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Réforme de la hausse des droits de scolarité universitaires au Québec

Réforme de la hausse des droits de scolarité universitaires au Québec

La ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, réévalue en profondeur sa révision controversée des droits de scolarité universitaires. Elle a ainsi annoncé jeudi que l’Université Bishop’s serait exemptée de sa réforme, que la hausse de frais pour les étudiants du “reste du Canada” serait adoucie et que de nouvelles exigences de financement liées à l’apprentissage du français seraient instaurées.

En entrevue au Devoir, la ministre a par ailleurs déclaré que les étudiants francophones originaires des autres provinces canadiennes seraient exemptés des hausses annoncées.

M. Déry s’en est remise au réseau social X pour annoncer qu’elle revoyait la quasi-totalité de l’annonce faite le 13 octobre dernier, qui avait causé une levée de boucliers dans le monde syndical et au sein des universités, francophones comme anglophones.

De nouvelles conditionsau financement

La ministre Déry a par ailleurs annoncé que le financement des universités McGill et Concordia serait lié à l’atteinte d’objectifs sur l’apprentissage du français et aux « pratiques linguistiques » de ces établissements.

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À partir de 2025-2026, 80 % des nouveaux inscrits non québécois dans un programme d’études anglophone « devront atteindre, au terme de leur programme de grade de premier cycle, le niveau 5 à l’oral ». Ce niveau (sur une échelle qui en comprend 12) équivaut à la capacité de communiquer sur des sujets courants, de décrire « l’essentiel » d’une situation.

Tous les étudiants non québécois seront pris en compte : parmi les 80 %, il pourrait donc y avoir des apprenants qui maîtrisaient déjà le français à leur arrivée à l’université. « On francise, et c’est une très bonne chose. […] Mais ce qu’on souhaite aussi, c’est encourager et pousser les universités à aller [recruter des étudiants] dans des bassins plus francophones », a expliqué M. Déry. Elle espère ainsi « changer le visage de Montréal ». Actuellement, 17,5 % des étudiants étrangers qui sont sur les bancs des universités anglophones sont des francophones, selon le cabinet Déry. Parmi les étudiants provenant des autres provinces canadiennes, quelques centaines sont francophones.

On francise, et c’est une très bonne chose. […] Mais ce qu’on souhaite aussi, c’est encourager et pousser les universités à aller [recruter des étudiants] dans des bassins plus francophones.

De l’avis de McGill, l’atteinte du niveau 5 pour un non-francophone requiert 200 heures de cours. Selon Concordia, cette cible est « irréaliste et inatteignable ». Les deux universités avaient auparavant proposé de franciser 40 % de leurs étudiants non francophones. La cible de 80 % est « inatteignable » et entraînera « une chute sans précédent » des inscriptions, « chute qui pourrait compromettre l’avenir même de l’Université McGill », a prévenu l’établissement.

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Un adoucissement pour le ROC

M. Déry revoit aussi sa position sur la tarification des étudiants canadiens non-résidents du Québec. En octobre, elle avait annoncé son intention de faire passer leurs droits de scolarité de 8992 $ à 17 000 $. Elle affirme dorénavant que les droits passeront à un minimum de 12 000 $. L’élue dit « laisser sur la table 50 millions de dollars », mais être en mesure de générer « une marge financière de 100 millions » pour l’État québécois, notamment parce que « le nombre d’inscriptions augmente ». Les étudiants francophones des autres provinces canadiennes « vont rester au tarif de 9000 $ », a assuré la ministre.

Pour Fabrice Lebeau, premier vice-président exécutif de McGill, la proposition de la ministre Déry équivaut à offrir de payer 50 000 $ plutôt que 75 000 $ pour une voiture qui en vaut 25 000 $ en Ontario. « C’est toujours aussi irréaliste en matière de concurrence », a-t-il lancé. McGill a dit avoir déjà observé une baisse de 20 %, en un an, dans les demandes d’admission en provenance des autres provinces canadiennes.

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La seule mesure de l’annonce du 13 octobre qui tient toujours est celle qui concerne les étudiants étrangers, qui auront à payer un prix plancher de 20 000 $.

De cette somme, le gouvernement prélève « une taxe d’environ 5000 $ » par étudiant, a souligné McGill. Concordia calcule que la part qui revient à Québec est, en moyenne, de 5500 $. M. Déry avance plutôt que son ministère récupère 3000 $. L’idée de ce système de péréquation est de « rééquilibrer les revenus en provenance des étudiants internationaux » pour favoriser la croissance des universités francophones, selon le gouvernement.

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