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Mónica Pachón-Basallo : Pourquoi beaucoup ressentent-ils la perte de Matthew Perry comme s’il s’agissait d’un ami proche ?

Mónica Pachón-Basallo : Pourquoi beaucoup ressentent-ils la perte de Matthew Perry comme s’il s’agissait d’un ami proche ?

2023-11-02 10:20:43

En juin 2009, la mort de Michael Jackson a choqué le monde. Ses funérailles, qui ont eu lieu au Staples Center de Los Angeles, ont attiré des milliers de personnes et la retransmission en direct de l’événement a été suivie par des millions de personnes dans le monde. En 1997, des milliers de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à la princesse Diana lors de ses funérailles et tout au long de son cortège funèbre.

Ce même phénomène s’est répété avec des personnalités telles que John Lennon, Nelson Mandela, Elvis Presley et bien d’autres célébrités. En effectuant un bref exercice de mémoire, il est probable que nous nous souviendrons d’un moment où la mort d’une personne célèbre nous a marqués.

Pourquoi nous sentons-nous proches de personnes célèbres ?

Nous nous sommes peut-être demandé pourquoi nous nous sentons si profondément liés à quelqu’un que nous ne connaissons pas personnellement. D’un point de vue psychologique, nous pouvons proposer plusieurs hypothèses pour comprendre cette problématique.

Une première explication se trouve dans le lien social et la parasocialité. La parasocialité fait référence à la relation unilatérale qu’une personne peut établir avec une célébrité à travers les médias. Au cours des dernières décennies, les obstacles qui nous empêchaient autrefois d’en apprendre davantage sur la vie de nos célébrités préférées ont diminué.

L’utilisation des réseaux sociaux et la possibilité d’accéder à des informations « de première main » via leurs comptes personnels en ligne nous rapprochent de ces personnalités publiques. Même lorsque nous voyons une photo mal prise par un paparazzi dans un moment privé ou que nous entendons parler de ses problèmes familiaux ou de son divorce, nous ressentons un plus grand sentiment de proximité. Cela nous amène à penser que ces célébrités sont des êtres humains comme nous.

De plus, lorsque de nombreuses personnes partagent ce sentiment de proximité, la mort d’une célébrité peut déclencher un « effet de contagion émotionnelle », dans lequel les émotions et les états émotionnels des autres influencent les nôtres.

Ce lien émotionnel valide l’importance que cette célébrité avait dans nos vies et nous rapproche de ceux qui vivent également une perte. De plus, cette connexion repose également sur des liens culturels partagés.

Les célébrités représentent souvent des valeurs, des moments ou des réalisations culturellement significatives. Leur influence transcende le personnel et devient partie intégrante de la culture collective. La perte d’une figure culturellement significative nous confronte à un sentiment commun de perte et à un rappel de la mortalité dans un contexte culturel plus large.

Identification et projection

Non seulement nous ressentons une proximité superficielle basée sur des informations de première main sur ces célébrités, mais ces personnalités publiques deviennent souvent des modèles, comme le souligne le psychologue Albert Bandura.

Cette perspective suggère que les gens s’identifient souvent à ces personnalités, projetant sur elles leurs propres désirs, aspirations et émotions. Lorsqu’une célébrité décède, cette identification et cette projection peuvent provoquer une douleur similaire à celle que nous ressentirions en perdant quelqu’un que nous connaissons, générant un véritable sentiment de tristesse.

De plus, en nous remémorant nos souvenirs personnels, nous nous rendons compte que ces célébrités ont laissé une marque dans nos vies. Notre propre chronologie est intimement liée aux moments que nous partageons avec ces personnalités publiques, que ce soit à travers les séries dans lesquelles elles ont joué, les concerts auxquels nous souhaitions assister ou les événements personnels que nous leur avons associés.

