Couler la fondation d’une maison en usine, construire la toiture à l’abri des intempéries, numériser les opérations sur le chantier ou habiller les travailleurs d’exosquelettes pour les aider à mieux faire leur travail : voilà quelques idées mises de l’avant pour amener l’industrie à sortir de ses vieilles habitudes et être plus efficace.
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) regorge d’idées pour insuffler un vent de modernité à une industrie bien à l’aise dans ses manières de faire. Leur directeur du service technique, Marco Lasalle, est convaincu qu’il faut augmenter la cadence pour arriver à construire le million de logements nécessaires d’ici 2030.
Et cela passe, selon lui, par une plus grande utilisation de la préfabrication. Je n’y vois que des avantages : meilleur contrôle de la qualité, meilleure gestion de la santé et sécurité au niveau des ouvriers et augmentation de la cadence de travail.
L’APCHQ croit que les entreprises doivent moderniser leurs méthodes de construction.
Photo : Radio-Canada / ANDRÉ VUILLEMIN
La professeure au département de génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ÉTS), Ivanka Iordanova, estime même que le Québec doit s’inspirer d’autres pays et industrialiser davantage les procédés de construction. La fabrication en usine permet, selon elle, plus d’efficacité et de meilleures performances écoénergétiques.
Tout le monde y gagne, tant les ouvriers que les acheteurs. Au Japon, par exemple, quand tu achètes une maison préfabriquée, elle vient avec une garantie de 20 ans. Le manufacturier s’engage à faire toutes les réparations. Qui ne voudrait pas d’une telle maison?
demande-t-elle.
Travailler plus sécuritairement
L’APCHQ projette presque l’industrie dans un film de science-fiction en proposant le recours à des exosquelettes pour aider les travailleurs à réaliser plus aisément et sécuritairement leurs tâches. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui freine le développement de l’industrie, se préoccuper de la santé des travailleurs est un incontournable, croit Marco Lasalle.
Une ouvrière perce un mur de béton à l’aide d’un appareil installé sur son exosquelette.
Photo : YouTube / Freshco Retail Maintenance
Les exosquelettes vont faire en sorte que les gens vont mieux vieillir avec moins de bobos. Ils vont aussi faire en sorte que quand ceux qui arrivent le soir à 17 h sont encore capables de s’amuser avec les enfants et prendre soin de la famille.
Changer, mais pas à n’importe quel prix
Le propriétaire des Entreprises Lachance, Patrick Lachance, est toutefois loin de souscrire à l’idée de construire davantage en amont. Celui qui a érigé 4500 maisons et unités de logement au cours des 30 dernières années estime qu’une maison doit être bâtie sur le terrain, en suivant les étapes habituelles, de la fondation à la toiture. Je suis convaincu que la recette qu’on a est la plus économique
dit-il sans hésitation.
Des experts estiment que les entreprises auraient intérêt à recourir davantage à la préfabrication.
Photo : Radio-Canada / ANDRÉ VUILLEMIN
Cette recette consiste à tout faire en chantier, ou presque. Certaines parties des maisons sont toutefois préfabriquées, comme les poutrelles et les chevrons. Les 2 par 6 pour monter les murs sont aussi coupés d’avance, précise-t-il. Les gars sur les chantiers sont rapides. Ils ont de bons outils. Ça se montre très vite.
L’APCHQ comprend que les constructeurs soient réfractaires aux changements. Ce sont 80 % de ses membres qui sont des entreprises de cinq employés ou moins. Marco Lasalle, estime toutefois qu’ils auraient intérêt à explorer toutes les possibilités que la préfabrication offre aujourd’hui.
J’inviterais l’industrie au Québec à aller plus loin, c’est-à-dire de sortir les murs avec les fenêtres déjà installées, ce qui se fait ailleurs dans le monde, notamment en Angleterre. Même sortir les panneaux de planchers déjà assemblés […] il ne resterait que les finis de planchers à installer.