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Rapprocher la justice des victimes et créer une communauté de pratique ? Quelques réflexions sur les moyens de mettre en œuvre la politique du Bureau du Procureur de la CPI en matière de complémentarité et de coopération – EJIL : Parlez !

Rapprocher la justice des victimes et créer une communauté de pratique ?  Quelques réflexions sur les moyens de mettre en œuvre la politique du Bureau du Procureur de la CPI en matière de complémentarité et de coopération – EJIL : Parlez !

Le Bureau du Procureur (BdP) de la Cour pénale internationale (CPI) a lancé une consultation publique sur son projet de politique en matière de complémentarité et de coopération (« Projet de politique ») le 6 octobre 2023. Le projet de politique contient quatre piliers destinés à constituer la base pour approfondir l’engagement du Bureau du Procureur auprès des autorités nationales : créer une communauté de pratique, la technologie comme accélérateur, rapprocher la justice des communautés, et exploiter les mécanismes de coopération. Cet article examine brièvement ces deux derniers éléments, compte tenu de leur pertinence pour la participation significative des victimes des principaux crimes internationaux aux différents stades des procédures à La Haye, devant les juridictions nationales ou régionales. Il fait valoir que, malgré le peu d’informations contenues dans ce document politique, celui-ci ne va pas assez loin pour refléter l’importance du principe de complémentarité pour parvenir à une justice axée sur les victimes. Certaines recommandations sont formulées sur la façon dont le projet de politique peut être amélioré à cet égard.

Les principes de complémentarité et de coopération sont essentiels à la réalisation par la CPI de son mandat consistant à compléter la lutte contre l’impunité pour les principaux crimes internationaux tout en travaillant avec les États qui conservent la responsabilité principale de la lutte contre ces crimes. Le Bureau du Procureur joue un rôle clé dans l’application des différentes dispositions du Textes juridiques fondamentaux de la Cour qui sont liées au principe de complémentarité, notamment les dispositions sur la recevabilité (articles 17 à 20 du Statut) et les dispositions relatives aux examens et enquêtes préliminaires (articles 15, 53 et 54). L’interprétation du principe de complémentarité contribuera à déterminer si la justice sera rendue dans le contexte du Statut de Rome et par qui – les États ou la CPI ? Où? …à La Haye, dans les juridictions nationales ou régionales ? Les victimes peuvent-elles participer et comment (le cas échéant) peuvent-elles contribuer à façonner la justice ? La complémentarité et la coopération ont fait l’objet de publications académiques de différents types, y compris des articles de blog par exemple, ici, ici, ici, ici et ici. Néanmoins, très peu d’écrits ont été écrits sur l’impact de la complémentarité sur la manière dont la justice pour les victimes peut être recherchée et réalisée. Voir Par exemple, Le travail de Moffett sur ce.

Le projet de politique témoigne de l’intention du Bureau du Procureur de rester déterminé à travailler avec les parties prenantes et les partenaires en matière de complémentarité et de coopération, en particulier les États, les organisations régionales, les organisations de la société civile (OSC) et les victimes, pour atteindre les objectifs du Statut de Rome. Le Bureau du Procureur vise à rapprocher la justice des victimes en établissant une présence sur le terrain, en établissant des relations plus étroites avec les communautés affectées et en développant une compréhension plus approfondie des contextes et des cultures locales (Projet de politique, 62-86). Cependant, le projet de politique peut être amélioré pour garantir qu’il reflète fidèlement à quel point la complémentarité est cruciale pour parvenir à une justice axée sur les victimes. Ceci est ensuite examiné sous deux rubriques. Premièrement, la nécessité d’être inclusif dans la conduite des consultations avec les États concernant le partage des charges, la fourniture du soutien du Bureau du Procureur et la conclusion de protocoles d’accord (MoU). Deuxièmement, le projet du Bureau du Procureur d’intégrer son travail dans des mécanismes de lutte contre les crimes internationaux.

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Consultations avec les États, soutien aux mécanismes nationaux ou régionaux de lutte contre les crimes internationaux et conclusion de protocoles d’accord : la nécessité d’une inclusion

Le projet de politique fournit des explications sur les principes directeurs qui couvrent les moyens par lesquels le BdP peut opérationnaliser son approche à deux voies de partenariat et de vigilance pour garantir que tout en consultant et en travaillant avec les États coopérants, il ne compromettra pas sa capacité d’intervenir si la situation garantir. Au paragraphe 16, le projet de politique examine les cas de changement de circonstances dans une situation ou un cas à la suite d’une détermination de l’admissibilité. Il note que lorsque ces garanties :

“révision de cette évaluation, le Bureau le demandera de sa propre initiative. Lorsqu’il existe une possibilité d’aider les autorités nationales à mener des procédures pertinentes et authentiques, le Bureau les soutiendra de manière proactive..’

