Nouvelles Du Monde

PORTRAIT. Il essaie de découvrir les mystères de cette ville dont le nom est inexplicable.

PORTRAIT. Il essaie de découvrir les mystères de cette ville dont le nom est inexplicable.

Philippe-Jean Vallot, féru d’histoire et membre de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline (SHARY) fouille le passé en contribuant à la fabrication de l’histoire locale. La sous-préfecture des Yvelines, connue pour sa forêt, est l’une des étapes de la série “Topo” qui vous invite à redécouvrir l’histoire derrière les noms des villes d’Île-de-France.

À Rambouillet, une présence humaine est attestée dès la préhistoire, mais l’histoire de la ville ne débute pas avant le Moyen Âge. La commune est célèbre pour sa forêt de près de 200 hectares, ancien domaine de chasse des rois de France, et son château. D’ailleurs, le plus vieil habitant encore vivant de Rambouillet est un chêne de 550 ans, labellisé « arbre remarquable ». Plus jeune, mais tout de même la plus ancienne association de la commune, la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline (SHARY) réunit depuis 1836 les Rambolitains passionnés par l’histoire de leur commune. Philippe-Jean Vallotjeune retraité reconverti en historien local est l’un des fidèles membres de cette société savante.

“J’ai d’abord essayé dans les années 1980 d’en comprendre le toponyme qui restait inexpliqué”

Philippe-Jean Vallot

historien local, membre du CA de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline

Passionné d’histoire, et surtout, de celle de sa commune, cet enfant de Rambouillet s’est plongé dans les archives dès lors qu’il était “insatisfait de l’histoire qui en était relevée, particulièrement sur ses origines antiques et médiévales. “Je me disais, j’habite à Rambouillet, mais je ne savais même pas ce que voulait dire le nom de ma ville”. Philippe-Jean Vallot a alors tenté dans les années 1980 “d’en comprendre le toponyme qui restait inexpliqué” par un premier article publié dans une revue d’histoire locale aujourd’hui disparue. Il développe un intérêt particulier pour la toponymie et se met en quête des documents originaux relevant les premières mentions du nom de la ville. “À partir de là, tout s’est enchaîné”.

“Pour lire ces documents d’archives, je me suis mis à la transcription qui est principalement une affaire de pratique”

Philippe-Jean Vallot

historien local, membre du CA de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline

Il se prend d’une passion pour l’histoire de Rambouillet au Moyen Âge. “À partir de la retraite, cela est devenu mon loisir favori“. Avant sa retraite en 2014, Philippe-Jean Vallot se rendait fidèlement le temps d’un midi “sandwich à la main” aux Archives départementales des Yvelines.

À l’époque, j’avais la chance de travailler juste à côté des archives“. Il parcourt alors assidûment les vingt-neuf kilomètres de linéaires de documents publics et privés des Archives départementales situées à Montigny-le-Bretonneux (78). “Pour les lire, je me suis mis à la transcription qui est principalement une affaire de pratique“, assure cet autodidactemuni de guides et de manuels. “J’ai une immense bibliothèque et une tonne de bouquins”.

“Il faut du temps et beaucoup de patience. Je suis connu comme le loup blanc des Archives départementales !”

Philippe-Jean Vallot

historien local, membre du CA de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline

Pour cet historien local, étudier et raconter l’histoire de la région doit en priorité s’apparenter à une méthode de recherche scientifique. “Elle doit être factuelle avec un retour aux sources à travers des documents originauxinsiste-t-il, recoupement de celles-ci, dans une méthode prudente mais progressive“. Néanmoins, il y ajoute un indispensable lien physique” à travers des rencontres et des échanges avec des botanistes, des archéologues ou encore des agriculteurs de son territoire qui lui ont apporté plus qu’une connaissance livresque de sa région.

Au fil de ses recherches, Philippe-Jean Vallot constate que l’historien est sans cesse “prisonnier de ses sources qui donnent souvent des réponses incomplètes“. L’origine du nom de Rambouillet en est l’illustration parfaite. On a toujours pas l’explication entière de ce que le nom signifie“. La nom de la ville tient son origine du latin Rumbelittoattesté en 768. Avec son suffixe -itto, d’origine latine, Rambouillet signifierait alors “petit Rambeuil”une petite clairière naturelle et/ou défrichéeun sens confirmé par les « toponymistes et celtisants » selon le chercheur en anthroponymie et toponymie Pierre-Henri Billy, dans son Dictionnaire des noms de lieux de la France.

“Même les meilleurs celtisants avec qui j’ai échangé n’ont pour l’instant pas l’explication”

Philippe-Jean Vallot

historien local, membre du CA de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline

Philippe-Jean Vallot relève que selon les actes médiévaux, Rambeuil serait alors un nom de lieu situé à proximité de Rambouillet et en serait à l’origine. En revanche, la racine titre- reste une énigme. “Même les meilleurs celtisants avec qui j’ai échangé n’ont pour l’instant pas l’explication“. Philippe-Jean Vallot a cherché à retrouver l’emplacement de ce lieu “Rambeuil”ayant disparu des cartes, même les plus anciennes.

La mention du lieu se retrouve néanmoins dans des documents jusqu’au XVIème siècle qui attestent d’une localisation isolée de Rambouillet. “Pour faire très simple, il se situerait non loin de l’actuel jardin anglais” dans le domaine du château de Rambouillet, indique-t-il. Philippe-Jean Vallot a également participé à des fouilles archéologiques et contribué à des rapports d’opérations de l’INRAP – l’Institut national de recherches archéologiques préventives – en tant que consultant. “Cela a été très intéressant pour moi de pouvoir travailler avec des archéologues, de voir comment ils agissent sur le terrain“.

Selon Didier Guyvarc’h et Alain Lacroix dans leur Guide de l’histoire localece domaine de recherche est encore régulièrement l’objet de débatspar des critiques à son égard tels que le manque de recul, des bibliographies peu exhaustives ou une méthodologie historique équivoque. Tandis que les historiens universitaires, dits professionnels, sont formés à la pratique de la science historique, ce qui n’est pas le cas des historiens locaux, parfois qualifiés “d’amateurs.


durée de la vidéo : 00h01mn13s

Avec « Topo », Mathilde Morin revient sur la toponymie et l’histoire de plusieurs communes de notre région. Dans cet épisode, Rambouillet, dans les Yvelines, est à découvrir avec un ton aussi ludique que pédagogique.



©France 3 Paris Île-de-France

Outre Rambouillet, Melun, Malakoff, Bagnolet, Issy-les-Moulineaux, Sarcelles ou encore Versailles sont d’autres villes à l’histoire singulière à découvrir avec Mathilde Morin dans “Topo“, une série aussi ludique que pédagogique, à voir dès maintenant sur france.tv/idf.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT