La gestion ratée par Alpine de la situation contractuelle d’Oscar Piastri lui a coûté deux pilotes de Formule 1, a laissé l’équipe au visage rouge et l’a gravement affaiblie pour les saisons à venir.
Tout le monde dans le paddock de F1 ne pense pas que Piastri et son manager Mark Webber ont fait ce qu’il fallait en abandonnant Alpine, qui soutient Piastri depuis 2020 et a mis en place un vaste programme de tests cette année en vue de faire de lui un pilote de F1 Alpine à long terme. , pour rejoindre McLaren en 2023.
Cependant, peu de gens ont de la sympathie pour Alpine suite à la décision du Conseil de reconnaissance des contrats de F1 cette semaine et les détails du verdict accablant qui ont lentement été révélés.
Piastri s’est vu remettre en question sa loyauté pour avoir voulu quitter Alpine en premier lieu et avoir tourné le dos au plan qui lui avait été esquissé. Alpine a insisté sur le fait que c’était quelque chose qu’il avait signé. Il est maintenant clair qu’il ne l’a pas fait et en outre, il est apparu que la façon dont Alpine a géré la saga a contribué à faire fuir Piastri.
Alors qu’Alpine a tenu sa part de l’accord en termes de ce qu’elle a offert à Piastri cette année, rien ne prouve qu’elle soit allée «au-delà» comme cela a souvent été dit. Et un verdict accablant du CRB montre qu’Alpine a mal traîné ses talons en arrière-plan.
Une “ feuille de conditions ” a été signée par Piastri le 15 novembre 2021 pour définir les bases de son contrat de pilote de réserve avant la conclusion d’un contrat de pilote de F1 à plus long terme. Diverses versions de “ce sera avec vous dans X” jours se sont déroulées sans que rien ne soit envoyé et l’accord de pilote de réserve ne s’était toujours pas traduit par quelque chose de concret en mars 2022, le début de la saison.
Alpine a dû traiter la feuille de conditions comme un contrat contraignant valide pour obtenir Piastri une superlicence 2022 en tant que pilote de réserve, même si ce n’était pas le cas. L’équipe a ajouté les mots “titres juridiquement contraignants” en haut du document que Piastri avait signé quatre mois auparavant et l’a soumis au CRB.
Cet arrangement de fortune n’a cependant pas dépassé la saison en cours. Et Alpine a tellement tâtonné le reste du processus qu’il a fallu des mois à Piastri pour recevoir une proposition de contrat complète pour 2023-2026.
Cela est arrivé en mai, a tracé une éventuelle période de prêt de deux ans chez Williams et n’a pas garanti à Piastri une conduite alpine avant 2025 au plus tôt. The Race comprend que cela a été regardé avec acharnement par le CRB, qui a décrit Alpine comme “hésitant à propos d’un contrat de pilote de F1 pour Piastri au cours des huit derniers mois”.
Combiné avec le processus prolongé qui, selon Piastri, lui a fait perdre confiance en Alpine, cela a contribué à ce que le passage à McLaren soit recherché à la place. Aucun contrat n’a jamais été signé, le comportement d’Alpine a contribué à aliéner son protégé et son manager, et McLaren s’est imposé comme une alternative concrète et enthousiaste.
Malgré tout cela, Alpine pensait que tout allait bien. Ou du moins sous contrôle. Sa confiance était tellement mal placée qu’Alpine a continué à jouer dur avec Fernando Alonso et, lorsqu’elle a perdu Alonso, a continué à revendiquer un droit absolu aux services de Piastri pour 2023 et même 2024.
“Fernando était un agent libre, il a donc pu négocier avec qui il voulait, et c’est ce qui se passe”, a déclaré samedi le directeur de l’équipe Alpine, Otmar Szafnauer.
«Nous avons mis un contrat devant Fernando, qui a été négocié pendant un certain temps au point où… un accord doit être bon pour les deux parties. Nous étions satisfaits d’aussi loin que nous pouvions aller dans la négociation, et Fernando a choisi de faire autre chose et c’est compréhensible.
