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Pensées et mots, psycho-vocabulaire pour le temps présent. Le podcast qui parle de guerre, d’identité et de rêves

Pensées et mots, psycho-vocabulaire pour le temps présent.  Le podcast qui parle de guerre, d’identité et de rêves

2022-08-02 14:18:18

Il y a un poème de Montale, ça s’appelle “Le parole”. C’est parfait pour introduire les six mots que j’ai choisis pour le podcast que nous avons appelé Pensées et mots. Psychovocabulaire du présent. Ses vers vont ainsi : “Les mots/s’ils éveillent/refusent le/lieu/le plus convenable, le papier/de Fabriano, l’encre/l’encre de chine, le dossier/le cuir ou le velours/qui les garde en secret”.

C’est pourquoi nous sommes encore freudiens

de VITTORIO LINGIARDI

22 septembre 2019

Les mots sont en fait des particules vivantes immergées dans le psychisme : j’ai essayé de les réveiller, de les parcourir comme des ponts suspendus entre histoire et mémoire, des mondes à explorer. Avec leurs racines, leurs sens cachés, nos souvenirs faits de chansons, de livres et de films.

Des mots, dirait Ivano Dionigi, émérite de littérature latine à l’Université de Bologne, pour être “soustraits au bavardage”, “rappelés de l’exil pour nommer le novum de notre temps”.

Le premier mot est GUERRE et ça fait mal. Quand nous l’avons conçu, il y a six ou sept mois, le podcast ne l’incluait pas. Mais depuis qu’il est au cœur de l’Europe, nous avons commencé à le prononcer tous les jours, même si nous savions qu’il n’avait cessé d’exploser dans le monde.

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Ce n’était pas facile de s’y habituer, entre éloignement et pudeur. Encore chaud après avoir lu l’avertissement de Beppe Fenoglio : « Vous ne pouvez pas parler – a crié Fenoglio – Sa voix a frappé les vieux rideaux pâles comme un vent. – Vous n’avez pas vu le sang et la merde et la boue. Vieux cochons, allez voir la merde et le sang et la boue et ensuite tu parleras si tu le veux encore.” Mais la guerre est un mot indélébile, nous lui avons aussi consacré une journée, mardi, le jour de Mars. C’est l’œuvre humaine d’une horreur inhumaine.

J’ai choisi les cinq autres mots pour nous guérir et apprendre à nous connaître. La seconde est TRAITEMENT. Ce qui n’est pas la simple application de ses compétences à une situation de besoin ou de souffrance, par exemple d’une personne malade ou infirme. Prendre soin est une garde, une sollicitude, avoir à cœur. Le soin est attentionné. Et il est bon que chaque médecin se souvienne, en revenant au mythe, qu’il est un “guérisseur blessé”. Et que lui-même est une drogue.

Le troisième mot est IDENTITÉ. Peut-on le définir ? Peut-être ne pouvons-nous que naviguer le long de celui-ci. La construction de l’identité personnelle et collective nous accompagne tout au long de la vie : au départ, de grandes lignes biologiques et environnementales définissent un profil qui, au fil du temps, se transforme. Nous sommes uniques mais habités par plusieurs, nous sommes entiers mais traversés par les intermittences du désir : ce que nous aimerions être, ce que nous craignons de devenir, ce que nous n’avons pas le courage d’admettre que nous sommes.

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Le quatrième mot est MIROIR. Du miroir magique de la Reine Blanche-Neige (“Miroir dans mon cœur, qui est la plus belle du pays ?”) aux neurones miroirs, les possibilités de réflexion sont infinies. “I’ll be your mirror” chante le Velvet Underground, mais que voit-on dans le miroir ? Est-ce la vanité ou la connaissance ? En cas de doute, écoutons Jean Cocteau (“Les miroirs doivent réfléchir un instant avant de renvoyer les images”) et revoyons le mythe de Narcisse, qui part d’Ovide, arrive à Freud et explose sur les réseaux sociaux.

Le cinquième mot est CONFIANCE, la “base sécurisée” qui nous permet d’affronter le monde, le terrain sur lequel se développe tout lien affectif stable. La construire, avec différents outils et moyens, est la tâche de chaque relation : d’un parent, d’un thérapeute, d’un ami, d’un partenaire. Nous devons beaucoup à ceux qui nous ont fait confiance. Et aujourd’hui, après la pandémie, nous savons que faire confiance aux autres, c’est aussi faire confiance à leur science et à leurs connaissances : la “confiance épistémique”.

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Le sixième et dernier mot est RÊVE: clôt notre voyage car, onirique mais aussi politique, il contient le passé et l’avenir de chacun. Enigmatique et intraduisible, personne – chaman, psychanalyste ou scientifique – n’a encore compris de quoi sont faits les rêves. Entre psychanalyse et neurosciences, nos guides de rêve seront les notes de “Sonno elefante” de Paolo Conte et les vers de Patrizia Cavalli, qui nous a récemment quittés mais qui nous accompagnera pour toujours : “Ça suffit,/je m’endors, ici commence/ mon libre arbitre, ici c’est à moi / de décider ce qui va m’arriver, / comment je serai, quels mots dire / dans le rêve que je m’assigne”.

Relisons-le : quels mots dire, dans le rêve que je m’attribue.

Vivre avec soi, l’autre, les autres

par Daniela Minerve

26 mai 2022


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