Raciste, sexiste, colonial ? Les noms des dinosaures sont désormais au centre de l’attention

EC’est une initiative polarisante – et elle concerne les noms d’animaux disparus. Plus précisément : celle des dinosaures. Dans une étude qui n’a pas encore été publiée, des chercheurs de l’Université d’Erlangen, dirigés par la paléobiologiste Emma Dunne, ont examiné si les noms des dinosaures correspondaient à l’air du temps d’aujourd’hui. Comme le Le journal “Bild” rapports, l’étude devrait être publiée en avril.

Les scientifiques ont analysé environ 1 500 noms de dinosaures de la période mésozoïque. Moins de trois pour cent d’entre eux ont été classés comme problématiques, comme le rapporte la revue « Nature ». Les noms problématiques seraient des noms de dinosaures « racistes, sexistes, dans un contexte (néo)colonial ou nommés d’après des personnalités controversées ».

De nombreux animaux ont été découverts lors d’expéditions entre 1908 et 1920 par des chercheurs allemands dans ce qui est aujourd’hui la Tanzanie, qui faisait alors partie de l’Afrique orientale allemande. L’équipe de recherche se plaint que de nombreux dinosaures portent le nom des chercheurs allemands et non des membres de l’expédition locale.

Par exemple, Werner Janensch, l’un des plus importants chercheurs allemands sur les dinosaures, a donné, entre autres, leurs noms aux dinosaures « Dicraeosaurus hermanni » et « Giraffatitan brancai ». La « Janenschia Robusta » de 30 tonnes porte même son nom.

Daniela Schwarz, qui dirige la collection de reptiles fossiles au Musée d’histoire naturelle de Berlin, a également récemment souligné « Tagesspiegel » Cela indique un passé sombre dans la dénomination des dinosaures. « Il y a parmi eux des gens qui ont apporté une contribution discutable à l’injustice coloniale », a-t-elle déclaré. Par exemple, le dinosaure « Dysalotosaurus lettowvorbecki » doit son nom à Paul von Lettow-Vorbeck, un officier colonial qui a participé à des atrocités dans les colonies allemandes.

En plus du passé colonial de nombreux noms, les chercheurs d’Erlangen ont également découvert qu’une nette majorité des noms de dinosaures ayant une terminaison spécifique au genre étaient des hommes. Pour éviter les stéréotypes, les scientifiques suggèrent, selon Nature, que les animaux soient nommés en fonction de leur apparence future. L’exemple donné est le « Triceratops », qui se traduit par « trois faces d’écureuil ».

« Bien sûr, les noms reflètent l’air du temps »

Cependant, les résultats de l’étude connus jusqu’à présent ne suscitent pas partout l’enthousiasme. Interrogé par WELT, le ministre bavarois des Sciences, Markus Blume (CSU), a déclaré : « Les dinosaures ont disparu, les absurdités ne meurent jamais. »

L’étude d’Erlangen est également considérée d’un œil critique dans certains domaines scientifiques. Le paléontologue de Münster, Ralph Becker, souligne qu’il ne connaît les résultats que par les médias. Il dit, en référence à des rapports pertinents : “L’auteur aurait mieux fait d’utiliser son temps pour de véritables recherches paléontologiques plutôt que pour cette populaire ‘aventure de l’air du temps’, mis à part les résultats sans surprise, apparemment plutôt maigres.”

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Il ne pense pas beaucoup à la proposition de nommer les dinosaures uniquement en fonction de leur apparition dans le futur. Il va sans dire que « des chercheurs respectés et méritants sont honorés par leurs collègues pour leurs recherches souvent inlassables et par ailleurs peu connues en les nommant. » Dans le passé, les sciences naturelles étaient très dominées par les hommes, mais cela a maintenant changé. La proportion de chercheuses est particulièrement élevée en paléontologie.

Le paléoanthropologue Friedemann Schrenk de l’Université Goethe de Francfort n’est pas surpris que certaines parties des noms de dinosaures ne correspondent pas à la vision du monde actuelle. « Bien entendu, les noms scientifiques reflètent l’esprit actuel du temps et la vision du monde dominante. Et logiquement, cette vision du monde en Europe, notamment entre le XVIIIe et le XXe siècle, a été façonnée par le racisme, l’impérialisme et le colonialisme.»

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Mais il trouve positif que l’étude d’Erlangen souligne désormais ces liens, même si le nombre de cas problématiques lui semble assez faible. “Je m’attendais à mieux.”

La Commission internationale de nomenclature zoologique (ICZN) – un corps élu de chercheurs qui émet des règles pour la dénomination de toutes les espèces animales au niveau international – a déclaré à la revue Nature que changer de nom par la suite n’était pas une option. Ceci n’est prévu que dans des circonstances extrêmes. Les noms insensibles n’ont pas été inclus. C’est pourquoi un coléoptère appelé « Anophtalmus hitleri » vit encore aujourd’hui en Slovénie. L’ICZN a déclaré qu’il n’était actuellement pas prévu de modifier les règles formelles.

Le paléontologue Becker salue les règles strictes de l’ICZN. « Les règles internationales de nomenclature sont fermes et claires et excluent à juste titre le changement de nom dans tous les autres cas. Une déviation conduirait à un chaos taxonomique, à une manipulation régionale et subjective et à une littérature incompréhensible.

Le ministère fédéral de l’Éducation de Bettina Stark-Watzinger (FDP) a laissé une enquête WELT sans réponse. Et l’Agence fédérale contre la discrimination affirme qu’elle « trouvera certainement d’autres interlocuteurs sur ce sujet ».

L’équipe de recherche d’Erlangen elle-même ne souhaite apparemment pas commenter publiquement les résultats de son étude. Une question écrite de WELT reste sans réponse. Le chef du département de paléobiologie, Wolfgang Kießling, réagit avec irritation à une demande téléphonique : après quelques secondes, il raccroche. On ne sait toujours pas pourquoi les scientifiques ne veulent pas parler de leurs propres recherches.