– Nicolas Cilins, entre plasticien et cinéaste
Diplômé à Genève, montré dans une quinzaine de pays, l’artiste aime se mettre en scène et se confronter à des réalités sociales.
Nicolas Cilins, nous l’avions d’abord croisé à la Berlinale, il y a deux ans, où le Forum Expanded programmait un de ses travaux filmiques. L’idée d’une rencontre un peu plus poussée avait alors germé. L’occasion se présente aujourd’hui, puisqu’un livre sur son œuvre, «Nicolas Cilins – Stills From Seven Works», va paraître à la fin de ce mois.
En 2021, Nicolas Cilins dévoilait à Berlin «Diva» , un film en forme de lettre dédiée à une femme transgenre vietnamienne. Sans jamais la rencontrer, utilisant notamment un matériel d’archives qu’elle a mises en ligne sur les réseaux sociaux. Le résultat surprend surtout parce qu’il ne correspond à rien de ce qu’on peut connaître et que, sans point de comparaison, définir le travail de Nicolas Cilins demeure assez malaisé.
On croise rarement Nicolas Cilins à Genève, sa base, car ses travaux dans d’autres pays l’amènent constamment à voyager. À la frontière entre arts visuels, cinéma et performance, l’artiste a ainsi montré ses travaux dans des institutions, des musées, des théâtres et des festivals de cinéma en Suisse, en France, en Allemagne, comme dans une quinzaine de pays et sur quatre continents. Sa démarche s’éloigne sensiblement de ce que font documentaristes, cinéastes ou auteurs de films expérimentaux. «Je suis arrivé à Genève à l’âge de 19 ans. Je suis venu étudier à la HEAD et n’en suis jamais plus reparti.»
«Je me confronte à des réalités sociales.»
Nicolas Cilins
Après deux diplômes, celui de la HEAD et celui de la Villa Arson à Nice, Cilins réalise ses premières œuvres au Maroc et en Lituanie avant d’occuper un poste d’assistanat à la HEAD où sera réalisé «Gineva», en demandant à deux garçons roms de rejouer leur vie devant un fond bleu.
«Je me confronte à des réalités sociales, témoigne Nicolas Cilins, qui se met volontiers en scène. Mes projets sont des excuses pour travailler avec celles et ceux que je n’oserais pas approcher ou que je n’aurais pas l’occasion de rencontrer autrement. Ces rencontres sont le médium de mon travail. Il y a une dimension performative dans ce processus, je m’interroge sur ce que l’art peut faire, sur sa capacité d’action, sur comment il peut changer le monde. Autrement, cela reviendrait à résoudre des problèmes formels.»
Voici sans doute des clés nécessaires pour comprendre une œuvre qui se partage entre installations, performances et films, sans que l’un s’impose au détriment des autres.
Ses travaux sont régulièrement montrés ou exposés. «L’hybridité de ma position est connue. Ce sont les dispositifs où chacun a un rôle concret à jouer qui m’intéressent, comme dans une performance Couler et pas comme au théâtre ou dans un film de cinéma plus classique.» Citant la plasticienne féministe Ukeles Mierle Ladermanles films expérimentaux de Maya Deren ou de Kenneth Anger, ou encore le cinéaste Éric Baudelaire et ses travaux conceptuels, qu’on pourrait rapprocher des siens, Nicolas Cilins continue à occuper un créneau unique, ce qui fait sa singularité et peut-être sa force.
Le catalogue «Nicolas Cilins – Stills From Seven Works» est disponible dès le 22 janvier en précommande sur le site appareilseditions.ch
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