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Michael Buselmeier dans l’Anthologie de Francfort

Michael Buselmeier dans l’Anthologie de Francfort

2024-02-25 13:42:46

DLe poème « Wie in Gangen » ouvre le volume de poèmes « In den Sanden bei Mauer », auquel son auteur Michael Buselmeier a donné le sous-titre « Derniers poèmes ». Il préfigure une série de poèmes qui peuvent être lus comme des bilans de vie. Ils vont de pair avec des lamentations sur la vieillesse, des réflexions sur la mortalité et la mort.

Le titre semble démodé, n’est pas sans rappeler l’hymne de Martin Luther « Christ lay in Death’s Bands ». Le cantique pascal de Luther met l’accent sur la confiance dans la foi qui émerge de la victoire du Christ sur la mort : Fini le temps où le Sauveur était enchaîné par la mort ; la mort est vaincue dans la joie de Pâques. Avec le mot comparatif « comment », le poème serait lié aux thèmes de la mort, de la résurrection et de la consolation, bien que l’on puisse se demander comment la position est prise sur ces thèmes.

Avec les « temps anciens », le premier couplet de la chanson évoque un passé légendaire dans lequel dorment les « chansons sombres ». Un domaine de référence important pour la poésie de Buselmeier est le romantisme allemand. Le vers d’ouverture est une variation sur le début du poème d’Eichendorff « Wünschelrute ». Là « une chanson dort en toutes choses ». Avec Buselmeier, bien sûr, le monde ne commence pas à « chanter », comme le dit Eichendorff ; on parle plutôt de bombardements et d’un enfant qui pleure de douleur. La chanson sombre que Buselmeier réveille chante les blessures de l’histoire, le traumatisme et la perte.

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Le cœur brisé comme un enfant en deuil

L’« enfant du bois » qui s’enfonce dans un gouffre profond et ne revient jamais est appelé le « compagnon de mon sommeil et de mon étrangeté ». Comme le montre un autre poème du volume, la poupée du poète, qui, enfant, a vécu les bombardements des villes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, constitue sa première perte. D’un point de vue psychologique développemental, la poupée est un « objet de transition » qui crée un lien entre le monde intérieur de l’enfant et le monde extérieur et sert de substitut temporaire à la mère. Les pôles de cette transition sont posés dans le poème avec la chanson sombre « dans mon cerveau » et la forêt « devant mon front ». Mais l’enfant, qui sort de lui-même et vient au monde, est confronté à des « horreurs », à des « ombres » d’où « poussent » des carcasses d’animaux. Un trou abyssal et potentiellement mortel arrache finalement l’objet de réconfort de l’enfant, pour ne plus jamais le revoir.

En vieillissant, l’inconsolabilité de l’enfant devient le bilan de sa vie : aucun Dieu n’a jamais ramené la poupée. Le poète se voit refuser le potentiel de consolation de la religion. Sur le chemin de la vie (ici décrit comme une route avec des sangles de tension qui traînent dangereusement) vous voyez des « éclats devant le mur » – preuves de violence et de destruction. Quelques mots seulement présentent le tableau d’un monde endommagé.

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Mais enfin, il y a une invocatio, l’invocation du fidèle Jean. Vous le chercherez en vain parmi les secouristes catholiques ou autres saints chrétiens. Il vient des contes de fées pour enfants et ménages des frères Grimm. Jean est le serviteur le plus fidèle à qui un vieux roi mourant recommande son fils. Le fidèle Jean ne rompra jamais le vœu qu’il a fait sur son lit de mort de soutenir et d’aider le futur jeune roi à tout moment, même si cela lui coûte la vie. Après avoir apporté au jeune roi toute l’aide possible dans un dangereux voyage de cour, Johannes accepte consciemment l’autodestruction en se jetant un sort à la place du roi qui le transforme en pierre. Finalement, l’homme pétrifié est racheté : pour le retransformer, le roi doit abandonner sa bien-aimée, il coupe la tête de ses enfants. Ainsi la pierre Jean reprend vie et redonne aussitôt vie aux enfants morts. À la fin du conte de fées, la reine accepte également de tuer les enfants en raison de la grande loyauté du serviteur.

Ce conte de fées parle également de mort et de résurrection, mais d’une manière magique et peu adaptée aux enfants. Avec l’invocation du fidèle Jean, des raisons de consolation autres que religieuses sont invoquées. En lui revient la poupée perdue, la « compagne de mon étrangeté ». C’est le pouvoir de la poésie qui est invoqué pour obtenir de l’aide, car elle « guérit mes jambes alors que mon cœur est lié ».

Le souhait exprimé nous plonge dans les profondeurs de l’histoire littéraire allemande : les formules magiques de Mersebourg contiennent un sort de libération et un sort pour guérir le pied d’un cheval. Avec le cœur et les os (c’est-à-dire les os), le « bên zi bêna, bluot zi bluoda » du deuxième sortilège de Mersebourg est inclus dans le jeu du texte. Bien sûr, au premier sortilège dans lequel les Idisen sont invoqués pour libérer un prisonnier, ses liens doivent se briser, il doit échapper aux ennemis (« inprinc haftbandun, infar wîgandun »).

La vocation magique est aussi une citation littéraire de Buselmeier. Dans son poème, de tous les motifs de consolation, la poésie demeure ; le vieux poète a particulièrement besoin de son pouvoir consolateur et guérisseur face à des pertes irréparables.



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