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pourquoi l’écrivain Nicolas Mathieu s’oppose à Gérald Darmanin

pourquoi l’écrivain Nicolas Mathieu s’oppose à Gérald Darmanin

2023-08-04 16:52:44

Le prix Goncourt 2018, révolté par la censure d’un roman jeunesse par le ministre de l’Intérieur, a donné naissance à un mouvement sur les réseaux sociaux.

Un geste “hypocrite”, un “puritanisme imbécile et opportuniste”: l’écrivain Nicolas Mathieu ne mâche pas ses mots pour exprimer sa colère face à la censure d’un roman jeunesse par Gérald Darmanin. Depuis une dizaine de jours, sa page Instagram regorge de témoignages d’abonnés qui racontent les premiers désirs de leur adolescence. L’objectif affiché: “Ensevelir le ministre sous un déluge de nos histoires de cul.”

Tout commence le 17 juillet lorsque, par un arrêté, le ministre de l’Intérieur fait interdire la vente aux mineurs du livre Bien trop petit. Ce roman jeunesse de Manuel Causse, qui aborde l’éveil de la sexualité à l’adolescence, est qualifié par l’arrêté de “contenu à caractère pornographique, présentant un danger pour les mineurs”.

Un acte “liberticide”

L’auteur défend alors son ouvrage dans les colonnes du Parisienoù il explique que le but est “d’offrir une voie progressiste vers l’apprentissage de la sexualité adulte”. Les éditions Thierry Magnier, qui publient le livre, annoncent dans la foulée que l’arrêté sera respecté. Elles rappellent néanmoins qu’une mention sur la 4e de couverture adresse ce livre aux plus de 15 ans, et déclare: “La violence d’une telle décision nous a laissés sans voix.”

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Nicolas Mathieu, à l’inverse, semble tout de suite inspiré. Le prix Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux prend rapidement la plume sur Instagram afin de faire part de son sentiment:

“On imagine que ce geste s’est opéré sous l’influence de quelque organe de pression réactionnaire, type familles à serre-tête et autre associations en bermudas”, écrit-il d’abord.

“Sans revenir sur la nature liberticide d’un tel acte, la manière dont il bafoue le droit à la création, sans détailler l’extrême nécessité où nous sommes de préserver l’espace fictionnel comme l’un de nos biens les plus précieux, on voudrait surtout insister sur l’hypocrisie dudit geste.”

“À 15 ans, on aime et on désire comme des dingues. La littérature a quelque chose à dire de ces états. Le fait de permettre l’émergence de textes qui irriguent cette libido, et l’accompagnent, ne peut en aucun cas être confondu avec un abus. La protection des mineurs, évidemment nécessaire, ne peut sombrer dans cette sorte de puritanisme imbécile et opportuniste.”

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Nicolas Mathieu conclut son message en offrant le court récit de l’été de ses 15 ans et de sa découverte du roman érotique Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs: “J’étais une bête, un môme, puceau et pourtant effréné. Et aucun ministre de l’Intérieur ne pouvait rien à cette somptueuse clandestinité. Je m’endormis content, virtuellement deniaisé. Il n’est pas de ligue de vertu qui puisse me disputer ces heures exquises et scandaleuses.”

Et d’accompagner ces lignes du hashtag #wheniwas15 (“quand j’avais 15 ans”), “en espérant faire quelques émules”. Lesquels se sont rapidement manifestés.

“Des centaines de textes ont jailli”

Dix jours plus tard, pas moins de 3340 publications Instagram portent ce hashtag. Des anonymes y racontent des histoires similaires, survenues pendant leur adolescence, et Nicolas Mathieu en a publiées plusieurs sur sa propre page.

“Des centaines de textes ont jailli et rendu plus ridicule encore cette hypocrisie. Ils ont ravivé nos mémoires et donné des mots aux jouissances et aux drames, parfois terribles, de cet âge si crucial”, a écrit l’auteur jeudi dans un nouveau messagedonnant cette fois une adresse mail où envoyer ces témoignages “en vue d’une publication”.

“Ce n’était pas un plan machiavélique, mais c’est allé bien au-delà de ce que j’avais imaginé…”, confie-t-il à Télérama.

Thierry Magnier, quant à lui, révèle à l’hebdomadaire son projet de réunir ces témoignages dans un livre dont les recettes iraient à une association. “Il faut en faire un vrai livre! Participer était un acte militant, l’éditer aussi, on ne fera pas de profit dessus.”

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