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pourquoi l’œuvre vandalisée au Palais de Tokyo est-elle controversée?

pourquoi l’œuvre vandalisée au Palais de Tokyo est-elle controversée?

2023-05-08 11:29:02

Le tableau “Fuck abstraction!”, de l’artiste Miriam Cahn, est exposé au Palais de Tokyo depuis février. Des associations jugent qu’il représente un enfant subissant un viol, tandis que le musée et l’artiste affirment qu’il s’agit d’un adulte et que l’œuvre veut dénoncer les crimes commis dans les zones de conflit.

Le tableau continue de faire parler. Une œuvre de l’artiste suisse Miriam Cahn, exposée au Palais de Tokyo depuis la mi-février, a été aspergée de peinture par un individu qui a agi seul dimanche. Les polémiques qui ont entouré son exposition semblent être au centre de cet acte.

Intitulé “Fuck abstraction!”, le tableau fait partie d’une rétrospective consacrée au travail de l’artiste. Pour l’association Juristes pour l’enfance, il représente “un homme imposant une fellation à un enfant”. Pour l’artiste et le centre d’art contemporainil montre “une personne adulte aux mains liées, contrainte à une fellation” et “vise à dénoncer ces actes barbares” dans un contexte de guerre.

L’acte de vandalisme commis ce dimanche a même attiré l’attention d’Emmanuel Macron, et surtout sa condamnation, dans un tweet publié ce lundi.

“S’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs. En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti”, a-t-il déclaré.

Un dispositif de médiation pour accompagner les visiteurs

Dès le 7 mars, le musée se disait “conscient” de ce que “la représentation artistique de la violence peut générer comme malentendus”. Il avait mis en place un dispositif de médiation autour de l’exposition et du tableau (messages d’avertissement, texte explicatif, médiateurs à proximité de l’œuvre…).

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Le 17 mars, la députée du Rassemblement national Caroline Parmentier avait dénoncé dans un tweet un tableau montrant “une scène de pédocriminalité” et demandé qu’il soit décroché. Deux jours après, l’association Juristes pour l’enfance avait fait la même demande via un communiquéavant de saisir le juge des référés du tribunal administratif de Paris. Elle estime notamment qu’ici, la peinture “sert de prétexte à banaliser la culture du viol d’enfant”.

“L’excuse invoquée d’une intention réelle ou supposée de la dénoncer ne justifie en rien de diffuser des scènes pédo-pornographiques”, affirme l’association de défense de droits des enfants.

Le Conseil d’État rejette la demande des associations

Sa demande de retrait ayant été rejetée, quatre autres associations de protection de l’enfance se sont jointes à la procédure et ont porté l’affaire devant le Conseil d’État.

Dans une décision rendue le 14 avril, la plus haute juridiction administrative française a estimé que les éléments mis en place par le musée pour avertir les visiteurs et replacer le tableau dans son contexte – la dénonciation des crimes commis dans les zones de conflit – étaient suffisants.

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“L’accrochage de ce tableau dans un lieu dédié à la création contemporaine et connu comme tel, et accompagné d’une mise en contexte détaillée, ne porte pas d’atteinte grave et manifestement illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne humaine”, est-il aussi écrit dans la décision du Conseil d’État.

Le soutien de plusieurs personnalités et organisations

Dans une tribune publiée dans Le Monde le 8 avril, 26 responsables de musées et d’institutions culturelles ont affirmé qu'”un musée ne saurait se réduire à un lieu présentant des œuvres destinées à reposer le regard, divertir et instagrammer”.

“Toute œuvre est par nature dérangeante car elle montre le monde réel ou imaginaire sous un jour différent”, ont-ils ajouté, soulignant leur propre rôle pour “donner aux publics envie de venir et de contextualiser la présentation des œuvres”.

L’Observatoire de la liberté de création a aussi apporté son soutien à Miriam Cahn et au Palais de Tokyo dans un communiqué publié fin mars. Le collectif d’associations et de syndicats y expliquait que “chacun est libre d’interpréter l’œuvre comme il l’entend”, mais que “la sortir de son contexte d’exposition, la diffuser en lui donnant une interprétation particulière (contraire à l’intention de l’artiste qui affirme que les personnages sont tous des adultes), et en demander son retrait, relève de la pure instrumentalisation”.

Une pétition et une lettre aux administrateurs du Palais de Tokyo

Les associations opposées au tableau n’en sont pas restées là et ont adressé le 2 mai une lettre aux “membres, administrateurs et amis du Palais de Tokyo”. Les 16 associations à l’origine de la lettre demandent encore le décrochage du tableau, dont l’exposition s’arrête le 14 mai, en guise de “mesure symbolique afin de préserver l’enfance”. Une pétition en ligne allant dans ce sens a aussi été signée par 14.000 personnes.

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L’homme ayant jeté de la peinture sur l’œuvre ce dimanche était “mécontent de la mise en scène sexuelle d’un enfant et d’un adulte représenté selon lui sur ce tableau” mais il ne fait pas partie d’un groupe activiste, a appris l’AFP d’une source proche du dossier.

Il “a été immédiatement appréhendé par les agents de sécurité (…) et emmené par la police”, a affirmé le Palais de Tokyo, qui “portera plainte pour dégradation de bien et entrave à la liberté d’expression”.

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a jugé dimanche que “le Rassemblement national a instrumentalisé ce tableau pour susciter la polémique et attaquer la liberté de création des artistes”, en référence à l’implication de la députée Caroline Parmentier dans cette affaire. “Sans cette instrumentalisation par le RN, nous n’en serions certainement pas arrivés là”, a-t-elle estimé.



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