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Mary Spencer : Le parcours d’une boxeuse déterminée à devenir championne du monde

Mary Spencer : Le parcours d’une boxeuse déterminée à devenir championne du monde

Ce n’est pas que Mary Spencer ne s’était jamais posé de questions, mais c’est juste qu’elle n’en ressentait pas particulièrement le besoin. Après tout, il n’y a aucune raison de s’interroger sur le sens de la vie lorsqu’on gagne aussi facilement ses premiers duels dans les rangs professionnels.

De ses débuts en août 2021 jusqu’à l’obtention de son premier titre mineur en septembre 2022, Spencer n’a pas perdu un seul des dix-sept rounds qu’elle a passés dans le ring. Cinq de ses sept adversaires sont tombées dès le premier assaut, dont l’ex-championne du monde Chris Namus, qui avait pourtant offert une féroce opposition à Marie-Ève Dicaire trois ans et demi plus tôt.

C’est donc sans véritable surprise que tout le monde s’imaginait que l’ancienne Olympienne ne ferait qu’une bouchée de Femke Hermans lors de leur combat pour le titre des poids super-mi-moyens de l’IBO en décembre dernier à Shawinigan. La Belge avait nettement plus d’expérience que Spencer, mais avait été complètement dominée par Claressa Shields et Savannah Marshall.

Mais les choses ne se sont pas déroulées du tout comme prévu et Spencer a dû s’avouer vaincue au terme d’un duel où elle a très mal parue par moments. Un réveil extrêmement brutal s’en est suivi, comme cela avait été le cas au lendemain de sa défaite dès son premier choc aux Jeux olympiques de Londres en 2012, alors qu’elle était perçue comme un espoir certain de médaille.

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La boxeuse âgée de 38 ans a ensuite compris qu’elle devait provoquer les choses pour atteindre son objectif de devenir championne du monde. Elle a surtout réalisé qu’elle devait baigner dans un environnement bien précis où elle n’aurait qu’à lever les yeux pour comprendre ce qu’il faut accomplir pour passer à la prochaine grande étape dans son parcours en boxe professionnelle.

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Ce lieu, elle l’a trouvé dans un coin reculé du quartier Parc-Extension au 3e étage d’un édifice commercial dont personne ne soupçonne la teneur des activités qui y sont tenues. Et dès qu’elle a franchi les portes de l’Académie de boxe Marc Ramsay, elle a su qu’elle ne s’était pas trompée.

« [Erik] Bazinian, Mehmet [Nadir Ünal]Jhon Orobio… c’est inspirant de les voir travailler et ils t’obligent, d’une certaine manière, à travailler extrêmement fort toi aussi, a raconté Spencer au cours d’une entrevue avec RDS.ca la semaine dernière. Ces gars-là donnent tout ce qu’ils ont.

« Avec le temps, les entraînements deviennent beaucoup plus faciles, moins laborieux en étant à leurs côtés. Je ne pensais pas que ça ferait une si grosse différence, mais oui, ç’a en fait une. »

Le boxeur qui a le plus impressionné Spencer est toutefois Christian Mbilli. Son équipe a souvent vanté son acharnement à l’entraînement et il semble que ce ne sont pas des légendes urbaines.

« La première fois que j’ai mis les pieds ici, Christian s’entraînait en vue d’un combat et je n’avais jamais vu quelqu’un pousser la machine comme il le faisait, jamais. Pourtant, j’en ai vu des athlètes à l’œuvre à l’entraînement depuis le commencement de ma carrière, explique Spencer.

« J’ai réalisé qu’il mettait absolument tout en œuvre pour devenir champion du monde et qu’il le faisait sur une base quotidienne. Le voir en chair et en os a fait toute la différence pour moi », ajoute celle qui croisera de nouveau le fer avec Hermans le 11 octobre au Cabaret du Casino de Montréal dans un combat pour les ceintures de l’IBF ainsi que de l’IBO des super-mi-moyennes.

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Et ce ne sont pas que les boxeurs qui poussent fort, les entraîneurs le font aussi. Ramsay étant un homme particulièrement occupé, c’est l’un de ses adjoints, Samuel Décarie-Drolet, qui a le devoir d’entraîner Spencer. Cette dernière ne s’est pas fait prier pour vanter sa très grande expertise.

« Samuel est en mesure de tirer le meilleur de ses athlètes, car il te pousse continuellement, il ne te laisse jamais abandonner, détaille Spencer. C’est extrêmement facile de lâcher prise quand tu es épuisée physiquement et mentalement, mais Samuel n’accepte jamais ce genre de choses.

« J’avais exactement besoin de ce genre de personne dans mon entourage. Un vrai partenaire dans une relation “50-50”. Samuel est tellement investi que je n’ai pas le choix de l’être aussi. »

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Il y a toujours eu de grandes attentes envers Spencer, pour plusieurs raisons. Comme cela a été évoqué plus tôt, elle était un espoir de médaille aux Jeux de Londres parce qu’elle avait été triple championne du monde. « Tout le monde a cru que c’était dans la poche, se rappelle-t-elle.

« Mais les gens avaient oublié à quel point la route pour se rendre jusque-là avait été difficile. »

La boxe féminine faisant alors son entrée dans le programme olympique, il n’y avait que trois catégories – au lieu de cinq maintenant – et Spencer avait dû passer chez les moins de 75 kg au lieu des moins de 66 kg où elle avait précédemment excellé. Ses succès chez les moyennes ont cependant été instantanés, ce qui a probablement contribué à fausser le jugement collectif.

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D’origine autochtone, Spencer est également membre de la communauté LGBTQ2S+, ce qui fait en sorte qu’il y a encore une forme d’attentes envers elle, spécialement aujourd’hui, en cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. « Ça fait plus d’une décennie que des gens martèlent que je suis un modèle pour la société et je n’ai jamais su quoi répondre, avoue-t-elle.

« Et de prendre une journée dans l’année pour célébrer les Premières Nations, c’est bien, mais je rêve au jour où les gens seront informés de ce qui se passe réellement au lieu que l’accent soit mis sur une boxeuse qui s’apprête à disputer un combat de championnat du monde. Savez-vous ce qui se passe présentement au sein des différentes communautés autochtones au Canada? »

Ce sur quoi Spencer souhaite mettre l’accent, c’est l’absence totale et complète d’accès à l’eau potable et à des soins de santé dans plusieurs communautés ainsi que les batailles juridiques que le gouvernement fédéral mène pour éviter de réparer tous les torts causés au fil des siècles.

« Est-ce vraiment trop demandé de prendre du temps pour parler ce qui se passe dans ce pays, redemande-t-elle. Plusieurs croient que c’est uniquement relié au passé, mais ce ne l’est pas… »

Exactement comme elle l’a fait après sa première défaite chez les professionnelles, Spencer souhaiterait que ses concitoyens se posent des questions et réfléchissent plus qu’une simple journée par année au sens de la vie pas toujours digne des membres des Premières Nations.

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