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« Peut-on “en finir” avec les tradis ? »

« Peut-on “en finir” avec les tradis ? »

Le week-end de Pentecôte arrive et le Catholique va une nouvelle fois s’interroger : combien de pèlerins sur les routes de Chartres ? Des évêques ont recommandé aux organisateurs du pèlerinage Notre-Dame-de-Chrétienté « d’éviter tout triomphalisme ». La remarque est juste pastoralement : le nombre ne dit jamais tout d’un événement, quel qu’il soit. On peut même être nombreux et se tromper.

Mais pourquoi un tel engouement ? Audace (et simplicité) de la formule, verticalité du projet et du message, enthousiasme de la jeunesse… Beaucoup d’éléments pourraient expliquer un tel succès année après année, Pentecôte après Pentecôte, depuis quarante ans.

C’est désormais un fait, le « pélé de Chartres » touche bien plus largement que les milieux tradis. Les organisateurs eux-mêmes le reconnaissent : quand on a 18-25 ans, on peut marcher la même année avec Notre-Dame-de-Chrétienté, participer ensuite à une session d’été à Paray-le-Monial avec la communauté de l’Emmanuel et finir à Lourdes ou à Rocamadour le 15 août. Tout cela quand il n’y a pas de JMJ la même année !

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Un mouvement un peu recroquevillé

Le mensuel La Nef avait mené une vaste et très précise enquête en juillet-août 2021 : il estimait les traditionalistes à 60 000 fidèles (et à 35 000 ceux de la Fraternité Saint-Pie-X), soit un total de 95 000 personnes pratiquantes. Des forces vives qu’aucun diocèse ne peut ignorer.

Pourtant, nombreux sont ceux, et probablement jusqu’à Rome, qui croient qu’il faut en finir avec les tradis. Vu la moyenne d’âge des assemblées aux messes de saint Pie V mais aussi l’accueil généreux de la vie dans ce milieu, il est difficile de penser que le phénomène tradi va disparaître à court ou moyen terme. Alors qu’il était censé régler une bonne fois pour toutes la « question tradi », le motu proprio du pape François Gardiens de la tradition n’a pas freiné la tendance qu’on peut observer au moins dans certains pays : la fréquentation des messes traditionnelles est en légère mais sensible augmentation, les séminaires continuent de se remplir (y compris celui d’Écône), les écoles hors contrat se développent.

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Mais surtout, ce qui change, c’est la manière d’être tradi : s’il a longtemps été un mouvement un peu recroquevillé sur lui-même, le traditionalisme tend à devenir un courant au sein de l’Église de France. Il devient même un lieu d’enracinement spirituel (parmi d’autres) qui participe désormais à la formation d’une bonne partie de la jeunesse catholique, selon des degrés divers.

En prendre la mesure

Sans doute, un pragmatisme réaliste oblige d’abord à l’accepter et à en prendre la mesure. C’est le cas, il me semble, dans beaucoup de diocèses concernés par cette question. Mais ne faudrait-il pas aller plus loin que simplement « se tolérer » ? Par un dialogue mutuel, respectueux et fécond dans toute l’Église de France ?

Après tout, le pape François lui-même a encouragé les supérieurs de la Fraternité Saint-Pierre à poursuivre selon leur charisme. La ligne est certes difficile à suivre… mais l’essentiel est peut-être là : comment tous peuvent contribuer à la mission ? N’est-ce pas cette priorité retrouvée pour l’évangélisation dans une Europe qui perd la foi qui pourrait faire sortir les uns et les autres des postures rigides ou victimaires, du confort de l’entre-soi ou de l’ignorance entretenue, des querelles incessantes et des positions figées ?

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Mais comment y arriver après une dispute qui parcourt les décennies sans même qu’une ébauche de solution apparaisse ? Qui veut s’occuper des tradis, en commençant par les découvrir et essayer de les comprendre ? On a l’impression de deux crispations : parfois un peu de mesquinerie d’un côté, parfois un manque de finesse de l’autre. Tant que « Mesquin » et « Pasfin » se regardent sans s’estimer, ni vouloir se comprendre, on cultive la blessure. Et c’est autant de temps (et d’énergie !) perdu pour l’évangélisation.

2024-05-16 10:24:33
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