie urbaine, que ses détracteurs apparentaient à « un incinérateur déguisé ». Ce nouveau projet, d’un montant de 170 millions d’euros, devra donc à son tour passer par la phase de consultation populaire.
2023-06-04 10:00:00
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