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Nougat aux choses | Le courrier

Nougat aux choses |  Le courrier

2023-12-29 02:19:11

Si j’avais un peu plus de méchanceté et si j’étais sûr que cet article serait publié le 28 décembre, je me faufilerais ici dans une course folle épique. Je vous dirais qu’il y a 164 ans à Valence on mangeait du nougat à la viande à base de chorizo, de saucisse et de saucisse, je partagerais avec vous un très long texte qui en témoigne et nous serions tous étonnés en disant que “eh bien, c’est vrai que tout s’invente.” Mais comme je suis naturellement bon enfant et que je ne peux pas non plus confirmer que ce texte verra le jour le jour des Saints Innocents (hier), je vous épargne la blague, de peur que nous nous trompions, cela nous arrivera comme le estimé José Carlos Capel avec ses « Notes de cuisine de Léonard de Vinci » et la blague peut être considérée comme vraie pour toujours, amen.

Juste au cas où je le répéterais. Spoiler, spoiler : ce que vous allez lire ensuite n’a pas été écrit sérieusement. Le problème est que tellement de temps s’est écoulé depuis sa publication qu’il est difficile de comprendre le snafu avec lequel il a été initialement publié.

Pour comprendre le chufla du premier coup, il faudrait connaître la vie et l’œuvre de José Bernat Baldoví (1809 – 1864), ou du moins savoir qu’il était un écrivain satirique habitué à prendre à la légère les situations les plus quotidiennes. En 1859, M. Bernat participa avec un grand groupe d’auteurs valenciens à un ouvrage collectif intitulé “Les Valenciens peints par eux-mêmes”. Chaque collaborateur devait choisir un type, une profession ou un trait typique des rues de Valence et rédiger un croquis des coutumes sur le sujet. Certains l’ont fait avec sérieux, d’autres avec affection et certains, comme Bernat Baldoví, sont restés à mi-chemin entre moquerie et mauvaise humeur.

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Notre protagoniste a choisi aujourd’hui la figure du torroner ou turronero, le vendeur classique qui arrive chaque année d’Alicante ou de Jijona pour adoucir Noël. Au lieu de parler de la tradition de ce métier ou de la manière dont il s’exerçait, José Bernat a décidé de laisser libre cours à sa colère personnelle contre le monde du nougat.

On peut aujourd’hui se plaindre des nougats extravagants, ceux à base de jambon, de frites, de beignets ou de bière qui semblent si frappants dans les rayons des supermarchés, mais en 1859, la créativité du nougat était également assez surexcitée. Si l’on parcourt les livres de recettes de l’époque, on constate qu’il existait déjà de nombreuses variétés de ce dessert de Noël: par exemple dans le “Traité complet et pratique de confiserie et pâtisserie” (Barcelone, 1848) des nougats à base de pâte d’amande, de fruits, cannelle, jaune fin, à la française, à la duchesse, nougat arlequin, mille fleurs, crème anglaise, neige, irlandaise, chinoise, granité ou guirlache, en plus des classiques d’Alicante, Jijona et Agramunt.

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Le « Manuel du confiseur et pâtissier » de Ceferino Noriega (Paris, 1858) ajoutait à ce répertoire le nougat au sésame, le nougat à la fleur d’oranger, celui aux pignons de pin et clous de girofle, un au chérimoye, un autre à la goyave et un typique de l’état mexicain d’Oaxaca. .

Notre ami José Bernat devait en avoir marre de tant de sophistication. Si les consommateurs sont désormais divisés entre les adeptes de l’innovation et les traditionalistes qui demandent de distinguer le « nougat nougat » du « praliné avec des choses », on peut supposer que l’écrivain de Sueca serait l’un de ces derniers. Et à mort. Tout comme le ferait aujourd’hui une personne indignée sur les réseaux sociaux, Bernat Baldoví a laissé entendre qu’« avant, à l’époque de nos grands-parents, on connaissait très peu de types de nougat ». Les anciens se contentaient « de ceux qu’ils avaient toujours vu à Noël sur la table de leurs ancêtres, sans même le désir d’une quelconque innovation à cet égard ». Tout se réduisait alors au nougat aux amandes, aux graines de chanvre, aux noisettes,… à tout autre fruit sec, et… ne comptez plus. Mais voilà, la modernité et les goûts extravagants avaient permis d’obtenir une telle variété de nougat qu’il semblait impossible de suivre ses différentes catégories et nomenclatures.

Exagération

Pour illustrer ce qu’il considérait comme une absurdité de pâtissier, Bernat a décidé d’exagérer en parlant de certains fameux nougats à la viande qui, au même titre que ceux à base de crème anglaise ou de roses, ravissaient les plus ringards. Ses contemporains savaient qu’il s’agissait d’une satire et que les nougats à la viande n’existaient pas, mais l’auteur les a décrits avec un tel niveau de détail qu’on a maintenant presque envie de tout croire au pied de la lettre. “Le nougat à la viande a toujours été, parmi les Valenciens, le snack préféré de toute bonne table, de chaque fête populaire”, raconte Don José. Et il a ajouté que « ce type de nougat est parfois fabriqué à la main et d’autres fois à la machine, car surtout à Pâques, la consommation est si grande que les ressources naturelles des travailleurs ne suffisent pas, et il faut recourir à à sa fabrication. Ces nougats imaginaires et en même temps crédibles pouvaient être de quatre sortes (1ère saucisse supérieure, 2ème chorizo, 3ème longaniza et 4ème saucisse) et étaient fabriqués en mélangeant des amandes avec des saucisses de différentes qualités. « Rien n’est plus facile et plus paisible […] “Il serait difficile de trouver un autre délice qui se prête mieux à s’asseoir parfaitement dans l’estomac le plus délicat.”

Comment le torrezno ou le nougat au chocolat avec churros, très réels et non fictifs, vont-ils désormais se présenter ? Oh, si Bernat pouvait les voir !



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