Pourquoi le perfectionnisme nous nuit

M. Curran, vous êtes psychologue social à la London School of Economics. Dans votre livre actuel « Never Good Enough », vous mettez en garde contre les conséquences du perfectionnisme. Mais sans des personnes qui tirent le meilleur d’elles-mêmes et souhaitent constamment atteindre de nouveaux objectifs, notre société ne fonctionnerait probablement pas. Pourquoi voyez-vous le perfectionnisme comme une chose négative ?

C’est au moins en partie vrai. Notre modèle économique serait impossible sans cette forte concentration sur la discipline et le travail acharné. Au fil des décennies, la croissance économique a accru la prospérité dans de nombreux pays, dont l’Allemagne. Mais à mon avis, nous avons désormais atteint un point où notre quête de la prospérité matérielle n’a plus de sens d’un point de vue individuel et social. Nous voulons toujours faire plus et réaliser davantage, même si notre niveau de prospérité est déjà relativement élevé. Le credo de continuer à grandir sans devenir plus heureux et en meilleure santé est ce qui crée le perfectionnisme. La pression d’en faire toujours plus et d’augmenter l’efficacité entraîne des problèmes psychologiques chez de nombreuses personnes. Les jeunes en souffrent particulièrement, comme le montrent nos recherches.