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Noisy-le-Sec : la course-poursuite filmée entre des policiers et un automobiliste s’achève… dans un bus

Noisy-le-Sec : la course-poursuite filmée entre des policiers et un automobiliste s’achève… dans un bus

Le choc est terrible. Lancée à vive allure, une voiture blanche percute sur un flanc un bus de la RATP. Cela se passe à l’angle de la N3 et de la rue du Parc à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 avril, vers 1h30. Sous la violence de l’impact, le véhicule, une Kia Picanto, se déporte vers la droite et s’immobilise. Le capot est réduit en bouillie. Le buste du conducteur, âgé de 37 ans, est retrouvé dans une étrange position, complètement penché sur l’une des deux portières.

Il fait nuit noire et la scène vient d’être filmée par la caméra d’un motard de la DOPC, la direction de l’ordre public et de la circulation de Seine-Saint-Denis. Quelques minutes plus tôt, le policier a pris en chasse, avec un autre collègue à moto, cette petite voiture blanche. Elle est signalée volée. Faussement plaquée en France, elle a été dérobée en Belgique.

Une course-poursuite s’engage. La caméra de l’un des agents est activée. La traque est filmée de bout en bout. Un peu comme dans un jeu vidéo, on est installé au guidon de la puissante moto qui emprunte un lacis de rues étroites dans une zone résidentielle. Sauf que l’on est dans la réalité crue.

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Le conducteur du deux-roues négocie les nombreux virages en épingle à cheveu. Les rues sont désertes, les stops et les feux rouges sont grillés par le chauffard. Le vrombissement du moteur couvre les mots du motard. On entend qu’il annonce sur les ondes que le fuyard se dirige vers la route de Paris, la N3, sur la commune de Noisy-le-Sec.

Le bus ne transportait aucun passager

Dans une grande ligne droite, la rue du Parc, la Kia est poursuivie de près par les deux motos. Elle s’approche de l’intersection avec la N3. C’est alors qu’un bus de la RATP de la ligne 147, qui se rend au dépôt, surgit. Il venait de l’église de Pantin et avait le pont de Bondy en vue. Lancée à très vive allure, la voiture ne peut l’éviter et percute de face le bus en son centre.

À cette heure avancée de la nuit, il ne transporte plus de passagers. Le chauffeur, seul à bord, s’en sort sans trop de mal. « Il souffre de blessures légères », indique la RATP.

Il n’en va pas de même du conducteur de la Kia. L’avant de la voiture n’est plus qu’un amas de tôle. L’homme, dont le corps est à moitié sorti de l’habitacle, est très sérieusement touché. À tel point que son pronostic vital est engagé dans un premier temps. Son état de santé s’est ensuite stabilisé. Désormais, sa vie n’est plus en danger, mais il reste polytraumatisé.

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Les images qui ont été diffusées sur Twitter n’avaient pas vocation à être portées à l’attention du public. « Il est peu probable que son propriétaire en ait pris l’initiative, indique un policier. Elle a dû être partagée. » Preuve capitale, la vidéo a été versée au dossier. Le policier aurait été équipé « d’une caméra personnelle, du style GoPro », selon l’un de ses collègues.

« La caméra permet de voir que c’est l’automobiliste qui prend tous les risques »

À l’heure où les interventions policières sont régulièrement filmées par la partie adverse, « certains policiers décident d’en acheter sur leurs fonds personnels pour rendre compte exactement des faits, indique l’un d’eux. On voit exactement ce qui se passe. Au moment où l’on remet en cause la parole des fonctionnaires, elle permet de voir que c’est l’automobiliste qui prend tous les risques. Il refuse d’obtempérer, il grille les stops et les feux rouges. »

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En filigrane de ces faits ressurgit l’éternelle question posée aux policiers de Seine-Saint-Denis : lors d’un refus d’obtempérer, les forces de l’ordre auraient interdiction de « prendre en charge » les deux-roues et les voitures, afin d’éviter des accidents. Le sujet n’est pas clair.

En 2020, au commissariat de Bobigny, à l’occasion de la visite de Laurent Nunez, à l’époque secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, les fonctionnaires de police avaient mis le sujet sur la table. « Dès que nous signalons par radio au centre d’information et de commandement que nous sommes sur un véhicule, on reçoit l’ordre de le lâcher », avait souligné un policier de la brigade anticriminalité.

Une réflexion devait être menée pour préciser les cas où les policiers pourraient s’affranchir de cette consigne. Aujourd’hui, la hiérarchie policière réfute cette interdiction qui aboutirait à paralyser totalement l’action de la police. « La prise en charge obéit à une analyse de terrain. Le CIC peut l’interrompre quand il estime qu’il y a des risques. Dans le cas de Noisy-le-Sec, ils sont parfaitement dans la maîtrise opérationnelle »

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