– Quatre floraisons attendues au retour de Pâques
Pour la mi-avril, La Comédie, l’Alchimic, le Loup et Saint-Gervais promettent un bouquet de créations locales qu’on se réjouit tout particulièrement d’aller butiner.
Elles bourgeonnent déjà, mais, bien élevées, laissent passer les célébrations religieuses avant d’éclore sans retenue sur les planches. Tandis que vous crapahuterez à la recherche d’œufs en chocolat enfouis sous l’herbette, laissez-vous d’ores et déjà arrêter par le parfum de cette petite gerbe de narcisses prêts à libérer leur pollen. On se réjouirait presque de la reprise des activités postpascales pour les cueillir. Et on se réjouit clairement de sarcler ici une intro exhalant par trop la métaphore saisonnière.
Pourquoi trépigner à l’idée d’aller découvrir «Pile ou face» du 19 au 28 avril à la Comédie? Deux bonnes raisons au moins. D’abord, les signataires du projet, réunis sous la bannière du collectif CLAR. À savoir, dans l’ordre des initiales formant l’acronyme: Chloë Lombard, Loïc Le Manac’h, Arnaud Huguenin et Romain Daroles, tous issus de la promotion H de la Manufacture. Tout ce qu’on sait d’eux attire, à commencer par leur participation en 2022 à ce formidable «Platonov» à ciel ouvert – une immersion tchékhovienne de douze heures emmenée tambour battant par Mathias Brossard.
Miroir exhumé
Le quatuor s’adjoint les services de la comédienne aguerrie Marie-Madeleine Pasquier pour plonger cette fois dans l’œuvre méconnue de la Vaudoise Catherine Colomb (1892-1965). Une autre raison de saliver: l’écriture de ce premier roman, adapté et mis en scène dans une «absolue horizontalité», fleure bon la langue du terroir et la grinçante critique sociale. Où l’on s’immiscera au gré du feuilleton dans le quotidien d’une famille «tièdement bourgeoise», selon le descriptif, pour entrevoir un revers de la médaille fait de renoncements confinant à la suffocation. Que de jeunes pousses s’unissent pour déterrer un miroir oublié, avouons que ça motive.
Zoom arrière dans le temps, destination la préhistoire, mais toujours dans le cadre d’une famille ordinaire: un père découvreur du feu, sa fille inventrice de l’art et un oncle ennemi du progrès. En adaptant le roman de Roy Lewis, «Pourquoi j’ai mangé mon père»Dylan Ferreux, formé en sciences de l’environnement avant de se convertir au théâtre, tente un parallèle drolatique, à la croisée de la philosophie et de la politique, entre les Prométhée d’antan et la course moderne aux nouvelles technologies – nucléaire, biologie, intelligence artificielle… Pour vous téléporter vers l’avenir du genre humain du 18 avril au 5 mai à l’Alchimiquele metteur en scène convie cinq comédiens du cru à prendre place autour d’un primitif bûcher scénique.
Famille du Loup
La composante familiale prolifère tout naturellement jusqu’au Loup. Après tout, la dynastie qui gère le Théâtre depuis son érection en 1993 ne s’apprête-t-elle pas à battre retraite prochainement? On ne s’étonnera donc pas que le patriarche Eric Jeanmonod invite à bord de l’un de ses derniers équipages maison ses filles Lola et Juliette Riccaboni ainsi que leur maman Rossella. Non sans grossir leurs rangs du fidèle Thierry Jorand, des «enfants du Loup» Adrien Zumthor, Léon Zurn et Emil Zurn, et enfin de l’ami musicien, Maël Godinat.