Pourquoi le Hamas a-t-il pris des otages ?
Historiquement, de nombreux groupes terroristes ont pris des otages pour influencer les négociations ou obtenir des rançons en échange de la libération de leurs camarades emprisonnés.
Dans ce cas, le Hamas vise à obtenir la libération des Palestiniens emprisonnés. Leur menace de tuer des otages en représailles à des attaques surprises contre Gaza est un autre moyen de faire pression sur les dirigeants israéliens, de les pousser à réagir violemment et de saboter les efforts de rapprochement entre Israël et les pays arabes.
De plus, contrairement à d’autres groupes terroristes, le Hamas contrôle un territoire qu’il doit défendre. Les otages sont utilisés comme boucliers humains.
Enfin, cette prise d’otages vise à démontrer la force du Hamas en obligeant un adversaire supérieur en force à négocier et à accepter leurs conditions. C’est aussi un moyen de focaliser l’attention sur la cause palestinienne.
Cependant, la prise d’otages, en particulier de civils, de personnes âgées ou d’enfants, ne génère pas toujours de la sympathie et attire souvent des condamnations.
L’échange comme seule solution ?
Face à une prise d’otages, les gouvernements sont confrontés à un dilemme. Israël ne peut ni sous-réagir ni surréagir. Les mesures répressives telles que les emprisonnements, les destructions, la censure n’ont pas fonctionné. La capture des dirigeants du Hamas, bien qu’elle soit difficile, risque d’ouvrir la voie à des leaders encore plus radicaux que les précédents.
L’autre option est bien sûr la négociation. Cette voie a déjà porté ses fruits dans le passé, conduisant à la libération d’otages israéliens, notamment de militaires. Toutefois, négocier en pleine guerre est plus compliqué que pendant une période de calme ou de paix.
Les familles des otages réclament un échange immédiat. Cette idée a été discutée au sein du gouvernement israélien.
La branche militaire du Hamas a affirmé samedi qu’elle était prête à relâcher les otages en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël.
“Le prix à payer pour le grand nombre d’otages de l’ennemi qui sont entre nos mains est de vider les prisons de tous les détenus palestiniens”, affirme un porte-parole du Hamas. “Immédiatement”.
Cet échange serait mathématiquement déséquilibré, car il impliquerait 238 otages contre des milliers de prisonniers.
Un Israélien contre 1000 Palestiniens
Cette équation n’est pas nouvelle : après des négociations secrètes en 2011, Israël a pu récupérer le soldat Gilad Shalit en échange de 1027 prisonniers palestiniens.
En juillet dernier, l’ONU estimait à 5000 le nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 160 enfants et 1100 personnes en détention administrative, détenues sans charges pour une durée indéfinie. Cependant, depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a multiplié les raids et les arrestations de masse en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Ainsi, depuis le début de la guerre, environ un millier de Palestiniens ont été faits prisonniers en Cisjordanie, soit exactement 1020 au 28 octobre.
Selon le Club des Prisonniers palestiniens, une association qui défend leurs droits, environ 5200 Palestiniens sont incarcérés par Israël, dont 559 purgent des peines de prison à vie.
Qaddoura Farès, responsable de la Commission pour les affaires des prisonniers palestiniens dépendant de l’Autorité palestinienne, affirme que le nombre de détenus a dépassé les 10 000… dans des conditions décrites comme très difficiles.
Quelle monnaie d’échange ?
Cependant, un échange semble moins facile aujourd’hui : le gouvernement israélien a annoncé vouloir éliminer le Hamas et rendre difficile la libération de ses détenus. Il y a des objectifs inconciliables. La stratégie israélienne semble donc être prise dans le “brouillard de la guerre”, comme le titre Courrier international.
Selon Hagai Hadas, ancien responsable militaire israélien et officier du Mossad qui a participé aux négociations pour libérer Gilad Shalit et s’est confié à la BBC, le dossier est “politique”. Il souligne la situation plus confortable, d’un point de vue politique, du Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’époque et le fait que l’accord avait été finalisé deux ans avant la libération effective du soldat Shalit.
On voit clairement le Hamas utiliser la libération des otages pour exercer une pression sur le gouvernement israélien, comme le montre la vidéo publiée ce lundi par le mouvement, montrant trois otages demandant à Benjamin Netanyahu d’accepter l’échange. “Une cruelle propagande”, selon le Premier ministre.