Votre vie devient le miroir de notre propre croissance, de nos expériences, des joies et des difficultés auxquelles nous avons été confrontés. La mort d’une personne que nous considérons comme proche et modèle nous confronte à notre propre mortalité et nous fait réfléchir sur la fragilité de la vie.

Dans ce processus, les liens culturels et partagés jouent un rôle important. Ces célébrités ne sont pas seulement des icônes individuelles, mais représentent également un tissu culturel qui unit des personnes d’horizons et d’expériences différents. Leurs œuvres et réalisations font partie d’un héritage culturel commun qui unit les peuples du monde entier.

Et pourquoi est-ce que je ne fais pas le même lien avec d’autres tragédies ?

Pourquoi est-ce que je ressens une profonde tristesse face à la perte de cette célébrité, mais je n’arrive pas à me connecter de la même manière à d’autres tragédies ?

Il est indéniable que la mort d’une personnalité célèbre peut avoir un impact significatif sur la culture et la société en général. Cependant, nous sommes souvent confrontés au dilemme de ressentir de la tristesse face à la perte d’un seul personnage célèbre tout en semblant incapables de ressentir le même niveau de lien avec les nombreuses personnes qui meurent quotidiennement à cause des conflits et des tragédies à travers le monde.

Cela n’implique pas nécessairement que nous ne nous soucions pas de ces autres événements ou que nous sommes incapables de discerner leur importance et leur pertinence en termes sociaux et historiques.

L’essentiel est que la mort d’une célébrité dont nous nous sentons proches transcende d’une manière ou d’une autre les barrières de la distance. Cette proximité peut être due au fait que nous partageons des liens culturels et des expériences partagées avec cette personne, ce qui renforce notre identification et notre empathie à son égard. Lorsqu’une icône célèbre décède, ce sentiment de perte peut être ressenti intensément et sincèrement.

En revanche, des événements douloureux à plus grande échelle, tels que les conflits internationaux et les tragédies humanitaires, peuvent sembler accablants. L’évitement émotionnel est une réponse naturelle à de telles tragédies, une façon de nous protéger de la détresse écrasante que nous éprouverions si nous nous y immergions pleinement.

L’exposition constante par les médias à l’actualité mondiale tragique peut entraîner une fatigue émotionnelle et une désensibilisation, rendant difficile le lien émotionnel avec toutes ces situations déchirantes.

Il est néanmoins essentiel de mettre en avant les personnes qui trouvent des moyens constructifs de canaliser leurs émotions en activant ou en soutenant des œuvres caritatives travaillant dans des zones touchées par des tragédies.

Cela leur donne l’opportunité d’agir concrètement et de sentir qu’ils contribuent d’une manière ou d’une autre à résoudre ces problèmes, ce qui peut contribuer à atténuer le sentiment d’impuissance que nous ressentons souvent face à ces réalités accablantes.

Sentiment d’impuissance

L’impuissance est un sentiment courant lorsque nous sommes confrontés à des tragédies massives, cette frustration et ce désespoir que la solution ne soit pas entre nos mains. Nous nous sentons incapables de faire une différence significative, ce qui peut conduire à une déconnexion émotionnelle comme mécanisme d’adaptation.

Cependant, ce sentiment provient également de notre lien culturel commun, où nous nous voyons reflétés dans les limites de l’humanité dans son ensemble.

Par conséquent, même si nous sommes conscients de ces dures réalités, nous abordons généralement la douleur selon une approche profonde et personnelle. Sans les moyens de faire face à ces complexités à grande échelle, nous avons tendance à nous concentrer sur des aspects plus intimes et plus significatifs de notre vie.

Un exemple en est le départ de Matthew Perry, un acteur qui a joué Chandler Bing pendant de nombreuses années, l’un des protagonistes de la populaire série Friends. Ce personnage, avec qui nous partageons des rires et dont nous tirons de précieuses leçons d’amour et d’amitié, nous rappelle aujourd’hui la proximité de notre propre mortalité.

Cet article a été publié dans ‘La conversation‘.



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