Novak Djokovic remporte son 19ème titre du Grand Chelem à Roland-Garros

Le problème de Novak Djokovic, c’est que ses défauts sont beaucoup plus visibles que ses qualités. Son jeu n’est pas très spectaculaire, son entourage est parfois problématique et lui a le don pour se mettre dans des situations particulières, qu’il s’agisse d’embrasser des arbres, d’arriver en Australie sans être vacciné ou de revendiquer le Kosovo comme constitutif de la Serbie. Hors des courts, il peut être charmant, blagueur et polyglotte. “Je suis très heureux de vivre ce moment si particulier de ma carrière ici, a commencé par dire Novak Djokovic, en français, lors de la remise de la coupe des Mousquetaires. Ce tournoi a pour moi toujours été le plus difficile à gagner.”

Maîtriser son destin

S’exprimant ensuite en anglais, il a remercié les organisateurs, sa famille et son équipe, et salué la présence de Yannick Noah, qui lui a remis le trophée, et celles des footballeurs Kylian Mbappé, Olivier Giroud et Zlatan Ibrahimovic. “J’espère que vous avez apprécié le spectacle.” Se tournant ensuite vers ses trois enfants, et s’adressant à tous les enfants, Novak Djokovic a évoqué le gamin de Belgrade qui, à l’âge de 7 ans, tapait des balles au fond d’une piscine vide en rêvant de gagner Wimbledon. “J’ai toujours eu la sensation que je pouvais maîtriser mon destin. Ce rêve m’a porté chaque jour, jusqu’à remporter 23 titres du Grand Chelem.”

Novak Djokovic a également encouragé Casper Ruud à persévérer, voyant dans son jeune rival “la personnalité la plus appréciée du circuit”. Le Norvégien aimerait sans doute être un peu plus haï. “On est détesté quand on a du succès”, nous avait expliqué au Geneva Open Alexander Zverev. Casper Ruud conserve l’image d’un numéro 4 mondial seulement vainqueur en ATP 250 (dix titres, dont deux fois Genève et deux fois Gstaad), mais c’est aussi un joueur quatre fois finaliste des six derniers tournois principaux (Roland-Garros, l’US Open et les Masters en 2022, Roland-Garros cette saison).

Pour lui comme pour la plupart des joueurs de la jeune génération, il y a encore un monde entre parvenir en finale et s’y imposer, surtout face à Novak Djokovic. Le Norvégien avait pris pourtant un excellent départ en menant 3-0 et en s’efforçant de faire mal à son adversaire dans la diagonale de coup droit. Comme souvent, Djokovic mit un peu de temps à entrer dans la partie. Il refit son break de retard à 4-2. Les deux jeux suivants furent alors les plus beaux et les plus disputés du match, sans qu’aucun joueur ne puisse se détacher avant le tie-break.

Djoko, c’est Deep Blue

Après 74 minutes d’un combat intense, l’égalité était parfaite: six jeux partout et 40 points marqués de chaque côté. C’est alors que le génie de Novak Djokovic éclata au grand jour. Les débuts de rencontre du Serbe ne comptent pas vraiment. Ils lui servent à emmagasiner des informations sur son adversaire. Au fil des points, il enregistre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Lorsque arrive le jeu décisif, ce Deep Blue des courts sait exactement ce qu’il doit faire.

Djokovic, qui avait commis 18 fautes directes jusque-là, ne rata plus aucune balle dans le tie-break, qu’il remporta facilement (7-1). Tout sauf un hasard: sur les six tie-breaks qu’il a joués dans ce Roland-Garros, il les a gagnés les six (score cumulé: 42-13) et sans jamais commettre la moindre faute directe. Phénoménal!

Assommé, Casper Ruud se faisait breaker sur son premier jeu de service suivant, et voyait s’envoler la deuxième manche. Dans la troisième, ses jeux de service gagnés étaient salués comme des exploits par le public. A 5-5, Novak Djokovic haussait le ton et finissait d’accomplir son œuvre et sa destinée (7-6 6-3 7-5). Le Serbe s’écroulait de tout son long sur la terre battue de Roland-Garros. Lui qui toute sa carrière a couru derrière Roger Federer et Rafael Nadal était enfin devant. Enfin seul.