Pourquoi les tensions en mer Rouge menacent le commerce mondial

Première modification : 12/12/2023 – 15:59

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Hier soir encore, dans le détroit de Bab-el-Mandeb, la « porte des lamentations » qui relie le golfe d’Aden à la mer Rouge, un pétrolier norvégien a été la cible de missiles tirés depuis le Yémen. Ce week-end, la marine française est intervenue pour intercepter des drones. Samedi 9 décembre, les rebelles Houthis ont prévenu qu’ils attaqueraient tout navire se dirigeant vers Israël si aucune aide n’était apportée à la population de Gaza.

Malgré ces tensions croissantes, la navigation dans la zone est restée largement inchangée. Mais le trafic vers Israël est fortement perturbé. Le port d’Eilat, sur la mer Rouge, a vu ses bénéfices chuter. Les navires qui utilisaient traditionnellement le canal de Suez pour atteindre les ports israéliens de la Méditerranée sont détournés, augmentant ainsi la durée et le coût du voyage. Les assureurs appliquent un supplément à tout transport à destination ou en provenance de l’État juif. Si le conflit s’intensifiait, le commerce mondial serait sérieusement affecté.

Une augmentation du volume des marchandises est à craindre

12 % des marchandises transitent par le canal de Suez. C’est une route importante pour les hydrocarbures : 10 % des produits pétroliers, 5 % du pétrole brut et 8 % du gaz naturel liquéfié empruntent cette route. Il s’agit d’une voie essentielle pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe. C’est également une route vitale pour le commerce des céréales, avec 7 % des expéditions en vrac passant par la mer Rouge. Si le détroit de Bab-el-Mandeb était bloqué, le trafic de marchandises pourrait encore augmenter. L’Egypte, qui dépend fortement des revenus du canal de Suez, serait le premier pays touché.

Ces risques sont d’autant plus préoccupants pour le secteur du transport de marchandises que le canal de Panama, l’autre grande voie de transit des marchandises, fonctionne au ralenti en raison de la sécheresse, qui réduit le tirant d’eau depuis plusieurs mois. Cela limite le passage des navires.

Il faut parfois attendre jusqu’à deux semaines pour naviguer sur le canal. Lassés des délais d’attente, les armateurs ont détourné certains de leurs navires via Suez, prolongeant ainsi le voyage de cinq jours supplémentaires. Si finalement nous devons éviter la mer Rouge et contourner l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance pour voyager entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique, les chaînes d’approvisionnement seront une fois de plus mises à rude épreuve.

Après l’Organisation maritime internationale (OMI), c’est désormais la Chambre de commerce des armateurs chypriotes qui a lancé hier un appel aux gouvernements.

L’OMI a appelé à la fin immédiate des attaques. La Chambre chypriote de la marine marchande, qui regroupe les armateurs, a soutenu cet appel et insiste désormais sur la sécurité des gens de mer. Certains affréteurs ont embauché des gardes armés. Ils ont été formés pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes, mais pas pour répondre aux attaques de drones. Face à cette menace, la seule réponse appropriée est la réponse militaire.