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Olivier Aillaud, un enseignant passionné aux mille vies professionnelles

Olivier Aillaud, un enseignant passionné aux mille vies professionnelles

Monsieur Aillaud, pouvez-vous, en quelques mots, nous présenter votre parcours ?

Ancien élève du lycée français de Berlin et des classes préparatoires du lycée Henri IV de Paris, diplômé de l’université de Paris IV Sorbonne (maîtrise en Histoire romaine, 1990), je suis aujourd’hui, après plus de 30 ans d’enseignement, professeur agrégé d’Histoire-Géographie (Discipline non linguistique espagnol et DNL anglais) en section binationale franco-espagnole Bachibac au lycée Montchapet de Dijon. J’enseigne également l’Histoire-Géographie-EMC (Enseignement moral et civique) en série technologique STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion).

Dans le cadre du CIEP (Centre international d’études pédagogiques) devenu en 2019 FEI (France éducation international), j’ai participé à un stage de perfectionnement culturel, linguistique et pédagogique en Espagne (2002) et à des séjours professionnels en Allemagne (2017) et en Espagne (2023) pour découvrir le fonctionnement d’autres systèmes éducatifs. En tant qu’ERAEI (Enseignant référent pour l’action européenne et internationale) du collège/lycée Montchapet, j’assure actuellement, au sein d’un comité de pilotage constitué d’enseignants et de personnes de la Direction de l’établissement, la constitution d’un dossier de candidature « Accréditation Erasmus+ ». Diplômé en FLE (français langue étrangère) option FLS (français langue seconde) et en FL2I (français langue d’intégration et d’insertion), je suis en mesure d’intervenir devant un public varié (adolescents allophones en lycée, adultes analphabètes en maison d’arrêt de Dijon, adultes dans le monde associatif).

Formateur en orthographe et expression françaises dans le cadre du Projet Voltaire, j’accompagne les étudiants de la CPGE (Classe préparatoire aux grandes écoles) du lycée Montchapet en tant que chargé de cours de Culture générale.

Passionné par les arts et le spectacle vivant, j’ai passé les certifications complémentaires en HIDA (Histoire des arts), danse et théâtre. J’ai rejoint, en 2022, le groupe des théalinguistes du centre CREAL (Créations et recherches en éducation, arts et langues) de Lyon et anime un atelier théâtre en espagnol dans mon établissement. Enfin, ma récente formation en CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) boulangerie me permet de garder les mains sur terre et d’en faire profiter mes élèves lors des actions organisées dans le cadre de la semaine du goût.

Comment définiriez-vous votre métier de professeur d’Histoire-Géographie-EMC ?

C’est un métier de transmission. J’enseigne ce que j’apprends et j’apprends en enseignant.

C’est un métier d’accompagnement : à un moment de sa vie, un élève croise mon chemin. Sans nous connaître auparavant, nous voilà engagés sur la même route pour un certain temps. Cette route, je la connais pour l’avoir parcourue avec d’autres. Ainsi, il m’est plus facile de lui indiquer l’itinéraire le mieux adapté pour lui.

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C’est un métier à responsabilités : la responsabilité des élèves qui nous sont confiés, la responsabilité de transmettre des connaissances et des compétences, la responsabilité de développer chez les élèves un esprit critique et un sens civique.

C’est un métier fondé sur la confiance, un métier de complicité entre l’enseignant et ses élèves. C’est un métier de patience qui nous incite à nous hâter lentement.

C’est un métier de patience qui nous incite à nous hâter lentement.

Pourriez-vous nous décrire une journée type (mais également vos journées au regard de vos nombreuses autres activités : FLI, FLE, théâtre, etc.) ?

Il est difficile de décrire une journée type. Essayons tout de même en commençant par les activités quotidiennes. Avant même d’être au lycée, je commence par être content à l’idée de retrouver mes élèves du jour. Ensuite, je suis heureux lorsque l’idée devient réalité et que je retrouve mes élèves en classe. Enfin, lorsque je rentre chez moi, je me remémore les bons moments de la journée avec mes élèves et pense déjà au plaisir de les retrouver le lendemain. Ainsi, il se trouve que les copies à corriger, les cours à préparer, les réunions et conseils de classe auxquels assister, l’animation du club théâtre en espagnol, la préparation d’un échange scolaire, etc. profitent de cet état d’esprit.

Le professeur Olivier Aillaud en classe avec ses élèves de 2de.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier, ce qui en fait la richesse à vos yeux ?

Tout d’abord, le contact avec la jeunesse. Un contact revigorant, un contact énergisant. Puis, la possibilité de suivre les mêmes élèves sur plusieurs années. Je les vois ainsi évoluer intellectuellement. C’est le cas particulièrement  avec les élèves de Bachibac que je suis pendant 3 ans, de la Seconde à la Terminale. Tout au long de leur formation, ils m’impressionnent par les progrès réalisés. Lorsque les élèves ont terminé leur formation au lycée et qu’ils partent vers d’autres horizons, le lien avec eux est maintenu grâce aux réseaux sociaux comme le réseau professionnel LinkedIn. Régulièrement, je suis témoin des promotions qui sont les leurs et leur envoie un message pour les féliciter.
Ensuite, la liberté pédagogique dans le cadre déterminé par les programmes et la possibilité de faire participer des élèves à des concours (Hippocrène, Eustory, prix de géographie Sarraméa-Griotier dans le cadre de l’ AMOPA, Association des Membres de l’Ordre des Palmes académiques). Mais aussi, l’occasion de continuer à se former. Je suis convaincu (pour reprendre le titre de l’ouvrage de François Muller) que “Des enseignants qui apprennent, ce sont des élèves qui réussissent”.

