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Marcher dans le nord en perdant sa boussole

Marcher dans le nord en perdant sa boussole

2024-04-25 17:26:02

Comme Ulysse, comme les Sami de Scandinavie et les Inuits du Groenland. Nous sommes éternellement des hommes et des femmes, faits de cœurs et d’horizons. Se promener dans des bois de pins sylvestres, de sapins et de bouleaux, tapissés de fougères et de myrtilles, et découvrir que ces pas lents et avares sont légers pour l’âme. Marcher en silence, c’est découvrir les blessures, aller en profondeur – la fatigue enlève la chair – et tenter de sortir de l’obscurité. Franco Michieli, 62 ans, le sait bien, explorateur de longue date qui a fait de la marche un style de vie, une psychothérapie itinérante parce qu’il a compris que la terre la plus incognita, en fin de compte, est l’homme qui est en nous. Franco, à l’âge de 19 ans, a fait la traversée de Vintimille à Trieste avec quelques amis, 81 jours de randonnée, au milieu de tempêtes furieuses et de levers de soleil spectaculaires. Déjà ce début, terminé en beauté L’étreinte sauvage des Alpes, marque sa vie. Michieli va plus loin. Il ressent une nouvelle vocation, celle de se perdre, de se retrouver. Il commence à laisser sa boussole et ses cartes à la maison et compte sur le soleil, les crêtes des montagnes, les vents et la lecture de l’environnement. Pas de GPS. C’est une façon d’aller selon la nature, comme les Sami et les Inuits. Depuis 1998, ses traversées, presque toujours des nuits sous tente, se déroulent ainsi et il en parle avec Les voies invisibles. Sans trace dans l’immensité du Nord (sur le site Internet vous pouvez voir les images des traversées nordiques relatées dans le livre). Un pas après l’autre dans l’inconnaissable, uniquement avec le confort des yeux et de l’esprit : l’île inconnaissable et dans le vide, tout est plus clair qu’ici. Le silence, doux et persistant, l’enveloppe comme un brouillard.

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Michieli retrace la traversée de la Norvège, « la Norvège au long cours », comme on dit sous ces latitudes. Du Cap Lindesnes au Cap Nord, avec cinq compagnons qui se relayaient à ses côtés, 150 jours de marche et de ski sur environ 4 mille kilomètres : « le monde autour de nous était devenu immense et inhabité, presque comme s’il n’existait que pour nous et les créatures de la nature; il a déversé dans l’âme la liberté ancienne d’une Terre jeune et ouverte, un souvenir inconscient de migrations sauvages préhistoriques. Ensuite, il y a les horizons des Lofoten et les mirages de l’Islande, le pays des Sami et le Groenland des Vikings. Seuls les trains ont une route balisée, pour le reste il y a toujours un chemin et les paysages sont l’âme du monde dans lequel se retrouver sans GPS : « la soustraction des artifices a rendu la Terre nouvelle ». Juste un être humain, avec son cœur et ses pas entre ciel et terre.

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Cette nouvelle philosophie du go est une consolation et n’a rien de l’exploit sportif : « L’insoutenable beauté du devenir continu des éléments nous a envahis, s’est déversée en nous. Nous nous sommes retrouvés dans la condition secrète dans laquelle la fatigue accumulée n’obscurcit pas les sens, mais les libère des exigences de l’esprit, les rendant transparents à la lumière irradiée par les langages non humains des créatures infinies”, et ressentant le battement d’une nature englobante : « nous nous sommes arrêtés pour contempler et écouter le mystère de la philosophie de l’univers, comme face à une révélation que nous aurions aimé percevoir pour toujours. Une pensée déchirée : connaître notre incapacité humaine à rester en équilibre avec les autres créatures. »

L’écrivain et compositeur-interprète britannique Malachy Tallack est également à la recherche d’une bulle. Il a fait le tour du monde en longeant le 60e parallèle depuis les îles Shetland vers l’ouest, au gré du soleil et des saisons, traversant le Groenland au printemps, l’Amérique du Nord en été, la Russie en automne et les pays scandinaves en hiver. Il grande Nord: «Pour moi, aller dans le Nord, c’est rentrer chez soi, et chaque voyage dans cette direction apporte avec lui le sentiment du retour». Il a marché et volé : le Nord est infini et la poésie de ces pages aussi, la lumière devient trace et destin. La « nordité » devient un état d’âme dans lequel marcher et chercher son propre sens. Les journées se fondent les unes dans les autres, entre mythes et légendes, ressentant une proximité très humaine avec les Inuits rencontrés et les ils, le souffle vital, qui est aussi vent, météo et réincarnation dans d’autres corps. Tallack voyage à travers un Nord lumineux et fragile, effrayant et impitoyable, poussé par la curiosité et la nostalgie, il rencontre des gens sereins et satisfaits, mais aussi des exilés politiques et religieux, des peuples indigènes dont la culture est compromise mais surtout il se découvre lui-même, et chaque homme : «Nous sommes agités et recherchons la paix.»

Les voies invisibles. Sans trace dans l’immensité du Nord
Franco Michieli
Pont alle Grazie, pages. 288, 18 €



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