Nouvelles Du Monde

Rencontre avec Ridley Scott à Paris pour la promotion de son film “Napoléon”

Rencontre avec Ridley Scott à Paris pour la promotion de son film “Napoléon”

Le temps d’assurer la promotion de Napoléonson vingt-huitième long-métrage, Ridley Scott a établi ses quartiers généraux au Bristol, le plus british des palaces parisiens. Ne comptez pas sur lui, cependant, pour raviver le lustre de la Perfide Albion. A près de 86 ans, le cinéaste anglais, barbe en bataille et verbe saillant, soigne ses allures de vieux briscard, rescapé du champ de ruines hollywoodien.

Tyran ou libérateur, fin stratège ou dépassé par les événements, fort ou vulnérable : qui était, au fond, Napoléon ?

Il était tout cela à la fois : orange, bleu, vert, rouge… Un vrai kaléidoscope. Son pouvoir d’attraction tient, en grande partie, à cette ambiguïté. Je note une constante, cependant : son admirable intuition. Il en fait étalage lors du siège de Toulon, en 1793, durant lequel il défait les Anglais. Dès lors, il se fiera à cette voix intérieure comme à une boussole.

Lire aussi  Des archéologues découvrent les restes de la plus ancienne forteresse artificielle de Sibérie | Science

Un thème musical scande mon film : on dirait la voix d’un berger qui réconforte, la nuit, ses moutons – une voix rugueuse, comme la mienne en ce moment. Les Corses ont la réputation d’être agressifs. Napoléon était-il un mafieux ? Non. Mais il ne supportait pas les imbéciles qui dirigeaient et saccageaient la France.

Pourquoi donnez-vous une si piètre image de vos compatriotes ?

Dans le film, les Anglais sont soit froids, soit idiots. Il était temps de rendre les Français glamour ! Napoléon était furieux parce qu’il ne contrôlait que la terre, pas la mer. « Vous vous croyez supérieurs juste parce que vous avez des bateaux ! », lance-t-il à l’ambassadeur anglais. La réplique n’était pas dans le scénario, Joaquin Phoenix l’a improvisée. Napoléon a façonné sa légende. Avec le temps, il s’est mis à croire sa propre image, sa propre publicité.

Bouclez-vous la boucle ouverte avec « Les Duellistes » (1977) ?

Votre premier film reste toujours avec vous. J’ai fêté mon quarantième anniversaire sur le tournage des Duellistes. J’ai commencé dans la pub, j’avais du succès, il fallait que je passe à la réalisation avant de devenir trop vieux pour Hollywood.

Lire aussi  C'est ainsi que tous les passagers de l'accident au Japon se sont échappés
Lire la critique : Article réservé à nos abonnés « Napoléon », un Bonaparte sur le champ de bataille de l’intime

J’ai trouvé une nouvelle de Joseph Conrad [Le Duel, 1908, traduit en français en 1987 chez Gallimard]une lutte des classes qui faisait écho à Guerre et Paix [1867]de Léon Tolstoï. Deux soldats se défient en duel près de vingt fois en une vingtaine d’années. A la fin, ils ne se souviennent plus de la raison première de leur antagonisme. Cela résume l’idiotie et la folie de la guerre. Tout le monde y perd. Dans Les DuellistesNapoléon n’apparaît que comme une ombre, un dieu nouveau vénéré par ses troupes. Ce film a éveillé ma fascination pour lui.

Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

#Joséphine #était #talon #dAchille #Napoléon
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT