Que pourrait changer le roi Charles pour les finances royales

Lorsque le prince Charles a eu 65 ans, l’âge auquel les Britanniques avaient droit à une pension d’État, en 2013, il a annoncé qu’il donnerait ses 110 £ (alors 177 $) par semaine à une association caritative. Ce n’est pas comme s’il était sur le point de prendre sa retraite. Maintenant qu’il est roi – un poste qu’il a attendu toute sa vie – il n’a pratiquement plus besoin d’argent. La richesse de la famille royale provient d’une variété complexe de sources : les contribuables, les successions (appelées duchés) et d’autres actifs privés. Charles n’a pas caché ses plans pour changer la monarchie; par exemple, il veut réduire le nombre de membres de la famille royale travaillant pour la couronne. Que pourrait signifier son règne pour les finances de la famille ?

Expliquons d’abord comment la monarchie est financée. En 2012, le Royaume-Uni a remplacé l’ancien système de subventions en passant au système dit liste civile (une somme annuelle qui couvrait certaines dépenses liées à l’exercice de fonctions officielles) al subvention souveraine (toujours une somme versée annuellement par le trésor public, mais liée aux revenus du domaine de la Couronne, un portefeuille immobilier et financier détenu par la couronne). Depuis lors, le montant qu’il a versé à la redevance pour couvrir le personnel, les déplacements et l’entretien des palais a fortement augmenté, passant de 31 millions de livres sterling au moment de son introduction à 86 millions de livres sterling en 2021-22. Le montant est calculé comme une part des revenus du Trésor provenant du Crown Estate, un ensemble de terres et d’actifs qui comprend l’hippodrome d’Ascot, une grande partie du centre de Londres et une grande partie des fonds marins du Royaume-Uni. Bien que le monarque soit techniquement propriétaire du domaine, celui-ci est géré de manière indépendante et appartient de facto à l’État. En 2021-2022, ses bénéfices étaient de 313 millions de livres sterling.

Séparément, la famille empoche les revenus des duchés de Lancaster et de Cornouailles, constitués de terres, de propriétés et d’actifs financiers. En tant que roi, Charles hérita du duché de Lancaster et passa le duché de Cornouailles au prince William, son héritier présomptif. En 2022, les actifs des duchés valaient collectivement 1,7 milliard de livres sterling et leurs bénéfices s’élevaient à environ 47 millions de livres sterling au total. Tout cela couvre les dépenses privées de la famille royale. Lorsqu’il était prince de Galles, Charles a payé à William et à sa femme Kate des millions de livres. Entre-temps, la reine a soutenu ses autres enfants, Anna, Andrea et Edoardo. Enfin, alors que de nombreux palais dans lesquels vivent les membres de la famille royale ne peuvent être vendus, la famille possède d’autres propriétés privées dont elle peut faire ce qu’elle veut. La reine, par exemple, avait hérité de son père, George VI, deux domaines ruraux : Balmoral en Écosse et Sandringham dans le Norfolk.

Moderniser l’entreprise
Comment le nouveau chef de famille va-t-il changer ces dispositions ? La plupart des monarchies européennes se débrouillent avec une poignée de membres à part entière (la Norvège en compte quatre), contre les douze qui exercent des fonctions officielles régulières pour la couronne britannique. La réduction de la main-d’œuvre peut réduire le coût de la sécurité, mais cela est payé par la police métropolitaine, avec des fonds distincts de ceux de la subvention souveraine. Le coût exact n’a pas été divulgué, mais il est estimé à au moins cent millions de livres par an. Les frais de personnel et de déplacement, qui font partie de la subvention, pourraient également diminuer.

Mais ne vous attendez pas à une monarchie économe pour l’instant. Les termes de la accorder ils sont réexaminés tous les cinq ans ; le dernier examen devrait être achevé d’ici avril 2023. David McClure, auteur de La vraie valeur de la reine (Combien coûte vraiment la fortune de la reine), définit le subvention souveraine une taxe en constante augmentation, et note que le montant n’a jamais diminué. En 2016, il est passé de 15% des bénéfices du domaine de la couronne à 25%, théoriquement de manière temporaire, pour payer la rénovation du palais de Buckingham.

Mais la pandémie de covid-19 a contraint les palais royaux à fermer, ce qui les a privés d’environ 15 millions de livres sterling de revenus de visiteurs (estimations de septembre 2020). Même si la subvention devait revenir à 15%, les baux prisés pour les parcs éoliens offshore sur des parties des fonds marins appartenant à la couronne promettent d’augmenter les bénéfices au cours des prochaines années, augmentant ainsi les fortunes royales.

Les autres sources de revenus de la famille seront peu affectées par le décès de la reine. Les duchés ne sont pas soumis à l’impôt sur les successions, et un accord conclu en 1993 pour protéger la succession du monarque signifie qu’il en va de même pour tous les autres actifs laissés à son successeur, ce qui signifie que toute la succession de la reine ira probablement à Charles (l’accord a été controversé appliqué au domaine de la reine mère en 2002, y compris sa collection d’œufs de Fabergé, bien qu’elle n’ait jamais été souveraine). Et il est peu probable que Charles exclue ses frères des bénéfices des duchés. La manière exacte dont cet argent est distribué reste floue. Selon McClure, une plus grande transparence sur la façon dont les bénéfices du duché sont dépensés est le véritable test décisif pour juger de tout effort de modernisation de la monarchie.

(Traduction de Federico Ferrone)