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L’offre de formation continue est large et mobilise de nombreux acteurs ( CANOPE, plateforme Magister, etc.). Ainsi, il est possible pour les enseignants qui le souhaitent de :

  • Assister à des stages offerts par les services académiques dans le cadre de l’EAFC ( école académique de la formation continue) en lien avec l’INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) : stages en présentiel, à distance, hybrides. Ces stages de grande qualité scientifique ont lieu sur le temps scolaire et sont d’une durée, en général, d’une à deux journées. Ils sont en rapport avec la discipline du professeur mais peuvent également être transdisciplinaires. En mars 2023, j’ai participé à deux stages transdisciplinaires assurés par les responsables de la DRAREIC (Délégation régionale académique aux relations européennes, internationales et à la coopération) de Dijon sur l’accréditation Erasmus+ et les partenariats européens. Ces stages sont l’occasion de rencontrer des collègues d’autres établissements et d’échanger avec eux.
  • Préparer des certifications complémentaires au sein de son académie. Les certifications complémentaires permettent aux enseignants qui le souhaitent de valider des compétences qui ne relèvent pas du champ de leur concours. Ainsi, passionné par le théâtre et la danse, j’ai  préparé sur plusieurs années les certifications complémentaires Danse et Théâtre obtenues en juin 2023.
  • Suivre une formation universitaire avec l’EAD (Enseignement à distance) proposée aujourd’hui par de nombreuses universités françaises. Cela est rendu possible grâce à l’outil informatique. Selon la formation choisie, les cours sont synchrones ou asynchrones. Le financement de ces formations peut se faire via le CPF (Compte personnel formation) ou sur fonds privés. C’est dans ce cadre que j’ai suivi en 2021-2022 la formation du DUFL2I ( DU français langue d’intégration et d’insertion) dirigée par Hervé Adami de l’Université de Lorraine.
  • Pour élargir son horizon et en fonction de ses centres d’intérêt, d’autres formations sont accessibles. En octobre 2022, pendant les congés de la Toussaint, j’ai suivi à Lyon un stage d’initiation à la méthode Thealingua (centre CREAL de Lyon, Marjorie Nadal) fondée sur l’enseignement des langues étrangères par le théâtre. Depuis, j’ai rejoint la communauté des théalinguistes qui compte en France une quarantaine de membres.

Je suis convaincu que “des enseignants qui apprennent, ce sont des élèves qui réussissent”.

Enfin, le travail en équipe avec mes collègues professeurs d’espagnol dans la section Bachibac, Mme Moreau et M. Gueneau, ainsi que la gratitude de nombreux élèves et de leurs parents.

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Si vous deviez convaincre quelqu’un de rejoindre l’éducation nationale en qualité d’enseignant en collège ou lycée, que lui diriez-vous ?

Pas de routine dans ce métier. Un émerveillement au quotidien.

Faire cours, c’est faire Soleil Levant. C’est accompagner des générations d’élèves dans leur orientation professionnelle. Cela commence par les informations que l’on donne sur les spécialités de Première et Terminale, se poursuit avec l’accompagnement des élèves à des salons d’orientation et se termine avec l’invitation au lycée de professionnels (avocats, comédiens, gendarmes, etc.) avec le concours du CREE (Conseil relation école entreprise).

Être enseignant, c’est accompagner des projets d’élèves. En 2013, ce sont des élèves de Bachibac qui ont créé l’association solidaire Escuelandina. Cette association conduit des projets dans des écoles primaires d’Amérique du Sud (Bolivie, Pérou, Equateur, Chili, Argentine et bientôt Colombie).

Être enseignant, c’est rayonner aussi au-delà de ses propres classes en  faisant participer des élèves que l’on n’a pas en cours à des projets communs à la cité scolaire. Ainsi, en 2021, après avoir été contacté par l’association fondée par Bernard Dalisson, Les pacaniers de Jefferson, j’ai proposé à tous les éco-délégués du collège et du lycée Montchapet de planter, dans le jardin convivial de l’établissement, deux arbres (un pacanier et un chêne) pour célébrer l’amitié franco-américaine en présence du consul américain de Lyon. Cette action a pu être réalisée en partenariat avec les deux collègues responsables du jardin convivial, Mme Tricon-Serrandour et M. Contesse.

Les élèves de 2de d'Olivier Aillaud dans le jardin convivial de la cité scolaire Montchapet
Les élèves de 2de du professeur Olivier Aillaud dans le jardin convivial de la cité scolaire Montchapet.

Pas de routine dans ce métier. Un émerveillement au quotidien.

Quels sont vos projets à venir ?

N’ayant jamais enseigné en primaire, je souhaiterais faire un stage de courte durée dans une école pour vivre cette expérience : observations de séances pédagogiques, échanges avec les professeurs des écoles et la Direction. Je vois cela comme un complément nécessaire à mon métier d’enseignant.
Enfin, je souhaiterais continuer à aller voir ce qui se passe dans d’autres branches professionnelles : le stage cuisine que j’ai suivi en juin 2023 pendant 2 semaines au restaurant Le Château Bourgogne m’a permis de vivre le rythme d’une brigade de cuisine d’un restaurant gastronomique sous la houlette du chef Pineiro.

Pour finir, une question portrait chinois !

Si j’étais un personnage de roman, je serais le capitaine Nemo car, tout en étant quelqu’un, je ne suis personne.

2023-10-11 13:31:01
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