Le ministère de la Santé de la junte a limogé 557 médecins employés par le gouvernement qui ont quitté leur emploi pour protester contre le gouvernement militaire, révoquant leurs licences à un moment où les professionnels de la santé se font rares, ont indiqué mardi des sources de la communauté médicale du pays, citant une liste officielle. .
Les médecins en grève ont rejoint d’autres employés du gouvernement dans ce qui est devenu un «mouvement de désobéissance civile» à l’échelle nationale, ou CDM, refusant de faire leur travail pour prendre position contre le gouvernement militaire qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en février 2021.
Un médecin qui s’est caché pendant plus d’un an après que la junte a émis un mandat d’arrêt contre elle pour “incitation” a déclaré à RFA qu’elle et d’autres personnes sur la liste n’avaient pas l’intention de mettre fin à leur engagement dans le mouvement anti-coup d’État, indépendamment de la suspension de leurs licences.
“Nous savions que la junte franchirait cette étape”, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle n’avait appris sa suspension qu’après avoir été informée par un collègue médical. “Révoquer mon permis n’aggravera pas les choses pour moi maintenant et cela ne changera pas ma position.”
Le premier groupe de médecins à rejoindre le mouvement de désobéissance civile l’a fait à Mandalay le lendemain du coup d’État et a gagné un public si important que les hôpitaux et les cliniques gérés par la junte n’ont pas pu fonctionner. Le mouvement a eu un impact si important qu’il a été nominé pour le prix Nobel de la paix 2022 par le comité du prix Nobel.
Mais la nouvelle des licenciements intervient au milieu d’une pénurie de médecins dans le pays en raison de ceux qui participent au mouvement et étirée par le COVID-19 et un conflit généralisé.
Cela a incité la junte à assouplir les exigences pour postuler à la faculté de médecine cette année.
Dans le cadre des licenciements, le Conseil médical du Myanmar contrôlé par la junte a commencé à émettre des suspensions d’un an des licences d’exercice des médecins, connues sous le nom de certificat Sa Ma, à partir de février – un an après le putsch du 1er février 2021, le ont déclaré des sources au service birman de RFA.
Un médecin qui a rejoint le mouvement CDM a déclaré à RFA que bien que les suspensions aient commencé il y a près de neuf mois, il n’y avait eu aucune annonce publique et les médecins concernés n’ont appris la décision qu’après que la liste des noms soit devenue virale sur les réseaux sociaux.
«Ils révoquent les licences des médecins, étape par étape. Parfois, ils révoquent 20 [at a time]parfois 25. Mais les listes sortaient sporadiquement et la plupart de ces médecins n’étaient pas au courant du changement », a déclaré le médecin, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.
“Beaucoup d’entre eux fournissent encore des soins et courent [private] cliniques. Ils ont tous été surpris d’apprendre la nouvelle car le ministère ne les a jamais informés.
Sur les quelque 60 000 médecins qui ont rejoint le mouvement depuis le coup d’État, il en reste environ 45 000, selon un groupe appelé CDM Medical Network.
Le ministère de la Santé a déclaré avoir suspendu les licences de 14 médecins en février, 50 en mars, 41 en avril, 66 en mai, 60 en juin, 61 en juillet, 80 en août, 87 en septembre et 98 en octobre – le dont la liste comprenait plusieurs médecins vétérans.
Cibler « les gens et leur profession »
Le médecin en cachette a reconnu que les personnes figurant sur la liste « sont confrontées à des difficultés » maintenant que la junte l’a également distribuée aux hôpitaux et cliniques privés et a cependant commencé à effectuer des inspections impromptues.
Les demandes de RFA adressées à Myat Wunna Soe, directeur général du ministère de la Santé de la junte, sollicitant des commentaires sur les suspensions ont été renvoyées au Conseil médical du Myanmar, mais les appels au conseil sont restés sans réponse mardi.
Un document diffusé en interne au conseil médical – dont une copie a été obtenue par RFA – indique que les médecins ont été suspendus pour violation de l’article 45 (D) de la loi sur le conseil médical du Myanmar, citant “un non-respect du code de déontologie médicale”. » et « abandon du patient ».
Cependant, un médecin de la désobéissance civile qui s’est fait appeler Olivia a noté que la suspension des licences des professionnels de la santé en raison de leurs convictions politiques affecte à la fois les médecins et leurs patients.
“La suspension affecte également gravement le bien-être de leurs patients et des membres de leur famille… Cela a un impact à la fois sur les personnes et sur leur profession”, a-t-elle déclaré.
Exigences d’application réduites
Au milieu des licenciements de médecins du MDP, la junte a abaissé les exigences pour les candidats à la faculté de médecine en 2022, invoquant la nécessité de combler le vide créé par un grand nombre de médecins rejoignant le mouvement anti-coup d’État.
Un étudiant en médecine de deuxième année qui a abandonné l’école pour protester contre le coup d’État a déclaré à RFA que devenir médecin nécessite plusieurs années de formation et a remis en question le plan de la junte visant à remplacer les médecins de la désobéissance civile en offrant aux candidats un raccourci.
“Ils essaient de montrer que nous sommes indispensables et qu’ils peuvent nous remplacer facilement … par de nouvelles personnes qui se soumettront à leur règle”, a déclaré l’étudiant en médecine, qui a également requis l’anonymat.
Mais il a suggéré que peu de candidats seraient disposés à fournir des soins dans les régions reculées du Myanmar, tandis que dans les zones urbaines, où de nombreux médecins pratiquent, les patients « afflueront simplement vers une poignée de médecins de haute qualité ».
Impact du mouvement
Lwan Wai, médecin d’une branche du mouvement connue sous le nom de Yangon Medical Network, a déclaré qu’avec le nombre de professionnels de la santé déjà incapables de répondre à la demande au Myanmar, la suspension de près de 600 médecins aura un impact sérieux sur l’accès aux soins de santé au Myanmar. le pays.
« Le rapport entre le personnel médical et les patients est déjà déséquilibré », a-t-il déclaré, notant que le nombre de victimes du conflit armé a explosé ces derniers mois, alors que des personnes continuent de mourir du COVID-19 et d’autres maladies.
« Cette décision ne profitera à personne. Les patients deviendront plus désespérés. Je m’attends à ce que de nombreuses personnes meurent parce qu’elles n’ont pas pu recevoir de soins médicaux à temps, et ce sont principalement les patients qui en paieront le prix.
En plus de suspendre les licences des médecins du mouvement de désobéissance civile, la junte a également ciblé les professionnels de la santé du mouvement par d’autres moyens. Selon les chiffres publiés par le groupe de surveillance ReliefWeb en mai, la junte a détenu au moins 564 professionnels de la santé depuis le coup d’État et tué au moins 36 autres.
Traduit par Ye Kaung Myint Maung. Écrit par Joshua Lipes.
