J’ai parlé avec Voss de ce que cela a été de se retrouver entraîné dans le drame de Harvard et des raisons pour lesquelles les universitaires sont si divisés sur la manière de décrire les actions de Gay. Notre conversation a été condensée et modifiée pour plus de clarté.
Ce que Claudine Gay a fait était-il du plagiat ?
Ce que j’enseigne à mes étudiants, et ce que la plupart des chercheurs en sciences sociales enseignent à leurs étudiants, c’est qu’emprunter de gros morceaux de texte ou la logique exacte d’un paragraphe constitue du plagiat. Donc oui, c’est techniquement du plagiat.
Pourquoi ajoutez-vous « techniquement » devant « plagiat » ?
J’utilise l’analogie de la vitesse. Si vous conduisez à cinquante-sept milles à l’heure sur une autoroute à cinquante-cinq milles à l’heure, c’est techniquement un excès de vitesse. Mais nous ne nous attendons pas à ce que les forces de l’ordre sévissent chaque fois qu’un comportement dépasse les limites. Le plagiat dont il s’agit ici n’enlève aucune idée de quelque importance à mon travail. Cela ne m’a pas volé la vedette. Cela ne m’a pas empêché de publier. Et ce qu’elle a utilisé de notre part n’était en aucun cas un élément majeur de ce qui rendait ses recherches importantes ou précieuses.
Alors, à quel point s’agissait-il d’une violation de l’intégrité académique ?
De mon point de vue, ce qu’elle a fait était insignifiant – totalement sans conséquence. C’est la raison pour laquelle j’ai essayé si activement de la défendre.
La portée des allégations change-t-elle votre évaluation – le fait qu’elle n’a pas copié uniquement des éléments de votre article, mais de multiples exemples de son travail ?
J’ai soigneusement essayé d’éviter de parler des accusations de plagiat en série, plutôt que de la partie qui m’impliquait. J’ai un conflit d’intérêts, à la fois dans le sens d’avoir des associations passées avec Claudine, ce qui pourrait laisser penser que je serais partial à son égard, mais aussi parce que mon travail attirait l’attention. J’avais tout à gagner à simuler une indignation morale à ce sujet. Les gens pourraient donc penser que j’ai un conflit d’intérêts dans l’autre sens.
Je suis frappé par la clarté avec laquelle vous avez vu la possibilité d’un prix que vous pourriez poursuivre dans tout cela : si vous entrepreniez cette campagne contre Gay, vous pourriez en tirer un certain profit, professionnellement et personnellement. C’est tellement cynique, mais cela semble aussi juste.
Je ne sais pas si je l’ai vu clairement. Une fois que j’ai constaté qu’aucun plagiat significatif n’avait eu lieu, ma réaction instinctive a été de prendre la défense de Claudine. Plus tard, d’autres personnes m’ont dit : « J’admire l’approche que vous avez adoptée, à savoir que vous n’avez pas essayé d’en tirer parti. » Et puis ça m’est venu à l’esprit.
Pensez-vous que Gay aurait dû être licenciée de son travail plutôt que d’être autorisée à démissionner ? Et pensez-vous qu’elle devrait rester à la faculté de Harvard ?
Vous me posez des questions sur ces questions académiques plus vastes auxquelles je ne suis pas à l’aise de répondre. Claudine Gay était une politologue et une administratrice universitaire au succès immense. Je pars dans les tranchées pour enseigner des cours d’introduction au premier cycle à deux cents personnes. Ces questions sur ce qui devrait arriver à Claudine Gay – nous sommes bien au-delà de mon niveau de salaire.
En tant que journaliste, j’ai l’impression que le plagiat est l’un des pires péchés que je puisse commettre. Ce serait un véritable cauchemar si je copiais accidentellement le travail de quelqu’un ou si j’étais accusé de l’avoir fait. Ce sentiment d’horreur existe-t-il chez les universitaires ? Était-ce là quand vous étiez à Harvard ?
