Le centre de distribution d’Écouen (Val-d’Oise) est le treizième et dernier du département du Val-d’Oise à avoir ouvert ses portes il y a tout juste un an. « Il venait répondre à une demande croissante d’aide sur le territoire », précise Marie-France Ligeret, secrétaire départementale de l’association.
En effet, entre mars 2022 et mars 2023, 10 000 familles ont été accueillies par l’association dans le Val-d’Oise, soit 23 000 personnes à qui il a été distribué l’équivalent de 2 millions de repas ainsi que 2 200 dotations bébé. « Et encore, c’était avant la croissance prodigieuse de demandes que nous avons connue dernièrement », insiste la secrétaire départementale.
De son côté, le centre d’Écouen a vu passer plus de 80 familles sur cette première année. « Ça reste un petit centre en comparaison de celui de Sarcelles et ses 1 000 bénéficiaires, mais il permet aux personnes qui habitent dans les environs d’éviter ceux qui sont surchargés. La proximité est très importante pour ceux qui ne peuvent pas facilement se déplacer », constate Michèle, une bénévole.
23 bénévoles se relaient chaque jeudi après-midi et samedi matin
Ces locaux brassent entre autres la population d’Écouen mais aussi d’Ézanville, de Villiers-le-Bel et de Sarcelles qui sont frontalières à la commune. Les créneaux du samedi permettent également de compléter le maillage sur l’est du département et d’accueillir les personnes ne pouvant pas se déplacer en semaine.
Ici, 23 bénévoles se relaient chaque jeudi après-midi et samedi matin pour effectuer les distributions de denrées alimentaires. Ils sont également chargés le reste du temps des inscriptions, arrivages de stocks chaque jeudi, tri des vêtements etc. « Ce sont toujours les mêmes, fidèles au poste depuis le début », sourit Sylvie, une autre bénévole.
« En fonction des centres, les publics sont très différents. Chez nous, on voit passer peu de personnes qui vivent dans des hôtels sociaux ou d’étudiants car il n’y a pas de fac dans les environs. En revanche, on reçoit beaucoup de familles ayant des difficultés financières, des mères qui élèvent seules leurs enfants et des retraités qui ont des revenus très faibles », décrit Marie-Laurence Auberger, responsables du centre de distribution des Restos du cœur d’Écouen.
C’est notamment le cas de Philippe. Comme chaque semaine, il est venu ce jeudi afin de récupérer des aliments pour lui et sa sœur, en situation de handicap. Retraité de 68 ans, il est inscrit ici depuis maintenant huit mois. « J’ai travaillé toute ma vie mais ma retraite ne suffit pas à joindre les deux bouts, heureusement qu’ils sont là pour nous aider », témoigne-t-il.
L’association en proie à d’importantes difficultés financières
Pourtant tout le monde n’aura pas cette chance cette année. Le lancement de la campagne hivernale des Restos du cœur prévue mardi 21 novembre s’accompagne cette fois-ci d’une certaine amertume dans les rangs des bénévoles et des bénéficiaires. Alors que les inscriptions sont ouvertes depuis le 6 novembre, l’association a fait part des difficultés financières qu’elle rencontrait depuis plusieurs mois.
« Ne serait-ce que sur la dernière campagne d’été, on a connu une augmentation de la demande de plus de 30 % », constate Marie-France Ligeret. Face à cet afflux de bénéficiaires et malgré les besoins grandissants de la population en raison notamment de l’inflation et de l’envol du prix de l’énergie, l’organisme a annoncé au mois d’octobre devoir prendre des mesures d’urgence.
Barème d’accès à l’aide alimentaire plus stricte, baisse de la quantité de denrées distribuées… « Avant nous prenions plus de personnes en hiver, mais avec le reste à vivre revu à la baisse, ce ne sera pas le cas cette année. Et pour ceux qui entrent toujours dans les critères, nous ne distribuerons plus que quatre repas par personne et par semaine, contre les sept habituels », déplore Marie-Laurence Auberger.
Sophie est désemparée face aux restrictions
Sophie fait partie des personnes qui pâtissent fortement des dernières restrictions. En situation d’invalidité, cette maman de deux enfants dont elle s’occupe seule a appris le jour de sa réinscription qu’elle n’entrait plus dans les critères et qu’elle ne pourrait plus bénéficier de l’aide de l’association. « Je ne m’y attendais pas du tout, assure la mère de famille en remplissant le dernier sac de denrées alimentaires auquel elle aura droit. Je ne sais pas comment je vais faire. Ces aliments représentaient environ 30 à 50 euros d’économies par semaine. Avec l’inflation, le prix de l’essence qui augmente et mes deux adolescents à la maison, c’était une aide essentielle pour moi. »
Derrière le comptoir, les bénévoles continuent de mener leur mission à bien dans la bonne humeur mais les histoires comme celle de Sophie n’auront de cesse de les attrister. « On voit de plus en plus de gens qui vivent des situations terribles, mais ça nous touche toujours autant », assure Chantal, bénévole. « On fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on nous donne », soupire sa consœur Catherine.
2023-11-21 08:40:00
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