Qu’est-ce que cela signifie pour les victimes ? Dans quelles circonstances le Bureau du Procureur va-t-il réévaluer, quels sont les exemples d’indicateurs qui peuvent justifier une révision de l’évaluation ? L’absence de tout type de participation des victimes au processus concerné peut-elle déclencher ou faire partie d’un déclencheur d’une telle révision ? Que se passe-t-il si le BdP estime qu’une révision n’est pas nécessaire, quelles mesures pourrait-il prendre pour se tenir responsable, en s’assurant que sa décision est dans l’intérêt des victimes ? Ces questions sont légitimes étant donné que le préambule du Statut met en lumière les souffrances des victimes de crimes internationaux et la nécessité de lutter contre l’impunité pour de tels crimes. Les paragraphes 12 et 13 du projet de politique reconnaissent à juste titre l’importance du préambule en tant que partie essentielle du Statut qui contient des considérations essentielles à la vision du Bureau du Procureur exposée dans le projet de politique. Les textes juridiques fondamentaux de la Cour et diverses politiques et stratégies de la CPI reconnaissent les victimes en tant qu’acteurs ayant des droits au sein du système de justice pénale internationale, et font donc partie intégrante de la lutte contre l’impunité. Article 86 du Règlement de procédure et de preuve de la CPI Parmi d’autres le Bureau du Procureur, dans l’exercice de ses fonctions en vertu du Statut ou du Règlement, doit prendre en compte les besoins de toutes les victimes conformément à l’article 68. Par conséquent, le Bureau du Procureur devrait considérer et considérer comme importante l’inclusion des victimes et la manière dont leurs besoins sont pris en compte. et les intérêts sont pris en compte dans le cadre des facteurs à examiner pour déterminer si une révision de l’évaluation d’une situation ou d’un cas à n’importe quelle étape de la procédure est justifiée.

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Les paragraphes 14 et 15 du projet de politique prévoient des situations dans lesquelles il y a une action concurrente de la CPI et des États parties concernant des affaires éventuellement interconnectées, nécessitant des consultations et une coordination. Les paragraphes 122 et 123 soulignent la volonté du Bureau du Procureur d’explorer le partage de la charge dans certaines situations, ce qui est une bonne approche car elle élargit potentiellement les efforts de responsabilisation et augmente les possibilités de rendre justice à un plus grand nombre de victimes. Toutefois, la manière dont ces mesures sont mises en œuvre doit tenir compte des besoins et des intérêts des victimes grâce à des consultations continues avec elles, tout en s’adaptant à l’évolution des circonstances. Les récents litiges au titre de l’article 18, en particulier Afghanistan, Philippines et Venezuela Les demandes de report et les décisions ultérieures des chambres préliminaires et d’appel soulignent la nécessité de garantir que les consultations et les protocoles d’accord visant à maximiser la complémentarité et la coopération adoptent une telle approche. D’autant plus que le projet de politique stipule que le Bureau du Procureur « place avant tout les droits et les expériences des victimes/survivants en son centre » ? (Projet de politique, paragraphe 123). Le projet de politique fournit des exemples de différents protocoles d’accord entre le Bureau du Procureur et des États, tels que Venezuela, Colombieet Guinée. Par exemple, au 107 déclare que le Bureau du Procureur pourrait aider le Venezuela dans ses développements législatifs dans le domaine de la justice et dans le partage des connaissances et des meilleures pratiques avec les autorités nationales. Un tel soutien inclura-t-il le développement de dispositions efficaces en faveur des victimes et un moyen de contrôler leur mise en œuvre ? Cela peut contribuer à un cadre et un système juridiques plus favorables aux victimes.

Intégrer le travail de la CPI dans la gamme complète de mécanismes de lutte contre les crimes internationaux et la création d’un forum de coopération et de complémentarité

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Les paragraphes 23 à 35 du projet de politique soulignent l’importance d’intégrer le travail de la CPI pour renforcer son impact. Le paragraphe 102 explique que rien n’empêche le Bureau du Procureur de rechercher des moyens d’intégrer et de coordonner ses efforts le long de voies qui renforcent une approche globale de la justice transitionnelle afin d’offrir des recours aux victimes. Le projet de politique stipule qu’un Forum de complémentarité et de coopération sera créé et devrait devenir opérationnel début 2024. Il devrait constituer une plate-forme de partage d’expertise et de discussion et d’élaboration de normes communes pour les enquêtes et les poursuites concernant les principaux crimes internationaux. Les praticiens du droit, les enquêteurs, les analystes criminels, les médecins légistes, les enquêteurs financiers, les spécialistes nationaux, les linguistes, les gestionnaires de bases de connaissances, les experts en stratégies opérationnelles et de protection, ainsi que les spécialistes de la coopération judiciaire devraient avoir leur place dans ce forum (Projet de politique, paragraphes 33). -35). Au 15 avril 2024, il n’existe aucune information publique sur l’existence d’un tel forum.

Le projet de politique ne mentionne pas expressément les représentants des victimes parmi ceux qui participeront au forum. On espère qu’un tel forum aura de la place pour eux pour les raisons d’inclusivité évoquées ci-dessus. Actuellement le Division de la complémentarité et de la coopération des juridictions (JCCD) du Bureau du Procureur ne dispose pas d’un fonctionnaire dédié chargé de se concentrer sur les besoins et les intérêts des victimes en ce qui concerne les questions de complémentarité à toutes les étapes de la procédure. Une telle personne peut mieux assurer la liaison avec le OPCVet SRVP faciliter la consultation des victimes et des communautés affectées en ce qui concerne la prise de décisions importantes en matière de complémentarité et de coopération, et garantir qu’aux intervalles appropriés, les victimes reçoivent des mises à jour importantes concernant leurs soumissions à la Cour. Alors que notant le introduction de la tables rondes thématiques Pour améliorer l’engagement avec les OSC, le Bureau du Procureur devrait envisager de créer un rôle d’agent de liaison avec la société civile (et pas seulement d’expert en coopération) au sein de son JCCD.

Le projet de politique du Bureau du Procureur est une évolution bienvenue, mais davantage devrait être fait pour refléter l’importance de la complémentarité pour rendre justice aux victimes. Les propositions faites ici peuvent contribuer à une transparence améliorée, essentielle aux objectifs du Bureau du Procureur visant à rapprocher la justice des victimes et à créer une communauté de pratique.

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