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Résumé des activités du CADTM au Forum social mondial de Katmandou 2022

Résumé des activités du CADTM au Forum social mondial de Katmandou 2022

15 février : La marche d’ouverture

La marche d’ouverture a réuni environ 15 000 personnes qui ont défilé pour demander un autre monde. Les slogans exigeaient justice écologique, climatique et justice sociale. Ils réclamaient l’abolition de la Banque mondiale
Banque mondiale
BM

La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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et du IGF
IGF
Fonds monétaire international

Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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, ainsi que l’annulation des dettes illégitimes, parmi de multiples autres revendications. Le défilé a rassemblé de nombreux Népalais. Les secteurs les plus exploités des classes populaires étaient fortement présents et très revendicatifs.

16 février : Un grand succès pour les deux premiers ateliers du CADTM au Forum social mondial

Nouvelle crise internationale de la ce
Ce
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.

: La première conférence organisée par le CADTM a réuni près de 100 personnes. Elle portait sur la nouvelle crise internationale de la dette. Conclue par Éric Toussaint par le slogan : « Il y a une vie sans le FMI », cette conférence était portée par des délégués du CADTM dont les pays sont durement frappés par cette nouvelle crise.

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Aman Rahman (Bangladesh), vice-président du Democratic budget movement (DBM) a ouvert la conférence en insistant sur les conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
imposées par le FMI et la Banque mondiale à la population du Bangladesh qui compte 170 millions d’habitants.

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Amali Wedagedera (Sri Lanka) a expliqué la situation emblématique du Sri Lanka, étouffé par le FMI depuis son défaut de paiement au printemps 2022, suivi par un mouvement social exceptionnel qui a abouti à la fuite du Président Gotabaya Rajapaksa, avant qu’il ne réussisse à revenir et obtienne que son pays signe un accord néfaste avec le FMI.

Autre pays durement frappé par les programmes du FMI, le Pakistan, représenté parmi les intervenants par Abdul Khaliq, responsable du CADTM Pakistan. Après les inondations de l’été 2022, le Pakistan, qui compte 230 millions d’habitants, a signé de nouveaux accords avec le FMI pour un montant de 3 milliards de dollars. Comme dans le cas pour le Sri Lanka et le Bangladesh, ces accords riment avec coupes dans les budgets sociaux, baisse des subventions sur les produits de première nécessité, privatisations…

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Ensuite, David Otieno (Kenya) a parlé de la situation de son pays. Ce pays de 53 millions d’habitants, qui s’est pleinement intégré dans la mondialisation
Mondialisation
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus ou même tout autre chose que le capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orienter.
. Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu – en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvé pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970. néolibérale, se retrouve piégé dans une grave crise de la dette. David Otieno, membre du réseau CADTM International et de la Via Campesina, a notamment insisté sur les monocultures d’exportation, qui sont une catastrophe pour les paysans et pour la souveraineté alimentaire du pays.

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Solange Koné a également évoqué la situation de la Côte d’Ivoire, en insistant sur la nécessité de poursuivre et d’amplifier la lutte pour l’abolition des dettes illégitimes et le besoin urgent et impératif de réparations.

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Microcrédit abusif et exploitation des pauvres : Cet atelier, qui a rassemblé environ 50 personnes, traitait du microcrédit abusif. Amali Wedagedara, qui travaille au quotidien avec des femmes victimes de microcrédit, a expliqué les mécanismes derrière le microcrédit abusif. Certaines femmes, étouffées par les taux abusifs et impossibles à rembourser, sont poussées au suicide. Les taux d’intérêt
Taux d’intérêt
Quand UN prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par UN (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que UN ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts. Prenons un exemple très simple. Si UN emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé… Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
sont montés jusqu’à 220 % au Sri Lanka en 2018. Sur une population de 22 millions d’habitants, 2,4 millions de femmes sont tombées dans le piège du microcrédit, et une partie d’entre elles ont fait défaut sur leur dette. À cette occasion, l’État sri lankais a volé au secours des compagnies de microcrédits. C’est donc de l’argent public qui a financé les défauts de paiement provoqués par les vautours de la microfinance.

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Sushovan Dhar a ensuite développé la situation de l’Inde, le pays le plus peuplé de la planète avec plus de 1400 millions d’habitants. En Inde, le secteur du microcrédit n’est pas du tout régulé. Il a appelé à la mise en place d’une sécurité sociale et d’un secteur bancaire public prêtant à des taux d’intérêt bas, rappelant que le surendettement n’est que le reflet du retrait de l’État et de la vulnérabilité des populations.

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Une participante a insisté sur le fait qu’à présent, ce sont les hommes qui décident de s’endetter auprès du microcrédit, mais ce sont les femmes qui remboursent l’argent emprunté. Une autre des participantes, originaire du Tamil Nadu en Inde, a insisté sur le fait que les femmes passent leur temps à s’occuper des problèmes liés au remboursement des dettes et ne se politisent plus.

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Dans les 2 jours qui suivent, le CADTM organise 5 activités publiques supplémentaires à Katmandou dont nous rendrons compte prochainement.

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