– Les adieux manqués de Louise Belmas et Joël Maillard
À l’Arsenic, le duo déroule trop de fils dramaturgiques dans «Nos adieux (remake)». Malgré ses fulgurances, la pièce peine à faire mouche.
On a connu Joël Maillard plus inspiré. Ou peut-être était-ce au contraire un excès d’inspirations, qui s’entremêlent sans faire corps. À l’Arsenic, le comédien et sa complice Louise Belmas peinent à faire mouche avec «Nos adieux (remake)», création à l’affiche jusqu’à dimanche puis en tournée. À vouloir tirer trop de fils dramaturgiques, le tandem nous égare en cours de route.
Tout avait pourtant si bien commencé. Un faux générique mordant d’ironie, projeté sur une toile, donne le ton. Apparaissent Louise Belmas et Joël Maillard qui, affublés de perruques ridicules, devisent sur leur futur spectacle. Leur conversation en anglais est retranscrite en français dans une traduction délicieusement fallacieuse. La partition déploie ainsi une écriture façon Oulipo, avec ses contraintes: une temporalité fractionnée, la fiction qui s’instille dans le réel, une inversion des rôles: les textes de l’une sont prononcés par l’autre, et vice versa. Et cette idée, farfelue et jouissive, de créer un spectacle d’adieu doublé de son remake en 2063. La trame, forcément alambiquée, avait tout de la pépite.
Et puis ça se gâte
Mais, très vite, le propos s’étiole. Les motifs dramatiques – la figure du clown, les adieux à la scène, le décalage de la parole, l’échange épistolaire – s’enchaînent et se délitent. On regrette aussi le traitement de certaines visions sociétales, abordées avec davantage de lourdeur que de satire. Le facétieux comédien nous avait pourtant habitués à bricoler l’espace-temps, à malaxer le métathéâtre avec un malin plaisir et à nous entraîner dans ses circonvolutions rocambolesques. Dommage.
On retiendra tout de même un plaisir partagé du jeu, des fulgurances dans une atmosphère évanescente où jaillissent des phrases loufoques qui, subtilement, rappellent le tragique de l’existence. Et, surtout, la scène finale, sublime – qu’on ne divulgâchera pas, comme le fait le critique du spectacle de 2063 – mérite à elle seule que ce spectacle trouve son chemin.
Lausanne, Arsenic, jusqu’au 26 nov., puis tournée romande, www.arsenic.ch
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