“Avec Oscar, le CRB a décidé que le contrat qu’il avait signé avec McLaren avait préséance – mais nous ne l’avons appris qu’hier.”
C’est vrai, jusqu’à un certain point. Mais il ne reconnaît pas tout ce qu’Alpine savait avant cela.
Au sein de l’organisation alpine, on savait que Piastri avait défini un accord sur les termes en novembre précédent mais n’avait pas de contrat pour 2022, sans parler des années qui ont suivi. Ce qui n’est pas clair, c’est qui le savait. Juste l’avocat d’Alpine, ou la haute direction aussi ? Cela aurait sûrement été connu de toutes les personnes concernées, à savoir le PDG Laurent Rossi et Szafnauer.
On savait certainement que le comportement d’Alpine et son offre, ainsi que l’intérêt de McLaren, avaient fait tourner la tête de Piastri. The Race comprend qu’Alpine a été informée pour la première fois des intentions de Piastri dès le mois de juin.
Il est étonnant dans ce contexte que les négociations avec Alonso aient alors pu être aussi laxistes, mais cela nous ramène à la croyance erronée selon laquelle l’emprise d’Alpine sur Piastri était sûre.
Cette attitude a conduit Alpine à perdre un double champion du monde et une perspective d’avenir très appréciée. L’équipe de l’année prochaine sera composée d’Esteban Ocon et (au mieux) d’un pilote de troisième choix.
Cela ne correspond pas à la forme sur piste mobile d’Alpine ou à ses ambitions plus grandes et constitue une complication pour un projet qui avait autrement semblé sur une bonne trajectoire cette année.
Alpine n’aurait jamais pu imaginer qu’elle perdrait un, sans parler des deux, d’Alonso et de Piastri. Il faut donc se demander si les détails exacts du contexte de l’absence de contrat de Piastri étaient même connus des plus hauts responsables de l’organisation.
“Luca [de Meo, Renault’s CEO] ne fait pas les choses quotidiennes dans l’équipe », a déclaré Szafnauer. “Loin. Il définit les objectifs généraux et les buts et fournit une ressource dont nous avons besoin pour être en mesure d’atteindre ces objectifs. Et c’est son rôle.
« Laurent s’occupe principalement de la marque Alpine que nous construisons et avec laquelle nous faisons du bon travail.
“Mon rôle est ici avec l’équipe, les choses au jour le jour, y compris la négociation des contrats avec les pilotes. Je le ferai au mieux de mes capacités à l’avenir. Je le fais depuis 25 ans déjà.
“Et je peux vous assurer que ce genre de chose, une fois que nous aurons le regard rétrospectif, sera corrigé.”
Ce que les meilleurs chiens savaient ou ne savaient pas pourrait être crucial pour comprendre comment cela a été autorisé à se dérouler comme il l’a fait.
Combien est tombé entre les mailles du filet ? Était-ce simplement cru aveuglément qu’il s’agissait d’un accord juridiquement contraignant? À quel moment, le cas échéant, les hauts responsables ont-ils senti qu’une erreur massive avait été commise ? Le “shilly-shallying” était-il si grave après novembre que le pire des dégâts a été fait avant même que Szafnauer ne rejoigne l’équipe en mars ?
Alpine pourrait ne pas se soucier de ces questions spécifiques, mais des variantes d’entre elles seront sûrement posées, si elles ne l’ont pas déjà fait.
Il y a eu d’énormes oublis dans ce processus et Alpine a désespérément besoin d’un post-mortem approfondi, car la seule doublure argentée sera de s’assurer que cela ne se reproduira plus jamais.
En attendant, Alpine doit accélérer la signature et l’annonce du coéquipier d’Ocon en 2023. C’est la seule façon d’avoir un certain contrôle sur un récit embarrassant et de commencer à tourner la page.
