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Netanyahu défie la réforme juridique alors que Scholz appelle au compromis

Netanyahu défie la réforme juridique alors que Scholz appelle au compromis

Publié le: 16/03/2023 – 10:28Modifié: 16/03/2023 – 18:42

Berlin (AFP) – Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a farouchement défendu jeudi des réformes juridiques contestées lors d’une visite à Berlin, où le chancelier allemand Olaf Scholz l’a exhorté à reconsidérer un compromis.

Le paquet de réformes judiciaires a déclenché des semaines de protestations en Israël depuis son introduction par la coalition d’extrême droite de Netanyahu, incitant le président israélien à avertir que la nation pourrait être au bord de la “guerre civile”.

Scholz a admis qu’il regardait le débat se dérouler en Israël “avec une grande inquiétude” et a déclaré qu'”en tant qu’ami d’Israël, nous espérons que le dernier mot n’a pas été dit” sur les propositions de compromis du président Isaac Herzog.

Herzog, qui tient un rôle largement cérémoniel, a présenté mercredi des plans de compromis – rapidement rejetés par Netanyahu qui a déclaré qu’ils ne feraient que “perpétuer la situation existante et n’apporteraient pas l’équilibre requis entre les pouvoirs”.

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À Berlin, Netanyahu a affiché un front de défi, arguant que ses plans visaient simplement à mettre la démocratie israélienne « en conformité avec ce qui est commun et acceptable dans à peu près toutes les démocraties occidentales ».

Il a également dénoncé “des calomnies et des falsifications” contre ses propres intentions et celles de sa coalition.

Des manifestants protestent devant la porte de Brandebourg de Berlin contre la politique de visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ©Odd ANDERSEN / AFP

« Israël est constamment… calomnié. Je suis censé être un… potentat qui abolit la démocratie et toutes ces bêtises », a-t-il accusé lors d’une conférence de presse, debout à côté de Scholz, ajoutant : « c’est absurde, c’est absurde”.

Mais après une rencontre séparée avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier, Netanyahu a adopté un ton plus conciliant.

Faisant référence aux manifestations nationales qui durent depuis 10 semaines, le Premier ministre israélien a déclaré aux journalistes qu’il était “attentif à ce qui se passe dans le pays”.

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La coalition a proposé un processus en deux étapes pour un élément clé de la réforme – “une solution immédiate puis un équilibre”, a-t-il déclaré, ajoutant toutefois que le président Herzog avait “rejeté” l’offre.

Menace de “guerre civile”

La coalition de Netanyahu, qui comprend des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite, affirme que les réformes sont nécessaires pour limiter les excès judiciaires, mais les manifestants disent qu’ils menacent la démocratie libérale israélienne en affaiblissant les principaux freins et contrepoids.

Alors que les conflits sont loin de s’apaiser, Herzog a averti mercredi soir que « quiconque pense qu’une véritable guerre civile, avec des vies humaines, est une ligne que nous ne pourrions jamais atteindre, n’a aucune idée de ce dont il parle.

“C’est précisément maintenant, dans la 75e année de l’indépendance de l’État d’Israël, que l’abîme est à portée de main. Aujourd’hui, je vous dis ce que je leur ai dit : la guerre civile est une ligne rouge.

Netanyahu (à gauche) a mis un front provocateur affirmant qu’Israël était “constamment calomnié” © Tobias SCHWARZ / AFP

“Je ne permettrai pas que cela se produise”, a-t-il dit, ajoutant qu’il était convaincu que la majorité des Israéliens veulent un compromis.

Les changements proposés par la coalition permettraient aux législateurs d’annuler les décisions de la Cour suprême qui annulent la législation avec une majorité parlementaire, puis de refuser au tribunal le droit d’examiner une telle décision.

Cela rendrait également plus difficile pour la Cour suprême d’annuler une législation qu’elle juge contraire aux Lois fondamentales, la quasi-constitution d’Israël.

Les manifestants israéliens sont retournés dans les rues jeudi, certains brandissant des pancartes disant que les réformes signifiaient « la fin de la démocratie ».

A Berlin, plusieurs centaines de manifestants se sont également rendus à la porte de Brandebourg, à quelques encablures de la chancellerie où Netanyahu et Scholz se sont entretenus.

Des manifestants protestent devant la porte de Brandebourg à Berlin contre les réformes judiciaires prévues par la coalition de Netanyahu

Des manifestants protestent devant la porte de Brandebourg à Berlin contre les réformes judiciaires prévues par la coalition de Netanyahu ©Odd ANDERSEN / AFP

Parmi eux se trouvait l’Israélien Oren Goldberg, 44 ans, qui s’était rendu des Pays-Bas à Berlin pour manifester.

“Je suis ici pour souhaiter la bienvenue à celui qui veut être dictateur en Israël, pour lui montrer que nous ne l’accepterons pas”, a-t-il déclaré à l’AFP.

“Invité normal”

La controverse en Israël met l’Allemagne dans une position inconfortable.

Les deux nations ont forgé des liens diplomatiques solides dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, Berlin s’étant engagé à préserver l’État israélien en pénitence pour l’Holocauste.

Les gouvernements allemands successifs ont décrit la sécurité nationale d’Israël comme une priorité cruciale de la politique étrangère.

Mais dans des déclarations soigneusement formulées, les dirigeants allemands ont exprimé leurs inquiétudes face à la refonte législative.

Mercredi, Steinmeier a déclaré qu’il prévoyait de soulever la question avec Netanyahu.

La présidence allemande n’a pas publié de communiqué à l’issue de la réunion.

Mais un haut responsable israélien a déclaré que la discussion portait principalement sur la Russie, Steinmeier exhortant Netanyahu à utiliser ses liens avec Vladimir Poutine pour aider à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Netanyahu était sceptique, notant que les intérêts l’emportent sur les liens personnels, mais a souligné qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour arrêter le carnage en Ukraine, a ajouté le responsable.

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