Rencontre avec Marion Schramm, accessoiriste de cinéma

Parfois, elle se sent comme une magicienne surprise par ses créations, pensant que la chance et le hasard y sont pour quelque chose. Son métier, elle le pratique passionnément dans l’ombre, avant et après les séquences, avec l’aide de son équipe. Avant : s’imprégner du scénario, laisser les idées se former, dessiner, rechercher et discuter (beaucoup) avec le réalisateur, pour matérialiser l’imaginaire au service de l’histoire et des personnages. Après : déconstruire, rendre chaque objet à son propriétaire, remettre les lieux dans leur état initial, comme si rien ne s’y était passé.

Cependant, en cet après-midi de novembre, Marion Schramm est présente sur le tournage au Caux Palace, au-dessus de Montreux. Avec une écharpe bleu-violet légère autour du cou, en jeans et baskets, elle propose, souriante, de s’installer un peu à l’écart du brouhaha et des va-et-vient. “Normalement, sur le plateau, ce sont les accessoiristes qui veillent à ce que tout se passe bien. Mais pour les scènes comme celle d’aujourd’hui, où tout le monde se retrouve dans la grande salle à manger, il est important que je sois là”, explique-t-elle dans un français fluide, parsemé de quelques anglicismes. Ensuite, elle s’inquiète à l’idée de parler de son travail juste autour d’une table : “C’est toujours plus facile dans un décor.” Comme lors de la visite de la presse à l’Hôtel du Righi vaudois à Glion, deux semaines auparavant, où se tournaient d’autres scènes. Elle nous emmenait alors, enthousiaste, du grand hall de l’édifice désaffecté, transformé en espace de réception somptueux, à la cave abandonnée du bâtiment voisin, en métamorphose pour devenir la cuisine du Palais d’Hiver. Et partout, ce mariage bluffant entre le faux et le vrai, les illusions parfaites et les éléments authentiques.