Ons Jabeur, n° 2 mondiale, entraîne toute une génération vers le top

Ons Jabeur est le phénomène exceptionnel du Tennis et au-delà. Elle est passée à la deuxième place mondiale en moins de six mois, remportant, comme une tornade blanche, presque tout ce qui se présentait sur son passage. 

D’elle-même, elle affirme haut et fort : “Je ne me bats pas au nom d’Ons Jabeur, mais au nom de tout le monde arabe!“. Ajoutons : et du continent, puisqu’elle est la première joueuse africaine à grimper dans les classements mondiaux, depuis la Sud-Africaine Amanda Coetzer en 1997. L’effet qu’elle produit, en termes de popularité, est énorme pour toute cette partie du monde en effervescence. 

Rôle-modèle de femme arabe libre, ou signe de “Printemps” inachevé ?

En version féminine et sportive, elle prend des allures de grand(e) leader arabe, promettant des révolutions !  

La Tunisie est Le premier à avoir tenté sa révolution “du Jasmin”, il y a douze ans, avec le départ en exil d’un pouvoir corrompu, mais aussi des remous marqués par le retour d’Islamistes prétendus “modérés”, dernièrement une re-concentration du pouvoir entre les mains du Président, comme du temps d’Habib Bourguiba. On n’est sûrement pas au bout des épreuves de force. 

Cela ne concerne pas que la Tunisie. D’autres pays continuent de chercher une issue : Syrie, Libye, Soudan, Éthiopie… La liste est longue, des pays en situation de quasi-guerre civile ou de faillite économique. 

L’autonomie des femmes comme indice de démocratisation

La partie serrée que joue Ons Jabeur est donc riche d’enjeux et pleine d’incertitudes, incarnant la force et la détermination, mais surtout l’espoir d’une issue heureuse à tous ces bouleversements. 

Le Tennis, comme beaucoup d’autres sports, autrefois réservés aux “élites”, s’est énormément démocratisé, au fil des décennies. 

Les échelles de valeur selon lesquelles on mesure son évolution sont celle de la femme européenne ou américaine, dans un milieu “aristocratique”, autrefois, restreint à un cercle privé. D’où ce sentiment de revanche sur la mauvaise fortune qu’elle inspire auprès de ses homologues féminines du monde arabe (et africain). 

Ons Jabeur, l’épopée d’une ascension fulgurante

Ons Jabeur ne se conforme pas à des codes “occidentaux”, mais surgit comme une force irrépressible venue du fond de son cœur et de tripes, et qui entraîne derrière elle toutes celles et ceux qui suivent sa fulgurance, comme une étoile. 

Jabeur est un astre, dont on attend qu’elle brise les tabous pour décrocher le Graal des espoirs mis en elle. 

Première joueuse arabe à rejoindre les demi-finales d’un tournoi du Grand Chelem, Ons Jabeur ne cesse de gravir les échelons. Seule joueuse encore en lice parmi les 10 premières têtes de série, elle poursuit son ascension à Wimbledon, avec de grandes chances de dominer.

Une famille qui joue collectif pour Ons

Elle a trois ans quand sa mère lui met une raquette de tennis entre les mains. Cela signifie aussi que sa mère jouait déjà et était pleine d’ambition pour son enfant. 

Elle n’était pas la seule fille gâtée : elle a deux frères, Hatem et Marwan, et une sœur aînée, Yasmine. Elle commence à s’entraîner sérieusement au tennis à l’âge de douze ans, un moment-charnière pour les jeunes filles. Elle entre à l’Institut des Sports d’El-Menzah, lycée sportif national pour jeunes athlètes du pays, où elle est restée plusieurs années. On la retrouve en France et en Belgique, où elle s’entraîne à l’âge de seize ans, là encore, une période clé pour une Junior prometteuse. Sa famille toute entière sacrifie beaucoup pour qu’elle puisse tirer le meilleur d’elle-même et on sent cette même union dans son envie de réussir collectivement, pour le monde arabe et pas uniquement pour sa gloire personnelle. 

Championne maghrébine avant d’illuminer d’autres courts

Ons va alors de succès en succès contre Nour Abbès en championnats de Tunisie Junior, qui devient alors sa partenaire pour de nombreux doublés. Elle brille aussi aux tournois du Maroc et pour le Second Degré Junior en Égypte. 

Dès son passage chez les professionnels, elle enchaîne les succès, comme au Tournoi du Japon, en 2013, ou à l’US Open, avec une belle troisième place, raflant au passage les 50.000 dollars de prime. 

Que reste t-il à gravir, quand on est n°2 ?

Elle  est aujourd’hui en demi-finale de Wimbledon, face à l’Allemande Tatjana Maria, 34 ans, et nombreux sont ceux qui la donnent favorite. Qui remportera l’autre demi-finale, entre la Roumaine Simona Halep et la Kazakhe Elena Rybakina ?

Même avec un faible pour Ons, le fair-play dira : “Que la meilleure gagne” !